/ LUX /
Maxime
Elle est là. Proche, très proche. D'un battement de cil, la lueur du ciel se pare d'une teinte de velours. Tel le bruit du déclencheur d'un appareil photo, l'image reste pendue l'espace d'une seconde sur ma rétine. Se forme alors un frisson le long de mon échine, cavalcade de cellules sensorielles secoués par la beauté des cieux qui, inlassablement, étire son panel de couleur chaque jour, chaque semaine, chaque année. Le temps, majestueux, s'étire. Tout comme ma vie.
Si nous n'avons pas le temps de braquer les yeux au ciel, c'est peut-être parce que nous sommes focalisés sur autre chose. Par exemple cette fille qui vient de me dépasser portait un parfum qui m'a subjugué. Je me retourne pour photographier sa démarche en mémoire puis regarde devant moi. Est-ce qu'elle fait de même ? Je me pose la question. Je pose un doigt sur une énigme et la vie m'en pose des centaines. Tout comme à cette fille d'ailleurs.
La brutalité du soleil envahit tout mon champ de vision, même avec mes lunettes de soleil. Je marche sur ce rideau de feu, éblouissant mais captivant, enveloppé de part et d'autre par les boutiques et les grands ifs. Pas-à-pas mon destin se dessine dans les prochaines secondes : je vagabonde paisiblement dans le centre-ville. Le cheveu court, l'haleine fraîche, la démarche assurée. Dans ma tête des tâches à accomplir, dans celle de la grand-mère qui me dépasse peut-être celle de ses courses. Qu'en est-il de l'adolescent et sa casquette à l'envers qui regarde son téléphone portable ? Abyssale, cette question.
La moiteur de la journée m'agace. Je m'assis sur un coin de verdure près des quais, l'eau à mes pieds vaporisant mes pensées. Virulentes, bordées par autant d'ambition que de volonté, elles sont comme une compagne. Pourtant mon cœur souhaite s'ouvrir à nouveau. Je vois ce couple marcher main dans la main, tout sourire, un cliché mais du concret. La jeune femme derrière eux semble triste par contre. Un visage qu'épouseraient bien mes mains si j'en avais l'occasion : je n'aime pas voir du négatif. Peut-être aurait-elle aimé que je l'aborde, que je lui demande si tout va bien. C'est peut-être ça la gangrène d'aujourd'hui. On aime les réseaux sociaux qui nous coupent des vraies conversations. Les relations d'un soir narguent les longues histoires. On se noie dans l'illusoire du plaisir alors que, puissant, réside le désir.
Alors que le soleil brille de toute sa splendeur je continue de marcher face à lui, mon ombre accompagnant le moindre de mes faits et gestes. Je vois des gens courir, des péniches passer, des enfants rigoler, des pousettes pleines de vie, des étudiants se taquiner, des oiseaux s'encercler, des grands-parents faire la causette, des voitures klaxonner. À cet instant précis je réalise que les petits riens agrémentent le monde de son plus simple appareil : celui du positif. Dans des moments de quiétude ou de folie, d'amour ou de tragédie, il ne faut jamais baisser les bras et continuer de lever la tête. Tout là-haut je contemple avec légèreté ce ciel, maquillé de pourpre. Puis je regarde une dernière fois la carte postale qui, Proust non loin de nos songes, me rappelle à quel point il est crucial de savourer la solitude. Non pour la pérenniser mais pour en capturer l'essence, celle qui catalyse notre besoin de partager et de se rassembler. L'amour, cette ancre qui nous lie à l'autre, est plus que jamais nécessaire.
J'ai l'impression de voir ces scène s de vie à travers les mots, j'aime beaucoup. Beaucoup de sincérité en ressort =)
· Il y a presque 9 ans ·Mathilde En Soir
Bonsoir Mathilde, c'est très agréable de lire ton ressenti, je te remercie pour tes mots !
· Il y a presque 9 ans ·Maxime