Soleil d'hiver

Al Saadallah

Gris mais lumineux, le ciel de cet hiver.

Des larmes qui s'écoulent. Un ruisseau qui ne finit pas.

Toux permanente qui secoue mes épaules.

Elle passe et repasse, l'air altier, cette silhouette fine qui avec dédain, s'approche.

Paralysé par la peur, je suis des yeux cette silhouette. Elle se tient dos à la fenêtre et le contrejour me dissimule ses traits. Le Soleil d'hiver, fourbe, complice, m'éblouit.

Des larmes qui s'écoulent encore. La haine. La peur aussi. L'inconnue et ce Soleil qui la protège de sa lumière. Je crie, balbutie quelques sons, essaie de faire comprendre. C'est peine perdue, elle s'approche et tend un bras. Je ne veux pas qu'on me touche, un contact m'est impossible. 

Faible, je reste passif. J'attends et je redoute. Une lueur blafarde embrase mon oeil limpide lorsque sa main touche mon front chauve. Enfin, pas chauve, un duvet soyeux recouvre mon crâne. J'aime toucher mon crâne. J'en ris souvent.

Soudain, je riposte. Violemment et avec rapidité. Je mors ce bras inconnu, avec force. 

Un rire féminin. Assez joli. On dirait des grelots. J'en ris, je n'ai plus peur maintenant !

Je regarde le bras, pas de trace de ma morsure...c'est normal, je n'ai pas de dents.

J'ai la nausée, on me soulève. Hissé dans les airs avec une décontraction déconcertante. Je remue les bras et les jambes. Un réflexe. 

Je repose à present sur une poitrine ferme et tiède. Un vêtement noir la recouvre. C'est doux, c'est bon. Je crois que je vais m'endormir.

Avant de fermer mes paupières, je pense à regarder le Soleil d'hiver d'un air goguenard. 

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