SNOW
Aurelie Blondel
[C'était difficile à admettre mais il avait raison]
Ma nouvelle et non moins étonnante alliée était devenue une très bonne amie. Une amitié officieuse malheureusement. Mais une véritable bouffée d'oxygène en ces moments troubles.
Elle était de bons conseils et m'aidait au-delà de mes espérances grâce à des photos zoomées qu'elle parvenait à prendre du portable de Gaston.
Gaston... Il avait du se sentir sur le qui-vive quelques temps car son comportement avait totalement changé. Je voyais qu'il ne savait pas trop à quoi s'attendre avec moi au fil des jours. Il avait perdu un peu de confiance, ce qui ne m'arrangeait pas.
Je décidais donc de donner le change, allant même jusqu'à jouer les amoureuses transies, redoublant de petites attentions, pour apaiser ses tensions et endormir sa méfiance.
Mes efforts finirent par payer malgré ce que cela me coûtait. Mais il était hors de question de baisser les bras tant que je n'aurai pas obtenu l'identité du salaud numéro 2.
Grâce aux photos de ma précieuse amie, je savais quel genre d'hommes ils étaient.
C'était un challenge, une compétition de longue date entre eux. Un véritable tableau de chasse où ils inscrivaient leurs conquêtes et les dégâts qu'elles avaient subis.
Gaston choisissait des femmes qu'il considérait inférieure à lui physiquement et les rendait amoureuses pour savoir jusqu'où elles étaient prête à aller pour lui et ne pas le perdre. Cela passait par des dépenses inconsidérées, de l'échangisme et des choses bien plus glauques comme endurer et excuser des violences physiques. Du sadisme à l'état pur.
Son mystérieux camarade lui misait sur une pseudo vénalité sexuelle de ses conquêtes. Il séduisait n'importe quelle femme s'il l'avait décidé. Je supposais qu'il devait souffrir d'un physique que nombre de femmes avaient du rejeter par le passé.
Son atout c'était le sexe. Ou plutôt le sien. Il s'amusait à rendre accroc ces femmes avec ses atouts apparemment hors normes. J'avais du mal à croire que cela soit possible mais au lu des conversations, c'était le cas. Et tout comme Gaston, il manipulait ses conquêtes jusqu'à leur briser le cœur. Pas de violences physiques pour lui mais des psychologiques et de l'épuisement à ne jamais avoir le droit de se refuser à son appétit sexuel démesuré sous menace sous-entendues d'infidélité.
C'était complètement dingue.
Le soucis, c'est que je ne pouvais pas me servir de ces informations à cause de la façon dont elles avaient été obtenu.
Et il me manquait l'essentiel. Et à moins d'avoir le portable de Gaston déverrouillé dans les mains suffisamment longtemps, je ne pouvais rien faire.
J'avais déjà pensé à des moyens pas très légaux pour y parvenir. Mon champ d'idées était à la hauteur de la haine que je ressentais pour ces sales types. Je pensais à user de somnifères, de drogues, de piratage... Mais cela se retournerait contre moi et ils ne valaient pas que je leur apporte cette satisfaction.
Les semaines passaient sans que rien ne changent. Des semaines interminables.
Jusqu'au jour où le destin me sourit enfin.
Jamais je n'aurai pu penser être de ceux qui se réjouissent du malheur des autres et pourtant c'était bien de la jubilation que je ressentis lorsque l'hôpital m'appela un matin pour me signifier l'accident de la circulation dont Gaston avait été victime.
Ma première pensée fut de me dire que le service hospitalier allait me confier ses effets personnels. Et c'est exactement ce qui arriva.
J'arrivais à son chevet, faussement larmoyante (le karma mon pote, le karma...). Il devait subir une petite chirurgie, aussi pris-je mon air le plus empathique et expliquai à l'infirmière présente qu'il serait décent de ma part de prévenir sa mère et qu'elle ait la gentillesse d'utiliser son empreinte pour déverrouiller son portable.
Je fus navrée de ma supercherie quand elle s'excusa de ne pas me l'avoir proposé et se pressa de le faire. Voilà à quoi j'en étais rendue... Voilà ce qu'il parvenait à faire aux femmes qui tombaient entre ses mains.
Mais je possédais enfin le Graal.
En premier lieu, je me rendis dans ses paramètres pour changer le mode de verrouillage.
Il aimait les challenges, il allait être servi. Je n'avais aucun scrupule, sa vie n'était pas en danger.
Et j'appris enfin qui était cet autre.
[...]
Plusieurs mois plus tard, une apparence physique méconnaissable à force de sport acharné, d'une coiffure et d'une couleur différente, de lentilles de couleur et même quelques coups de bistouri que je souhaitais faire depuis longtemps et j'étais une nouvelle femme, dans une nouvelle ville, avec une identité mensonge et un métier différent.
Une femme déterminée à se venger.
Gaston et la Bête s'étaient joué de moi, j'allais me jouer d'eux.
Je me passais en boucle leurs conversations où ils se moquaient de leurs conquêtes, moi inclus, de mes imperfections, de ma naïveté, des photos et vidéos prises à mon insu et jetées sur la toile, de mon poignet cassé et le plus important, de cette femme qu'ils avaient poussé au suicide.
Fini la Belle et la Bête!!
Bonjour la Belle et le clochard. J'allais à mon tour en faire un remake où la sauce n'aurait pas le goût de bolognaise.
Acte I : Le faire chavirer, lui pétrir le cœur.
Il me suffit d'un sourire pour l'attirer dans "mon" lit, le baiser jusqu'à l'épuisement et alors qu'il pensait pouvoir rester dormir, le prier de partir sans cacher ma déception, lui sous-entendant qu'il n'était pas le coup fabuleux qu'il se vantait d'être, que j'avais connu plus gros et de ne pas avoir joui.
Il m'envoya flot de textos à peine parti pour m'implorer une nouvelle tentative à la date de mon choix.
Prévisible, trop facile.
Le faire chavirer, lui pétrir le cœur... Et plus encore.
Aurélie.
J'ai enchainé les 9 chapitres... Passionnant. Jamais de vulgarité, tout en finesse, tout pour laisser l'imagination en roue libre... Réel talent d'écriture. Chapitre 10, Maybe ?
· Il y a plus de 4 ans ·Rythm & Poetry