Solitaires Ch 5
rainette
Ch 5
Il faisait beau en ce dernier jour de mars, le soleil commençait à réchauffer le climat et donnait ses couleurs bleue profond et verte à la mer. Les arbres commençaient timidement à reverdir et on pouvait entendre des oiseaux gazouiller. La côte prenait des tons ocres et blancs plus lumineux et invitait aux promenades à présent qu'il faisait moins froid. Luca entra après son déjeuner à l'extérieur en passant par la porte de la maison. Camille était aussi revenue et elle leva le nez du journal qu'elle lisait.
Vous êtes en photo dans le journal, Monsieur, vous avez vu ? lui dit-elle en lui tendant le quotidien.
Ah oui ? J'espère que je suis à mon avantage ! plaisanta Luca en lisant l'article.
Il avait été pris en train de serrer la main du maire, au milieu de la foule. Un sous-titre légendait « M Le Maire et le P.D.G d'Oméga ne sont pas restés indifférents aux talents des jeunes prodiges ». Il parcouru l'article et jeta un œil sur l'auteur, un homme, il repensa à Charlène. Il faudrait la rappeler, l'enquête n'avait rien révélé de particulier, et il avait envie de leur laisser une autre chance.
Pas trop mauvais, ma foi, vous ne trouvez pas ?
J'ai connu mieux, mais sur du papier journal ce n'est jamais fameux.
C'est vrai. Bon, et bien j'attendrais pour nous diversifier dans le mannequinat !
J'approuve ! sourit Camille
Vous pourriez aussi me trouver les 2 derniers exemplaires de « L'Echo de la méditerranée » ?
Heu... oui je pense
Merci, à tout à l'heure.
A tout à l'heure.
Luca posa son imperméable, s'assit à son bureau et prépara les documents qu'il allait transmettre au cabinet Rossini. Il mit un peu d'ordre sur son bureau et se replongea dans le rapport qui l'avait poussé à prendre ce rendez-vous. Il avait à peine commencé que le standard de son bureau sonna, Luca décrocha.
Votre rendez-vous Monsieur, Cabinet Rossini.
Faites entrer, merci.
Il réajusta sa cravate et sa veste avant de se lever pour accueillir son futur interlocuteur. Il contournait le grand bureau noir quand la porte s'ouvrit. Luca avança et s'arrêta net. Comme rarement dans sa vie, il resta interdit quelques secondes, incapable de parler, incapable de réfléchir, son cœur manqua un battement et ses mains devinrent légèrement moites. Il était comme hypnotisé par un visage à la peau claire, aux yeux bleus océan frangés de longs cils, et encadré de longs cheveux blonds. Il continua à détailler la silhouette, de taille moyenne, à l'allure souple et sûre qui avançait vers lui sans se presser. Ni trop mince, ni trop ronde, une démarche décidée, un port de tête élégant, Luca ne trouva rien à redire. Rien, si ce n'est qu'il ne s'attendait pas à cela.
Mila Rossini, se présenta la jeune femme arrivée devant lui, enchantée M. Valentini.
Elle lui tendit la main, et il fut surpris du contact, doux et chaleureux de la main à la fois ferme et frêle qui serra la sienne. Luca retira sa main plus vite qu'il n'aurait souhaité.
Enchanté, articula-t-il mécaniquement alors qu'il commençait à se reprendre.
Quelque chose ne va pas ? Demanda-t-elle en l'observant.
Non, non, je suis désolé, répondit-il un peu trop rapidement à son goût, je manque à tous mes devoirs. Venez vous asseoir. Je vous propose d'aller à mon bureau, pour le moment.
Luca lui présenta un fauteuil et le lui avança pour qu'elle puisse s'asseoir. Il retourna à son propre fauteuil et essaya de retrouver le fils de ses idées, mais il n'était pas vraiment concentré. Elle lui sourit et il sentit un élan sympathique le gagner. Il en fut surprit car ce n'était jamais le cas en affaire habituellement, il pouvait admirer, reconnaître le talent, apprécier, se méfier ou même détester, mais pas ce genre de sentiment là ! Afin de pouvoir reprendre là où il en était resté avant qu'elle n'apparaisse dans son bureau, il préféra formuler ce qui semblait le déranger depuis quelques minutes.
Madame Rossini, je suis navré de mon attitude étrange, je dois vous dire que j'ai été surpris en vous voyant car je m'attendais plutôt à rencontrer un homme.
Ah ? C'est étrange, je vous ai pourtant eu au téléphone, vous m'aviez dit appeler de la part de M. Duval, par conséquent....
Elle planta son regard bleu dans celui de l'homme d'affaire, légèrement moqueuse, pour le laisser apprécier la fin de sa phrase. Luca se sentit pris en défaut. Frédéric Duval ne lui avait rien dit, ou presque se souvint-il, il s'était bien gardé de lui en parler. Ensuite, il avait juste évoqué le « cabinet Rossini », il était parti sur l'idée d'un intervenant masculin sans même en douter un instant. C'était une erreur, une petite erreur certes, mais stupide et il s'en voulait.
Cela vous pose-t-il un problème Monsieur Valentini ? Demanda Mila Rossini, le ton traînant teinté de provocation, soutenant le regard vert pailleté de son interlocuteur.
Absolument pas, assura Luca, mon silence n'est que le fait de ma réflexion. Je ne sais pas pourquoi j'étais si sûr de voir un homme aujourd'hui.
Il lui décocha un sourire pour clore le chapitre, et ils se calèrent chacun dans leur fauteuil. Luca continua à la regarder. Elle n'était pas de celles qu'on remarque pour sa plastique. Cependant elle était extrêmement élégante et soignée, vêtue d'un tailleur pantalon crème, d'une blouse chocolat, d'escarpins marrons à talons décorés et d'un trench coat beige. Elle portait une mallette de cuir marron et un sac à main gris orné d'une étoile de strass. Ses mains, parfaitement manucurées, aux ongles vernis de marron laqué irisé, se mouvaient élégamment lorsqu'elle relevait une de ses mèches blondes. Luca préférait les brunes, mais il nota les reflets que créent les rayons de soleil dans ses cheveux , la parant d'un halo lumineux qui semblait flotter autour d'elle. Il resta songeur.
Mila Rossini était arrivée légèrement en avance. Elle avait pris le temps d'observer les locaux de l'extérieur. Le bâtiment était construit en longueur sur un terrain impeccablement entretenu, composé de pelouses, d'arbres et de massifs de fleurs. On devinait la mer à l'arrière. L'entrée était situé sur la gauche, et jouxtait une autre construction qui semblait s'étendre au delà du grand mur, et plonger sur l'arrière, vers la mer. Les locaux n'avaient pas l'air très récents, mais la façade semblait entrevue, les fenêtres propres. Sur certaines on apercevait des collections de post-it ou de papiers scotchés, d'autres étaient dotés de stores, d'autres encore laissaient apercevoir une plante verte. Les portes automatiques étaient ornée du logo de l'entreprise et s'ouvrirent sans bruit à son arrivée. Le hall d'accueil était fléché et elle pris la direction du secrétariat sans difficulté.
La secrétaire l'accueillit très courtoisement et elle n'eût pas à attendre pour être reçue. Elle entra dans un somptueux bureau très design, noir et blanc, avec de subtiles notes de couleurs introduites par quelques objets, et une baie vitrée donnant sur la côte. Mais lorsqu'elle entra, elle ne balaya que rapidement la pièce car son regard fut accaparé par le maître des lieux. Elle le vit, debout près de son bureau, grand et immobile, qui la fixait intensément. Sa carrure et sa silhouette étaient mises en valeur par son costume gris impeccablement coupé et sa chemise bordeaux impeccable. Elle croisa son regard, presque hypnotique et se retrouva noyée dans les iris verts liserés d'or de Luca Valentini. Elle sentit un malaise l'envahir, elle eu la sensation d'avoir trop chaud et son cœur se serra de façon étrange. Elle continuait à avancer, se sentant observée et détaillée, et elle eu un léger frisson lorsqu'elle arriva à sa hauteur pour lui tendre la main. Sans se départir de son sourire, elle le salua. Le contact de sa main dans la sienne lui fit l'effet d'une décharge électrique, et l'espace de quelques secondes, le décor autour d'elle disparu, ne laissant que le visage élégant de son interlocuteur à sa vue.
Reprenant ses esprits, elle aperçut son attitude figée et hésitante, ce qui ne lui semblait pas de bonne augure. Rassemblant ses réflexes professionnels, elle se recala dans son rôle, lui demanda s'il avait un problème comme elle le pressentait. Comme il réfuta la chose, elle se détendit quelque peu et prit place dans le fauteuil qu'il lui approchait de façon extrêmement galante. Elle en fut un peu déstabilisée car elle ne parvenait pas à comprendre ce qui paraissait clocher. Elle le regarda reprendre sa place derrière le bureau, ils sont toujours plus à l'aise derrière leur bureau, et nota sa démarche souple et son aisance à se déplacer. Il la regarda encore quelques instants, elle commença à trouver cela fort désagréable et se posa la question du bien fondé de sa présence, puis il finit par lâcher ce qui l'ennuyait. Nous y voilà ! Il attendait un homme. Mila sourit intérieurement. « Mon coco, tu ne vas pas être déçu » songea-t-elle. Elle lui indiqua, un brin moqueuse, donc qu'elle l'avait eu personnellement au téléphone, et que de plus, il l'avait appelée lui même sur le conseil d'un collègue. Quel macho ! Aurait-il un soucis avec les femmes ? Sans qu'elle sût pourquoi cela l'amusa. Puis, décidant de ne pas lui laisser le moindre argument à ajouter, elle posa directement la question, sur un ton lancinant « Cela vous pose-t-il un problème Monsieur Valentini ». L'attaque était probablement la meilleure tactique. En soutenant son regard, Mila ressentit à nouveau ce léger malaise et s'en trouva ennuyée, mais elle ne laissa rien paraître. Luca enfin désamorça le début de joute verbale en assurant que non. Mila dû reconnaître qu'il avait une maîtrise de ce genre de situation. Elle le vit alors sourire et se détendit. Au moins, il avait formulé son soucis dès le début, en cela elle lui était reconnaissante de cette honnêteté car cela éviterait un mauvais départ et montrait un sens des affaires certain. Tout allait pouvoir commencer maintenant. Elle écarta les petits désagréments de ces premières minutes et se centra sur l'objet de sa visite.
-Très bien, qu'attendez-vous de notre collaboration , Monsieur ?
Je cherche à savoir si je peux améliorer la performance de mon entreprise en interne. Voilà quatorze ans que je la guide moi même et j'en viens à me demander si je ne suis pas un peu assis sur mes acquis. Nos produits se vendent bien, nous avons de nombreux domaines ou nous sommes leader, notamment dans la création de logiciels professionnels, mais récemment j'ai raté un marché et cela m'a contrarié. Je sais reconnaître un échec, mais là c'est vraiment étrange, c'est comme si nous avions réagit trop tard. Ma formation est peut-être un peu loin, l'organisation des services est peut être à revoir, je ne sais pas, mais il est sans doute temps de passer au peigne fin notre société pour la rendre plus réactive.
Je comprends.Vous avez des projets en cours qui pourraient dépendre de cela ?
Oui et non, toute amélioration sera probablement bénéfique à ce qui est en cours, mais je n'ai rien de sensible sur le feu pour le moment.
Vous avez la possibilité d'appliquer les éventuelles restructurations, les changements, les embauches que les conclusions pourraient proposer ?
Elle vit Luca lui sourire comme à une enfant, et alors que d'ordinaire, elle aurait trouvé ça quelque peu offensant, elle le trouva particulièrement sexy.
Madame Rossini, cela ne posera absolument aucun problème, les bénéfices sont encore largement lucratifs.
Mademoiselle. Je sais que c'est abrogé sur les papiers administratifs, mais je préfère.
Luca eu l'air surpris car il marqua un temps d'arrêt mais il continua.
Oméga est une entreprise très rentable, je suis parmi le top 5 des plus grosses fortunes d'Europe, ce ne sera pas un soucis, Mademoiselle Rossini.
Mila repéra à nouveau ce léger frisson le long de sa colonne vertébrale. Il avait une façon tout à fait particulière de la nommer, elle avait l'impression d'entendre son nom pour la première fois. Agacée par la manière dont elle se déconcentrait - ce n'était pas très professionnel !- elle s'obligea à se focaliser sur le sujet de sa visite.
Voilà qui est encourageant ! Vous avez le spécialiste qui figure parmi le top 5 de Marseille des meilleurs de sa catégorie, ironisa-t-elle.
Formidable ! Lança Luca en riant de bon cœur, vous êtes une interlocutrice de choix. Vous faut-il des documents particuliers ?
Pour le moment, les chiffres publiques regroupés s'il vous plaît, une visite de l'entreprise me suffiront. Si nous signons un contrat, il me faudra aussi vos derniers bilans internes et notamment les différences entre le bilan et les chiffres attendus, vos productions chiffrées, votre organigramme, vos fiches de poste, un accès aux CV de vos salariés, un liste de vos fournisseurs et de vos partenaires.... pour le moment je pense que c'est tout. J'en profite pour vous préciser que le contrat m'oblige à un secret professionnel complet. Je n'ai besoin de vos bilans que pour comprendre et conseiller sur vos habitudes et vos façons de faire, je ne fais pas dans le conseil économique pur.
Je comprends, mais ce sont des documents que je n'aime guère donner.
Laissez-moi vous expliquer comment je procède, Monsieur Valentini, dit-elle en baissant sa voix d'un ton, je visite votre entreprise et je repars avec votre bilan. Je prépare un contrat personnalisé, sur les clauses d'objectif et de tarif notamment, et je reviens vers vous. Une fois que ce contrat est signé, j'ai pour habitude de travailler au sein de l'entreprise que j'audite. Vous déduirez vous-même ce que cela peut avoir de riche dans ma pratique que d'être au cœur de ce qui se passe. Un petit bureau dans un coin, surtout pas fermé et isolé, me suffit. Je consulte donc tous les documents sur place. Je demande qu'on me présente le premier jour. Cela facilite les contacts. Une petite réunion de trente minutes ou vous m'introduisez auprès de vos salariés et où je leur explique que je vais venir leur parler régulièrement, qu'il s'agit d'un échange, que je ne les observe pas pour eux en tant que personne et que vous cautionnez mes interventions. Je leur parle des finalités également, dans les termes qui vous conviennent mais sans dissimuler d'informations du style licenciements à la clé. Ce n'est pas mon job et ils s'en rendraient compte, ce qui entraverait la confiance dont j'ai besoin. Je cherche à me fondre dans les services et à observer la réalité quotidienne, je ne veux pas des situations telles qu'elles doivent être mais telles qu'elles sont. Lorsque j'aurais terminé, je retourne dans mon cabinet et je laisse poser quelques jours, avant de revenir sur le dossier. Soit j'ai besoin de compléments et je fais quelques recherches ou je reviens, soit j'ai ce qu'il me faut et je rédige mon bilan et mes préconisations. La durée est variable. Je remets ce bilan uniquement en mains propres et en face à face à la personne qui a signé le contrat. Je peux proposer un accompagnement pour appliquer les propositions, notamment si les changements impliquent une nouvelle organisation des services ou de la communication. Étés-vous rassuré ?
Luca resta de longues secondes l'air pensif, et Mila se demanda s'il allait décliner la proposition. Il fini par reprendre la parole, en posant les avant bras sur la table comme s'il concluait un accord auprès d'un client.
Cela me convient très bien. J'aime la façon dont vous concevez votre démarche, par contre j'ignore comment le personnel va accueillir votre présence et vos questions. Dois-je les informer auparavant ?
Pas obligatoirement. Je lirais des documents la première journée, ils pourront me voir ou venir me poser des questions. Pour la suite j'ai l'habitude.
Bien. Souhaitez-vous un café avant la visite ?
Volontiers.
Parfait.
Elle le vit sortir quelques instants et elle s'entendit souffler. Elle relâcha une sorte de tension dont elle n'avait pas conscience. Elle trouva cela étrange car ce n'était pas son premier contrat, et elle avait eu des rendez-vous bien plus rudes que celui-là....
Luca fut secrètement impressionné par cette femme, belle, droite, qui n'hésitait pas à le défier et à ironiser. Il avait même rit ! Jamais il ne riait aussi franchement en rendez-vous d'affaire, mais elle l'avait surpris. Depuis qu'elle était entrée, Luca allait de surprise en questionnement sans vraiment être le meneur de la conversation comme il en avait l'habitude. Elle était assez incroyable. Elle avait une prestance naturelle qui faisait qu'elle n'était jamais condescendante quand elle s'imposait, elle ferait un excellent adversaire en affaire ! Mademoiselle sourit-il intérieurement, elle a quelque-chose à prouver peut-être, mais comment une telle femme peut-elle être célibataire ? Elle était séduisante, élégante, manifestement intelligente... Il en était étonné.
Il était sorti pour s'extraire de cette sorte de contemplation dans lequel il se trouvait, il aurait pu demander à Camille de lui donner les documents pour faire son passe, mais il avait besoin de réfléchir un peu hors de sa présence. Il semblait nerveux sans qu'il sut pourquoi, il avait senti des accès de transpiration comme à sa première affaire, et cela lui déplut, mais ce qui l'avait vraiment agacé, c'est sa propre attitude. Il avait eu toute les peines du monde à se focaliser sur leurs échanges, il ne cessait de s'attarder sur des détails hors propos, le sourire de la demoiselle, le décor des talons de ses chaussures, le scintillement de ses bijoux, le mouvement de ses mains. Il avait retenu la baisse de ton qu'elle avait effectuée pour présenter son activité et il avait trouvé cela fort agréable à écouter. Quand elle eut fini, Luca songeait davantage au plaisir de sa prochaine présence dans les locaux qu'aux détails de la proposition. C'est du beau travail Valentini ! Se sermonna-t-il.
Il attrapa quelques formulaires sous l'œil inquisiteur de Camille, à qui il demanda d'apporter le café, et après lui avoir adressé quelques consignes lors de son absence pour la visite guidée, il regagna son bureau.
Mademoiselle Rossini, je vous confie quelques papiers, ce sont des documents à remplir pour que Camille vous fasse un passe temporaire. Il vous donnera les accès à la plupart des services, il ouvre les portes qui sont parfois fermées, je parle des portes intermédiaires, pas des bureaux en eux-mêmes, il vous suffira de frapper, il ouvre les ateliers et la grille que vous avez dû voir à quelques mètres de l'entrée. C'est un parking, vous accédez aux locaux par un portillon et vous êtes directement sur la terrasse ou les personnels prennent leur pause, déjeune l'été aussi.... Vous longez le couloir et vous arrivez à l'accueil.
Merci répondit Mila en parcourant les rubriques.
Il y aura des pièces à fournir pour votre sécurité, comme votre numéro d'assuré, mais aussi pour la notre comme votre carte d'identité et un extrait de casier judiciaire.
Et bien, vous ne plaisantez pas remarqua Mila en faisant la moue.
Luca nota cette expression boudeuse et sourit, elle était déroutante, à la fois maîtresse-femme et à la fois si jeune...
Camille leur déposa discrètement le café et Luca entreprit de les servir. Il restèrent ainsi sans parler, le temps de déguster le breuvage chaud, sans que cela ne provoque de la gène. Luca fini par lui demander quelle formation elle avait pour en arriver à cette activité.
J'ai plusieurs cordes à mon arc. Une licence de psychologie, un peu d'expérience, beaucoup d'intuition et un diplôme en sciences du management spécialisé en audit interne.
Intéressant, ça m'aurait plût je crois, comme études, mais je ne savais pas que ça existait. Vous avez toujours voulu faire ça ?
Non, pas vraiment, ces sont les hasards et les événements de la vie qui ont influencé mes choix, mais j'aime ce que je fais et je pense le faire bien.
Je n'en doute pas, Frédéric Duval ne tarissait pas d'éloges par exemple.
Elle sourit.
C'est un chef d'entreprise très humain et consciencieux. Et vous, Monsieur Valentini, vous êtes tombé dans la marmite ou vous avez créé Omega de vos mains ?
Luca était stupéfait de la façon dont elle lui posait la question, non seulement par la formulation, mais aussi par la grande justesse qu'elle contenait. Cela pouvait-il se voir ? A quoi ? Des tics ? Son masque impassible ? Son nom peut-être...
Et bien, on pourrait presque dire un peu des deux. Ma famille est dans les affaires, mais je n'ai pas eu besoin de leur aide pour créer et développer Omega... Vous n'avez pas fait de recherches avant de venir ?
Non pourquoi ? Pour me laisser influencer par la lorgnette de la presse, les ragots et les titres à sensation ? Plus tard peut-être. Je préfère me faire mon opinion seule et la confronter par la suite. L'inverse est beaucoup plus compliqué pour être au plus juste.
Vous n'avez pas tort, concéda Luca. Il consulta sa montre et ajouta. Une petite visite de nos locaux ?
Volontiers.
Luca se leva et lui ouvrit la porte. Il la suivit dans le sas ou se trouvait le bureau de Camille et lui dit quelques mots avant de se diriger vers une double porte qu'il ouvrit sans peine. Il commença à décrire les lieux et nommer les différents services. Il ouvrit les portes qui séparaient les départements de spécialités différentes avec son passe magnétique. Il évoquait parfaitement les différents départements, leurs spécialités et connaissait presque toutes les personnes qu'il croisait. Il était fort à son aise et parlait avec passion. Logiciels, manuels, jeux, applications, rien n'avait de secret. Plus bas les ateliers, il se fit plus évasif, ils concevait quelques composants informatiques, des clés USB et autres supports de stockage qui étaient produits chez des sous-traitants comme Duval.
Luca ne put s'empêcher de regarder Mila se déplacer et marcher sur ses hauts talons sans vaciller. Il se fatiguait lui même de ne pouvoir s'empêcher de l'observer à la dérobée et il fut presque soulagé qu'elle ne pose pas de question à la fin de la visite. Ils se retrouvèrent à l'accueil ou Mila l'informa qu'elle allait prendre congé pour cette fois. Après une poignée de main accompagnée d'un échange de regards investigateurs, ils partirent chacun de leur côté. Luca se sentit presque instantanément plus à son aise, comme s'il reprenait le volant de son véhicule après l'avoir laissé à quelqu'un. Il rejoignit Camille, puis son bureau et s'assit dans son fauteuil avec un soupir. Quel drôle d'ambiance cette entrevue. Il se remémora tous les détails qu'il avait noté sur la jeune femme, il se dit qu'elle était une personne fort intéressante et séduisante. Il essaya de comprendre ce qui s'était passé en lui depuis l'arrivée de Mila Rossini, et il en conclut que c'était sa méprise sur la personne qui l'avait contrarié.
Décidément, tu deviens rigide mon vieux ! Elle a l'air très compétente et charmante, ce qui ne gâche rien se dit-il, puis il appuya sur un bouton du standard lança : Camille, appelez-moi Duval s'il vous plaît.
Bien Monsieur.
Au bout de quelques instants, Frédéric Duval répondit à Luca, qui s'empressa de lui dire :
Dites donc mon vieux, vous avez dû vous amuser en me cachant les détails sur la personne de chez Rossini.
Duval éclata de rire au téléphone et Luca sourit. Il n'avait pas sourit autant dans son bureau depuis des lustres.
Quand il sourit, il est sexy en diable ! se dit Mila en repensant à cette entrevue avec Monsieur Luca Valentini. Elle était dans sa voiture et se sentait comme libérée d'un poids. Elle n'avait probablement pas le recul nécessaire car elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi elle s'était placée sous pression lors de ce rendez-vous. Etait-ce l'accueil un peu particulier dû à la surprise du chef d'entreprise, ou avait-elle perçu un élément sous-jacent ? Rien de particulier n'avait eu lieu pour qu'elle se sente ainsi. Valentini était vraisemblablement compétent, peut-être un peu suffisant parfois, mais sans que cela soit ostentatoire, courtois et impliqué dans sa société. Il était aussi très beau et très séduisant, sa compagne était sûrement sur ses gardes lors des dîners mondains songea Mila. Elle respira lentement et se détendit. Elle mit le contact de sa Peugeot RCZ et repris la route vers Marseille. Mila se détendit peu à peu et arriva à son bureau totalement remise de cette entrevue, classique somme toute. Elle commença à rédiger ses premières impressions et les diverses remarques qu'elle ne voulait pas oublier. Elle ouvrit un dossier au nom de l'entreprise et y glissa ses notes. Elle sortit également les formulaires que Luca lui avait donné à remplir et elle grimaça. Elle détestait remplir des formulaires. Elle n'en était qu'à la moitié des rubriques qu'elle se recula du bureau en poussant un soupir.
Son bureau n'avait rien à voir avec celui de Luca, il était de taille moyenne, installé dans au rez-de-Chaussée d'une résidence proche du centre de Marseille. Il était composé de la pièce ou elle se trouvait, d'une petite cuisine et de sanitaires séparés d'un grand couloir, et d'une seconde pièce, plus petite, ou elle stockait ses archives. Près de son bureau, un petit canapé deux places et deux fauteuils encadraient une table basse ; Le tout était décoré de Gris, de noir et de beige rosé. Mila alla s'installer sur le canapé et ouvrit les chiffres publics d'Omega. C'était plutôt bon. Elle se remémora leur conversation. Luca l'avait écoutée attentivement lorsqu'elle avait parlé de son travail, il semblait attentif mais distant. Elle avait noté cette aisance presque innée et elle avait senti qu'il avait du se frotter très jeune à l'expérience de la direction d'entreprise. Elle avait aimé le surprendre par ses remarques teintées de dérision . Il avait bien réagit et c'était rassurant car il se cachait derrière un masque impassible, mais elle avait réussi à le faire sourire, sans trop insister d'ailleurs. Elle n'avait cependant pas trop d'illusions, Luca n'était sûrement pas sur ce mode relationnel tous les jours.
Mila avait un don. Elle ne le faisait pas exprès, c'était comme ça. Sa formation l'avait aidée, avait exacerbé et cadré cette capacité, mais elle l'avait en elle depuis toujours... ou presque. Mila avait une intuition juste et fine extrêmement développée. Mila sentait et déduisait toujours très bien les situations, les gens, les non-dits, elle « sentait » les situations et les personnes à qui elle parlait, en ne se trompant qu'exceptionnellement. La psychologie n'était qu'un outils et son Master lui avait donné les bases et l'assurance, mais Mila pouvait poser un diagnostic sur une situation presque instantanément, avant tout travail d'analyse par les moyens « normaux ». Elle avait eu à mettre à profit ces capacités une fois et avait choisi d'en faire son métier en reprenant ses études pour assurer son rôle et développer des compétences reconnues. Pourtant ce jour, Mila se disait qu'elle n'avait pas encore bien cerné ce Luca, ni même son propre comportement. Elle avait sûrement un travail certain pour appréhender Luca Valentini car il apparaissait que tout passait par lui, et elle se devait de mieux saisir son fonctionnement pour comprendre celui des autres. Elle espérait que la prochaine entrevue serait moins stressante pour elle, elle était lasse comme si elle rentrait du sport. Mila finit par se lever, ranger tous les documents qui avaient à voir avec Oméga et décida de sortir flâner un peu avant de rentrer chez elle, elle verrait tout cela plus tard. Mila ferma la porte de son bureau à clé et sorti., Très vite, elle se mêla aux passants, si tant est que son élégante silhouette puisse passer inaperçue dans une rue de centre ville.
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Comme à chaque chapitre je suis avide de vos sentiments sur ce chapitre. Que vous inspire Mila Rossini ? et la réaction de Luca? :)
A bientôt
la suite: http://welovewords.com/documents/solitaires-ch-6
Merci! J'espère que la suite sera à ton goût!
· Il y a plus de 8 ans ·rainette
Rooooo. Intéressant tout ça ! Mila Rossini me fait penser direct rien qu'au nom à une espèce de "Monica Belluci" et en fait la description est tout autre que mon imagination, à commencer par ses cheveux blonds.... Une espèce de coup de foudre intriguant qui nous laisse perplexe aussi derrière l'écran, je voulais lire la suite demain, mais j'attaque direct,
· Il y a plus de 8 ans ·karinette