Sociologie

Je suis de culture scientifique ! Je sais que cela peut faire rire, les intimes qui me suivent à lire les conneries quotidiennes que j'écris à longueur de rubriques et de temps aussi, admettons ! Pourtant, c'est comme ça et pas autrement, à la rigueur je concède juste un : « comme cela ! » Mais uniquement pour les puristes du langage qui, on me le dit, sont nombreux à s'être infiltrés « insidiablement » parmi nous.

La SOCIOLOGIE, même si elle se classe dans les Sciences Humaines et au plus haut des rayonnages des bibliothèques, à coudoyer les plafonds, à tutoyer la poussière, à côtoyer cul à cul les œuvres pornographiques, la sociologie n'est pas une science au sens strict du terme, car sa méthode n'est pas expérimentale. Un sociologue peut se permettre des essais, des réflexions personnelles étayées par une herméneutique sociologique, certes, mais introspectives quand même et même, au même degré Celsius que la philo.

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Essai sérieux.

Je regardais une photo sépia d'une période morte, 1916. Un portrait familial des de Beauvoir. La petite Simone est petite, elle a huit ans, elle pose devant, avec sa cadette, dite Poupette pour les intimes et non Poulette comme on l'a trop souvent entendu. Pour les étrangers barbares et sanguinaires, elle se nomme Hélène. Mais on se fout de Poupette ici, car elle ne sera pas une intellectuelle émérite, mais seulement une barbouilleuse cubiste de talent… bof, juste une artiste, quoi !

Les parents sont derrière. Le photographe a respecté ce cadrage, car quand ils mettaient les enfants en arrière-plan, on ne les voyait plus à cause de leur taille riquiqui. Mais de l'ingéniosité photographique du reporter, on s'en fout ! Ce qui frappe le plus dans ce cliché, ce sont les expressions.

Au premier plans, les deux gamines ont des moues rieuses, un reste du naturelle de l'enfance. On leur a seulement demandé de sortir les doigts du nez pour la bienséance. A l'arrière-plan les parents sont figés dans leurs costumes de bourgeois, raides, tristes, inanimés, comme il en va souvent avec la photographie, sans couleur, propre aux développements argentiques en noir et blanc. Sur leurs visages les traits sont sérieux, sévères, ils ont la tenue des grandes personnes responsables et respectables. Ils sont façonnés, sculptés par la culture ambiante, leur culture. Quel âge peuvent-ils bien avoir ?

Attendez une minute, je regarde !

Trente-huit ans pour le père, il en fait soixante sur le cliché. Si le temps se fiait à sa posture, il n'aurait plus que trois ans à vivre, le con ! Trente et un ans pour la mère, elle en fait cinquante, plus que treize ans à vivre pour elle, car ils sont mort au même âge, soixante-trois ballets. C'est beau un couple qui s'aime tant, qu'il meurt de concert à un concert du comique troupier Polin, sans rapport avec la lignée Ripolin, même si son métier était le rire.*

Donc, je déclare sans Aragon, en tant que sociologue amateur des dimanches et jours fériés, que les âges ont une représentation qui est fixée par l'âge culturel de l'époque. L'âge réel importe peu, à part pour le permis de conduire, le vote, et l'admission dans les maisons closes qui ont été fermées depuis et du reste.

L'âge administratif n'est donc pas l'âge social.

A trente et un ans, les filles d'aujourd'hui sont encore des gamines espiègles. Elles s'habillent dans des vêtements sport et décontractés, des vêtements à la mode de pas de chez nous, mais de chez les Amerloques. Elles ont toute la vie devant elles, les chiards elles les pondront plus tard. Sur les selfies, elles montrent leurs dents, leurs jambes et leur bonheur de se sentir jeunes et désirables dans une Société de l'image.

A trente-huit ans, les garçons d'aujourd'hui, commencent seulement à s'intéresser aux filles. Ils ont encore toute la vie pour draguer.

Voilà, je l'avais promis, I do it ! Un essai sociologique sérieux, documenté et universitaire, sans aucune dérision impromptue mal venue, poil au cul et de mauvais aloi, poil au cul !

*Ne cherchez pas la véracité de ces allégations, vous n'en trouverez pas. En effet, la mort des parents de Beauvoir est restée cachée, dissimulée à tous. Cette anecdote tragique ne m'a été rapportée que par Poupette entre deux taches de peinture sur sa blouse de travail d'artiste barbouilleuse.