Solitaires Ch 4

rainette

Vous trouverez le début de ce Roman ici http://welovewords.com/documents/solitaires Luca Valentini mène une existence bien réglée avec sa fille, mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille.



CH 4



Luca Valentini déposa un papier sur la table du salon,« Fais-toi monter le petit déjeuner, prends ton temps. A bientôt », et sorti de la suite. Il avait prévenu Charlène qu'il partirait tôt. Il voulait être là quand sa fille rentrerait. Il n'aimait guère qu'elle soit au fait de ses aventures. En grandissant, elle se permettait de plus en plus de poser des questions ou de donner son avis, et il peinait à gerer cette façon d'être. Bien-sûr, cela était normal et son jugement n'était pas dénué de bon sens, mais sa maturité récente le génait. Luca appréhendait difficilement l'arrivée à l'état adulte de sa petite princesse. Il avait parfois du mal à savoir comment lui parler, comment aborder certains sujets. Pour lui, elle était encore une toute jeune fille mais il sentait bien qu'il était en décalage. Toutefois, il ne se voyait pas évoquer avec elle ses soirées et ses conquêtes, comme à un vieil ami. Tout cela le mettait en difficulté. Luca n'était pas très à l'aise avec ça, et il était seul avec elle. Evidemment, si sa mère avait été là, tout aurait été différent. Tout.

Luca donna son jeton au voiturier et attendit qu'on lui amène sa voiture, songeur. Il avait passé une nuit agréable et sensuelle avec la journaliste. C'était une femme épanouie et sûre d'elle avec qui faire l'amour avait été un vrai plaisir. Mais était-ce lui qui se lassait ou était-ce simplement l'alchimie qui ne fonctionnait pas plus que ça, il n'avait pas particulièrement envie de la revoir. Il se trouva injuste envers elle car c'était une femme intéressante par ailleurs, avec qui il avait aprécié échanger. Peut-être devrait-il lui laisser la chance d'une autre entrevue.

Il démarra et pris le chemin sa propriété sous le ciel s'éclaircissant à mesure que l'aube se levait. C'est l'heure où la nuit se retire sur la pointe des pieds et où les lueurs du jours apparaissent timidement. Luca aimait ce moment où il avait l'impression d'être seul, et où il pouvait savourer les souvenir de la nuit qu'il avait passé en douce compagnie avant de retrouver son quotidien. Il sourit. C'était son moment romantique d'étudiant attardé !

Il gara sa voiture devant l'entrée, jeta les clés sur un guéridon à l'intention du prochain garde de service et grimpa les escaliers sans bruit pour aller se faufiler dans sa chambre. Il prit une douche et enfila un pantalon de coton épais noir et un polo gris. Il s'allongea sur son lit et somnola un moment, avant de ce décider à prendre un petit déjeuner car la faim commençait à se faire sentir.


Isaline avait eu un sommeil très agité. Elle avait passé une partie de la nuit à revivre l'étreinte avec Johnny, à s'imaginer encore et toujours dans ses bras. Jamais elle n'avait ressenti autant de félicité depuis son tout premier baiser au lycée, avec un garçon de terminale qui était convoité par la moitié de la gente féminine de l'établissement. Elle s'était alors sentie exceptionnelle et comblée d'avoir enfin un amoureux qui réponde à ses sentiments. Aujourd'hui tout était tellement à la fois semblable et différent. Elle avait l'impression d'en être à sa première histoire, mais avec une intensité bien plus importante et des désirs de femme. Au petit matin, elle n'en pouvait plus de se retourner dans son lit et décida d'aller prendre une bonne dose de café. Elle prépara le breuvage et s'installa sur la table de la grande cuisine aux meubles blancs avec un mug et un bol de fruits secs qu'elle picora distraitement en attendant que la cafetière soit terminée.


Luca entra dans la cuisine et s'arrêta net en apercevant sa fille. Mince ! Pensa-t-il, il la croyait chez son amie.

- Papa ?

- Tu es bien matinale Princesse

Toi aussi ! Tu as l'air de n'avoir pas beaucoup dormi

Tu devrais te ragrder avant de dire ça, la taquina-t-il. Pourquoi n'es-tu pas chez Annabelle, vous êtes sorties ?

Non, elle est mal fichue, nous avons annulé.

Mais tu es rentrée quand alors ?

Hier soir... et toi ? lui lança-t-elle avec une pointe de soupçon.

Luca chercha quelques instants une excuse bidon, mais il ne pu qu'arriver à la conclusion qu'elle avait parfaitement compris qu'il n'était pas là jusque tard dans la nuit.

Dans la nuit, fit-il, évasif.

Et l'expo ?

Oh, très interessante ! C'était pas mal. Il y avait un monde fou, mais c'était justifié. Joli travail.

Mmmmmm et elle est comment ?

Quoi ?

L'oeuvre qui t'a retenu toute la nuit.

Luca leva un sourcil étonné. C'était le monde à l'envers ! Sa fille lui demandait des comptes ?

Je n'ai rien à te dire Isaline.

Ne le prend pas comme ça, papa, je voulais juste partager avec toi. Tu ne parles jamais des filles que tu vois. J'apprends tout par les journaux ou par les gens que je croise. C'est frustrant. Tu n'as pas confiance ? Je suis capable de comprendre.

Luca soupira. Elle avait peut-être raison. Il semblait qu'elle vive mieux que lui l'absence de sa mère. Isaline avait dépassé la situation de façon positive et elle avançait sereinement.

Je n'aime pas en parler tu sais, je ne suis pas à l'aise.

Mais essaie ! Dis moi comment elle est, ce que vous avez fait, rien que ça implora -t-elle en remplissant deux mugs de café frais.

Elle est sympathique, c'est une journaliste. On est allé prendre un verre et j'ai trouvé que sa conversation était interessante.

Et tu comptes la revoir, demanda simplement Isaline, réprimant sa curiosité de peur de bloquer à nouveau son père.

Je ne suis pas sûr.

Ah ? Pourquoi ?

Tu me crois si je te dis que je ne sais pas ?

Oui.... question de feeling ?

Peut-être en effet, concéda Luca pensif

Il se senti étrangement mieux. Parler simplement à sa fille de sa rencontre lui permettait de réfléchir et de se sentir moins coupable. Il pensa qu'il avait peut-être eu tort de toujours la mettre à l'écart pour la préserver. Ils avaient un lien particulier, elle était mature, perspicace, optimiste, il pouvait sans doute l'impliquer davantage dans cette sphère très personnelle.

Bon, je vais prendre une douche, annonça la jeune fille

Mais tu as fait quoi alors toi ?

Isaline s'empourpra et plongea le nez dans son mug de café pourtant vide.

Je suis allée courir dans la salle de sport, et Alberta m'a fait un plateau télé.

C'est tout ? Tu as l'air fatiguée

Je me suis couchée tard, j'ai zappé, enfin tu vois.

Luca sourit et lui ébouriffa les cheveux

Je vois !

Il la suivi du regard, songeant qu'elle était une bien jolie jeune fille qui n'allait pas tarder à faire tourner la tête aux hommes. Il allait devoir faire attention. Quel épreuve pour un père ! Comment pourra-t-il laisser un de ces petits minets convoiter sa petite fille ? Rien que d'y penser, il avait le sang qui s'échauffait. En tant qu'homme, il savait que l'on ne courtisait pas toujours par amour et il ne savait pas comment la préserver de cela. Il songea à lui attribuer un garde du corps pour ses sorties entre amis, mais il élimina cette option rapidement, d'une part aucun garde ne serait à même de juger cela, et d'autre part, Isaline refuse catégoriquement d'être chaperonnée à ce point. Ils avaient déjà eu des discussions houleuses à ce sujet et il n'avait pas eu gain de cause. Elle avait su démonter point par point ses arguments ; elle aurait pu être avocat !


Isaline tournait en rond en ce dimanche après midi. Elle savait que Johnny était de repos et qu'elle ne le croiserait pas. Son père était dans les parages et elle ne pouvait rien faire qui pu lui paraître suspect. Elle avait cependant pris un soin particulier pour s'habiller, se coiffer, se maquiller, au cas où elle croiserait tout de même le beau Johnny. Elle commençait à entrevoir toute la complexité de sa situation sentimentale. Elle devait non seulement se refreiner devant le personnel mais aussi probablement devant ses amis et surtout devant son père. S'il s'aperçevait de ses sentiments pour Johnny, il serait furieux. Pourtant il faudrait qu'elle revoit l'homme de ses pensées, il faudrait qu'elle soit sûre. Hier soir, ce clin d'oeil malicieux, le baiser lui laissaient imaginer que leur histoire allair se poursuivre après le baiser dans le hall, mais elle n'en avait aucune certitude. Il pouvait avoir réfléchit, changé d'avis, il pouvait craindre le courroux de son père. Isaline tournait toutes les facettes, explorait toutes les pistes, tous les possibles mais revenait invariablement aux mêmes choses : le baiser, le regard, le clin d'oeil. Isaline étaient totalement sous le charme et brûlait de retrouver Johnny dès que possible.

En attendant elle ne tenait pas en place et ne parvenait pas à fixer son attention sur quoi que ce soit, ni une lecture, ni ses cours, ni un dessin et pas même un jeu sur son téléphone portable. Trop fatiguée pour une nouvelle séance de sport, elle décida que l'air frais lui ferait du bien. Le temps était clair et il faisait doux. Elle alla voir son père qui se trouvait dans la bibliothèque, un livre à la main, allongé sur le sofa.

Papa, j'ai besoin de prendre l'air, je descends sur la plage, j'irais peut-être sur Les Roches Blanches s'il n'y a pas de trop de vent.

Mmmmm, appelle la sécurité si tu vas sur la plage publique, qu'ils te suivent

Roooooh papa !!!!

Isaline ! Tu ne vas pas seule là-bas

Ok....  accorda-t-elle de mauvaise grâce.

Elle se rendit au PC de sécurité, dont l'une des entrées donnait sur le grand hall. Elle frissonna en arrivant en bas des escaliers. Des flashes lui revinvèrent à l'esprit malgré elle, elle s'arrêta quelques secondes puise se dirigea vers la porte. Elle sonna à l'interphone et se plaça devant la caméra de surveillance. La porte s'ouvrit et elle entra dans la petite pièce toute en longueur, deux bureaux, des écrans, une console innondée de commandes diverses, une armoire, une petite fenêtre et deux autres portes composaient le décor. Malik et un autre homme qui venait en renfort certains week-end étaient présents et la saluèrent. Elle les informa de ses projets et pris congé.

Elle décida de ne pas repasser par la terrasse et sorti par l'entrée. Elle senti la douceur printemps sur son visage. C'était une bonne idée de sortir, elle contourna le grand perron, et passa le long de la grande allée latérale. Comme elle l'envisageait, elle passa devant l'appartement de Johnny et jeta un œil, le cœur battant. Mais elle ne vit rien, n'entendit rien et continua son chemin, déçue. Elle arriva sur la pelouse en contrebas de la terrasse et descendit sur la plage privée, nichée au sein d'une petite calanque. Elle marcha un peu et s'assit sur un rocher pour regarder la mer onduler sous le soleil de la fin d'après-midi. Sentant les mêmes pensées reprendre le dessus, elle remonta vers le jardin et se dirigea vers une petite porte située à la lisière de la propriété, elle était intégré à un mur qui se confondait avec la partie rocheuse naturelle qui composait la délimitation du terrain. Elle composa le code et ouvrit le porte pour se diriger vers la plage publique Les Roches Blanches.

Elle marcha longuement dans le paysage côtier qu'elle connaissait depuis sa tendre enfance. Et comme depuis cette période, un garde du corps la suivait. Depuis l'âge 8ans, elle n'avait que peu d'occasion de se retrouver seule en dehors de chez elle. Son père avait tellement peur de la perdre qu'elle n'avait jamais pu l'en dissuader. Elle avait juste obtenue que le garde du corps reste dans la voiture quand elle était avec des amis et qu'elle soit tranquille en cours. Elle soupira. C'était sa vie ! La derniere discussion sur le sujet avec son père les avaient conduits à se fâcher durant toute une journée car, après 2 ans de permis, elle n'avait encore jamais pu prendre la voiture seule. Elle vivait assez mal cette situation de manque d'indépendance. Son père était riche, connu, convoité, detesté parfois dans les affaires, mais elle trouvait que cette obsession de la sécurité allait trop loin. Son téléphone même était doté d'une puce repérable par les agents en service. Les agents.... Elle repensa à Johnny. Leur liaison allait être d'un compliqué ! Elle regarda sa montre et décida de rentrer pour dîner.


Johnny fit l'hermite presque toute la journée. Il savait que Luca Valentini resterait chez lui et il ne voulait pas le croiser aujourd'hui, et surtout ne pas croiser Isaline. Il était assez mal à l'aise avec son attitude de la veille. Il fit un saut vers midi au PC de surveillance et demanda à Malik de classer les surveillances de la veille immédiatement. Il ne dit mot et lui assura qu'il s'en chargeait. Johnny savait que Vincent, le quatrième agent permanent était de nuit, et qu'il avait sans doute assisté à la scène, sauf si en voyant Johnny il avait préféré se centrer sur autre chose. Il verrait plus tard. Vincent et lui s'entendaient bien et il savait que rien ne filtrerait sans qu'il le mette au minimum au courant.

Mis à part cette escapade, il ne bougea pas de chez lui. Il s'occupa de ses papiers, de ses mails et joua à un jeu sur son ordinateur. Il tenta par ces activités d'éloigner le souvenir des courts instants avec Isaline. Cependant, à chaque fois qu'il relachait sa concentration, invariablement, elle revenait sur le devant de la scène. Il sentait encore son corps contre le sien et ses mains le long de son dos. Il lui suffisait de fermer les yeux pour retrouver le goût de son baiser ou l'intensité de son regard du haut de la terrasse. Il avait encore une journée de congé et il devrait reprendre son service et la côtoyer tous les jours. Cela s'avérait épineux, mais il ne parvenait pas à se convaincre de renoncer à elle. Depuis Noël environ, il s'était rendu compte d'un changement imperceptible au départ. Elle devenait femme, elle était belle et plus sûre d'elle. Il avait été troublé lorsqu'il l'avait retenue lors de sa glissade spectaculaire du haut de la pile de bacs en plastiques sur lesquels elle était monté pour décorer le sapin. Lorsqu'il la déposait au lycée, il la regardait s'éloigner, et pas seulement pour vérifier que tout allait bien. Il avait plusieurs fois croisé son regard et y avait décelé un intérêt qui n'y figurait pas auparavant. Il s'était aussi pris à laisser son regard s'attarder sur sa silhouette. Cela était arrivé insidieusement, sans qu'il l'ait réellement identifié. Ces dernières semaines toutefois, tout s'était accéléré, elle occupait de plus en plus ses pensées. Et le jour où il l'avait aidée à porter sa pile de magasine, où il l'avait quittée devant son bureau, et où elle l'avait regardé comme si elle voulait le retenir, tout avait pris de l'ampleur. Dans quel pétrin se trouvait-il ! Mais pensant cela, Johnny souriait de bonheur, car quoiqu'il fasse, la perspective de retrouver bientôt Isaline le mettait en joie.


Charlène Duronsier était rentrée chez elle, un peu déçue. Elle avait passé une magnifique nuit, Luca était un amant parfait et elle ne regrettait en rien sa « mission » spéciale inventée par son patron. Le réveil fut un peu plus rude. Il lui avait bien dit qu'il partirait tôt pour rentrer avant sa fille, mais à 8h, elle était déjà seule. Elle avait lu le message qu'il lui avait laissé et avait ressenti une certaine contrariété. Après avoir profiter de la luxueuse baignoire à remous et du copieux petit déjeuner de l'hôtel, elle rentra. Elle décida qu'elle ne tenterait pas de le joindre immédiatement. S'il avait envie de la revoir, il s'impatienterait, et si ce n'était pas le cas, elle ne lui donnerait le plaisir de la repousser. Elle opta donc pour un café avec une amie en guise de consolation.


Luca entendit Isaline frapper à la baie vitrée du salon. Il alla lui ouvrir et s'installa sur le canapé avec elle.

Cela t'a fait du bien ? J'aurais dû t'accompagner.

Oui, il faisait bon, ça change les idées, je n'en pouvait plus de rester enfermée.

Tu as l'air un peu nerveuse oui, en ce moment.

C'est sûrement à cause de samedi menti-t-elle

Ah oui ? Et bien vivement que ça arrive !

Puis-je te demandé si tu as rappelé la journaliste d'hier ?

Heu.... non, je n'ai pas appelé pourquoi ?

Mais comment font les hommes pour passer aussi rapidement à autre chose ? Tu n'as pas envie de la revoir, de reparler d'hier, de la serrer dans tes bras ?

Ouh la, ouh la, Lili tu m'en demandes trop. Je ne sais pas comment te parler de ça. Je n'appelle pas parce que je n'ai pas pris son numéro d'une part, et ensuite, il est toujours bon de prendre un peu de recul. Les débuts sont toujours palpitants, il faut reprendre un peu ses esprits avant de savoir si on veut poursuivre.

Reprendre ses esprits ? Mais on s'en fiche si on aime !

Mais on n'est jamais certain d'aimer si tôt...

Mais ça arrive !

Qu'en sais-tu ? Tu es encore jeune, vive, fougeuse mais...

Mais maman ? Le coupa-t-elle.

Luca se tut brutalement, il n'aimait pas du tout la tournure de la conversation

Quoi maman, articula-t-il péniblement.

Tu ne l'as pas aimé au premier regard ?

Luca ne répondit pas.

Papa ? Tu me l'as toujours dit ! S'enflamma-t-elle

Si, si je l'ai aimé à la première seconde.

Alors tu l'as rappelée tout de suite ?

Alors je ne l'ai pas quittée, répondit-il les yeux dans le vague.

Pourquoi aujourd'hui tu mets autant de distance ?

Parce-que, c'est différent. Elle était différente.... tellement.. ; sa voix mourru sans qu'il termine sa phrase.

Si un homme ne donne pas signe les jours qui suivent une rencontre, même prometteuse, c'est pas forcément que c'est cuit ? Insista-t-elle en lui souriant timidement.

Ou diable voulait-elle en venir ? Luca ne comprenait pas du tout pourquoi elle insistait comme ça. Pourtant, il s'efforça comme toujours de lui répondre aussi sincèrement que possible.

Et bien ça dépend sûrement de beaucoup de choses, mais on peut raisonnablement penser qu'un jour ou deux sans nouvelle est un délai qui ne signifie pas forcément une mauvaise passe. Au delà c'est un peu long.

Tu fais ça toi ? Plusieurs jours ?

Isaline tu m'ennuies !

Aller papa, répond !

C'est le temps qu'il faut pour une enquête de routine en tout cas.

Isaline leva les yeux au ciel, se leva et tira la langue à son père, puis courru pour éviter le coussin qu'il lui lançait et se réfugia dans sa chambre.

Resté seul, Luca laissa son esprit vagabonder .

Si Isaline avait encore sa mère auprès d'elle, elle aurait su répondre à ses interrogations, la guider dans ses premiers pas amoureux, mais Luca se trouvait démuni. Pourquoi voulait-elle savoir tout ce qu'elle venait de lui demander ? Il lui avait raconté des dizaines de fois comment il avait rencontré sa mère. Catherine... Bien sûr qu'il l'avait aimé dès le premier regard, et même avant. Il était venu au Bureau des Etudiants pour proposer de partciciper à un projet de mini entreprise. La pièce était vide, il allait faire demi tour quand il avait senti une présence. Il en fut troublé avant même de se retourner. Il l'entendit «  tu cherches quelque-chose ? Je peux t'aider ? » , la voix était chaude et sexy à souhait, et déjà il décochait son plus beau sourire pour lui faire face. Elancée, brune aux cheveux ondulés, les yeux noirs pétillant, Catherine le jaugeait sans honte. Vêtue d'un fuseau noir, d'une liquette rouge qui mettait en valeur son teint mat et de Converses de la même couleur, elle lui sourit et il su qu'il la voualit pour lui seul. Ils avaient participé au projet et monté, avec une poignée d'autres volontaires, une mini entreprise de messagerie expresse. Leur projet de fin d'année avait été salué par les enseignants. Luca était dans la partie financière et Catherine dans le marketing, ce qui correspondait à leurs études respectives. Ils ne se quittèrent plus. Il avait cru qu'elle avait des origines italiennes comme lui, mais ses parents étaient espagnols. Elle chantait et dansait les classiques de son pays d'origine comme une reine, Luca ne pouvait cesser de l'admirer. Elle était si belle, si enjouée et fougueuse ! Elle n'avait pas froid aux yeux ! Luca sourit en se souvenant comment elle avait négocier les différentes étapes du financement et amadoué les investisseurs lorsqu'ils avaient crée Oméga S.A. Elle était un délicieux tourbillon dans lequel il s'était laissé entrainé. A eux deux, rien ne semblait pouvoir leur résister. Ils s'étaient mariés très vite et avaient eu Isaline tout aussi rapidement, malgré les conseils des uns et des autres pour attendre un peu. Ils n'en avaient fait qu'à leur tête et tout leur avait réussit. A l'époque Luca trouvait ça normal et, même s'il était le plus raisonnable des deux, il n'avait guère peur d'échouer. Ils étaient de furieux entêtés ! Grands dieux, si Isaline faisait de même, il allait avoir du fil à retordre. Luca grimaça car il ne se faisait pas vraiment d'illusion sur la personnalité de sa fille. Au fond de lui, il savait qu'il n'aurait pas beaucoup d'arguments à lui opposer car il aimait l'audace et la pugnacité autant que la droiture. Il respectait toujours les partenaires ou les concurrents qui n'ouvraient pas moults parapluies pour se protéger frileusement derrière des boucs émissaires. Comment pourrait-il demander à sa propre fille d'être autrement ? Elle avait grandit comme une fleur, franchissant les épreuves que lui avait infligées la vie avec brio, elle était intelligente et équilibrée, on pouvait tolérer qu'elle soit un brin obstinée !

Luca avait toujours fait tout ce qui était en son pouvoir pour la proteger et la porter dans la vie pour qu'elle ait une vie aussi normale que possible. Il l'avait protégée, soutenue, il avait toujours été aussi honnête que possible car il refusait de céder au mensonge facile qui ne faisait, selon lui, qu'empirer les choses. Aujourd'hui Isaline lui échappait doucement, il estimait qu'il n'avait pas trop mal réussit sa mission. Il allait devoir la laisser voler de ses propres ailes, il en était bien conscient, mais il avait peur pour elle, peur qu'elle souffre, qu'elle chute. Il allait lui être difficile de lui lâcher la main pour n'être plus qu'un soutient éloigné. Luca s'attendait à vivre des changements éprouvants, et il ne se doutait pas à quel point il était lucide.


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