Soif

padam

La rumeur de la ville me fit sortit de ce lieu où je croupissais, solitaire, depuis des jours entiers et des nuits aussi. Il était question de démolition, d’anéantissement. Quelque chose s’était produit qui avait créé une brèche dans le cours languissant du temps, les hommes s’y étaient engouffrés et avaient entamé un long travail de sape, à commencer par les livres.
Je me rendis devant la bibliothèque où l’on me renseigna: de nombreux livres avaient déjà été emporté loin, au dehors, derrière les remparts. Des pillards se partageaint ce butin: ils échangeaient les volumes contre de la menue monnaie.
Les livres les plus précieux étaient partis en premier. Quelques hommes avides s’entre déchiraient à propos de tel ou tel livres, d’autres, plus fianuds, partaient, un volume caché contre le coeur.
J’entrai précipitament dans ce lieu jadis somptueux, maintenant désolé et me rendis au rayon des aphorismes. J’ai toujours eu l’intime conviction que la Somme ne nous aidera jamais à embrasser la connaissance. Seule une phrase belle, qui colle à l’oreille peut vouloir m’avouer un secret quelconque.
Je choisis le volume le plus mince et m’en retournai dans mon lieu de solitude, laissant l’humanité se diviser la colossale bibliothèque qu’ils ont mis une complilation de vie à construire.
Chez moi, le lézardage du temps avait commencé son travail: le plafond était fissuré, laissant ainsi le soleil entrer. Le lieu clos s’ouvrait et les pages que j’avais accululées s’envolaient, comme attirées par une force extérieure sur laquelle je n’avais aucunen emprise.
Je m’assis à même le sol et commençai à toucher avidement ces papiers maintenant décousus qui tourbillonnaient dans ce lieu entre-ouvert.
Le ville tremblait et, avant la chute finale, j’eus l’occasion d’apercevoir un corps dont la peau se noircissait de petits caractères serrés. L’histoire continuait de s’inventer, encore, ailleurs.
Jamais aucun lieu ne viendrait à bout de ces espaces qui se noircissent. Aucun contenant ne serait suffisamment grand.
Je restai là, avec ma langue et mes mots, le mince volume d’aphorismes à la main, plus que jamais animée par cette envie de dire.

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