Soleils de papier
aile68
Soleils de papier jaune décorés d'une fleur en son centre, accrochés à l'arbre de la belle saison, les faire la nuit, le jour, qu'importe l'heure qu'il est, il n'y a pas de cadre, les barrières sont ouvertes, elles donnent libre court à mon imagination de feu. Magnificence d'un oiseau de plumes rouges, un autre de plumes dorées, leur donner à picorer des bouts de rimes d'une chanson de Prévert, les laisser s'envoler, libres comme l'air des montagnes. Sourire aux fenêtres qui s'ouvrent sous le regard espiègle d'un enfant qui n'a même pas peur des adultes, lui donner le prix du rire, une journée sans rire est une journée perdue, disait Chaplin. A l'homme qui raisonne trop, lui offrir un sentiment amoureux, une émotion de trop, l'amitié vaut aussi son pesant d'or. Etre en contact, échanger avec le soleil, jouer sous la pluie, il n'y a pas de mauvais temps, il n'y a que des mauvaises tenues dit-on dans les pays du froid, ça me rappelle un jour de neige où je marchais dans la neige avec mon amie d'enfance, nous étions les seules dehors, où allions-nous, je ne sais plus. La neige était encore fraîche et blanche, c'était l'heure de Tom Sawyer, un bon pote lui aussi.
Retrouver mon amie, trente ans après, tout feu tout flamme, moi le calme plat d'une nappe d'eau sous un soleil de canicule, silencieux, implacable. Raccommoder nos vies, nos espoirs, donner au présent cette chère patine du passé, se promettre le meilleur et l'accrocher à l'arbre de la belle saison, décoré de fleurs et de soleils, de papillons et d'oiseaux qui s'envolent en emportant avec eux des brins de nostalgie. Se voir dans les allées du centre commercial où nous avions l'habitude d'aller, et dire comme le temps a changé les choses, les murs, les vitrines des magasins et nous, même sans rides, avec des cicatrices un peu partout. Mettre des virgules à mes phrases ou les laisser dévaler les escaliers à toute vitesse, choisir l'ombre ou la lumière, les deux mon capitaine. Comprendre des années après, le pourquoi d'un comment qu'on avait oublié, la vie n'a de sens que ceux qu'on lui donne ou celui... Une vie de papier, de soleil ou de neige qu'on accroche à un arbre perché, caché, niché dans une colline d'herbe tendre.