Soi et le monde

leeman

pensée, brève spontanéité

J'avais pris pour acquises certaines choses de mon passé ; mais, dès lors que je vis qu'elles n'étaient point vraies, j'ai remis en cause leur fondement, et cela en vue de trouver la véritable essence qui les caractérise. Voyez que, bien souvent, dans ses réflexions, l'homme est amené à remettre en question ce qu'il avait jusqu'alors accepté comme fondé pour la vie. Comme si cette remise en cause, comme tout autre besoin de la vie, était elle aussi un besoin pour l'homme. Car les choses sont réelles, effectives, et nous ne sommes pas toujours au courant de ce qui les a causées. Certaines personnes diront qu'il s'agit de Dieu, d'autres diront qu'il s'agit d'une cause qui échappe à l'intellect proprement humain. La pensée se meut, tout autant qu'elle est vouée aux changements, parce que le monde est perpétuellement animé. Tantôt par l'errance d'un d'entre nous, tantôt par les mouvements de l'air et de ce corps social. La nature bouge, et pour vivre au sein d'elle, il nous faut comprendre le "pourquoi" elle bouge. Mais n'oublions jamais que chacun d'entre nous fait partie du monde ; autrement dit qu'il le compose, à sa manière. Comprendre le monde c'est avant tout se comprendre soi-même, de telle sorte que nous voyons là le lien entre la compréhension et la connaissance. Nous ne pouvons guère nous comprendre sans nous connaître, et réciproquement. Il en va de même pour les choses qui nous sont extérieures, quoi que..., il nous faut les comprendre pour les connaître, et les connaître pour les comprendre. Sans cesse cette boucle lie le sujet à lui-même et au monde, parce que le sujet est au monde. Mais cela, je le développerai plus tard.
Concevons maintenant qu'il faille, pour vivre au sein des choses qui sont hors de nous animées, s'être saisi de l'essence des choses, autrement dit de leur fonctionnement initial. Comment pourrions-nous vivre sans cette compréhension ? Si, de tous les sujets réunis, aucun de ceux-ci ne saurait montrer comment le monde fonctionne, il en résulterait le chaos le plus fort, le chaos au sens du désordre. Nous voyons sans hésiter combien le monde est une harmonie fondée par les contraires qui se confrontent mutuellement ; et cela, Héraclite l'a suffisamment démontré. Pour autant, nombreux auteurs se sont efforcés d'établir l'essence du monde, où plutôt devrais-je dire l'essence du fonctionnement du monde. Car si le monde est constant, il faut bien qu'il y ait une chose qui le fasse être constamment ; il faudra ainsi apporter quelques explications géologiques, climatologiques, physiques, chimiques. De cette façon, vivre dans le monde n'est plus une torture, et le monde ne nous apparaît plus comme chaotique, hasardeux, imprévisible.
Et par de tels mots je souhaiterais clore ma pensée : j'ai tenté de montrer qu'une vie consciente et possible dans le monde ne peut être dissociable de la compréhension de ce même monde. Nous avons besoin de comprendre, donc de connaître toute cette masse éparse qui nous est extérieure, mais qui, pour autant, est fondamentale à notre vie présente et à venir ; le monde est nous.

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