Solitaires Ch8

rainette

Luca Valentini mène une existence bien réglée avec sa fille, mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Vous trouverez le début de ce Roman ici http://welovewords.com/documents/solitaires


Ch 8



Le lendemain matin, Isaline de réveilla fort tard, aux alentours de midi. Elle s'étira dans son lit et remonta la couette jusqu'à son cou, en souriant béatement. Elle aimait Johnny, elle en était certaine, la façon dont tout son corps réagissait, après son cœur et son esprit en était la preuve. Et Johnny l'aimait, c'était évident, ou alors ça y ressemblait fortement. Enfin il répondait, enfin il l'embrassait, ne l'ignorait ou ne l'évitait plus, enfin, ils avaient une liaison ! Son cœur se gonfla de bonheur. Le seul point noir restait la discussion de mardi, elle espérait qu'ils n'allaient pas en arriver à devoir s'arrêter là. Elle décida de ne pas anticiper les choses, et tout à son bonheur nouveau, elle passa sous la douche. Les images de la veille défilèrent une à une et elle remercia intérieurement tous ses amis si merveilleux. Que d'attentions et de preuves d'amour. Et son père ! Elle l'aimait terriblement d'avoir pu faire cet effort. Et Johnny. Ses caresses, ses baisers si intenses, leurs corps se pressant l'un contre l'autre, leurs souffles mêlés. Elle frissonna de plaisir en savourant l'eau chaude sur son corps qui espérait une suite, enfin, elle sortit et attrapa un peignoir. Elle se sécha, mit un peu de crème et brossa sa longue chevelure avant de récupérer son vieux jean et son t-shirt abandonnés la veille. Ce sera suffisant pour aujourd'hui, elle ne se sentait pas capable de supporter des talons, des collants ou tout autre vêtement un peu sophistiqué.

Elle sortit de sa chambre et se dirigea vers la cuisine. Elle trouva son père attablé avec Théodore devant un brunch gargantuesque. Isaline leur sourit.

Café !

Ah, voilà ce que c'est d'être la reine d'un soir, le réveil est difficile, la taquina son ami.

Waouh, oui, je suis exténuée, et je n'ai ouvert les yeux que depuis une demie-heure !

En tout cas c'était une magnifique soirée, je te félicite. Tous tes amis sont fantastiques, j'ai été ravi de les rencontrer.

Mais tu es un de mes amis. Le premier que j'aie eu d'ailleurs.

Oui, je sais, mais maintenant je sais avec qui tu traînes !

Voilà ! Isaline lui sourit. Et toi, tu reviens traîner quand par ici ?

Je ne sais pas, je vais faire de mon mieux.

Tu devrais venir avec ton père, et même ta mère, je ne les ai pas vus depuis longtemps, ajouta Luca.

Il m'a dit la même chose l'autre jour. Mais en sens inverse, je crois que vous n'avez jamais vu leur nouvelle maison.

C'est peut-être bien vrai, Théo. Je me demande si je ne viens pas me réveiller d'une longue léthargie. Ma fille a vingt ans, tes parents ont déménagé, j'ai des cheveux blancs, c'est terrible, grimaça Luca.

Alors c'est le moment de laisser parler votre coeur, Luca.


Luca regarda Théo avec attention. Ce jeune garçon avait toujours eu une lucidité incroyable , il l'aurait bien vu dans les affaires, mais il avait choisi le droit. Son père était son seul véritable ami, mais le temps faisait qu'ils ne se voyaient plus guère. Du temps où Catherine était là, les deux couples et les enfants se retrouvaient le week-end ou pendant les vacances et partageaient leurs sorties et leurs loisirs. Lorsque les parents de Théodore déménagèrent, Luca eu du mal à maintenir le contact, en raison de son travail, mais ils étaient toujours en relation et surtout, ils n'hésiteraient pas à se rendre service. Théo et Isaline avaient grandit ensemble, ils étaient un peu comme des frères et sœur, et il aimait cette idée. Luca se rendait compte que sa vie n'était qu'un long cheminement solitaire dans lequel il avait gardé Isaline par crainte de la perdre. Heureusement celle-ci s'était un peu rebellée, et même si Luca avait toujours peur, il comprenait qu'il devait la laisser petit à petit voler de ses propres ailes. Théo semblait avoir compris que Lucas avait régit toute sa vie sous la coupe de la raison, mais comment écouter son cœur à présent ? Luca avait mit cela de côté depuis des lustres, il n'en était plus capable. Et pourtant, le jeune homme avait probablement raison.


Isaline prit une part de crumble qu'elle avait repéré sur la table et mangea sans grand appétit. Elle évoquait les différents moments de la veille, quand tout à coup, elle se souvint.

Papa ! Hier Johnny est venu me prévenir à table, Francesco voulait me parler au téléphone.

Francesco ? Dit Luca d'un ton qui frôlait la colère.

Apparemment.

Et que voulait-il ?

Je ne sais pas, je n'ai pas pris l'appel. Il n'appelle presque jamais. Et pourquoi moi ?

Je l'ignore, mais je vais le savoir rapidement, je l'appellerais tout à l'heure.

Et lui, il est venu quand la dernière fois ?

En janvier.

Ah oui. En même temps, il est toujours sympa quand il vient. Il n'y a pas de raison que ce soit pas un appel de courtoisie.

Oui, s'il appelle de lui-même, ajouta Luca en fronçant les sourcils.



Isaline poursuivi la conversation avec Théodore un long moment. Ils décidèrent d'aller s'asseoir sur la plage, il faisait beau. Ils prirent un sweat-shirt et des baskets et sortirent par la terrasse. Isaline frissonna en descendant la première volée de marches, entre la terrasse et la pelouse, là où quelques heures auparavant, elle avait enfin scellé ses sentiments pour Johnny. Ils s'installèrent face à la mer et évoquèrent des souvenirs d'enfance, parlèrent de leurs études, de leurs parents. Isaline évoqua la solitude de son père, le peu de personnes qui franchissait l'enceinte de la maison, le peu de femmes qu'il lui présentait. Elle en avait vu deux en tout et pour tout. Au bout de quelques semaines, elles s'évanouissaient dans la nature. Théodore compatissait, lui qui avait des parents visiblement encore très amoureux et proches de lui et sa petite sœur. Il comprenait que cela pouvait manquer. Mais Luca était proche d'Isaline, il le lui fit remarquer.

Mon père ? Mais il ne me parle pas de ce qu'il fait. A peine en affaire, ou alors avant que ça ne sorte dans les journaux. Côté personnel, c'est le strict minimum. L'autre jour j'ai dû lui tirer les vers du nez pour savoir s'il avait rencontré quelqu'un et si elle lui plaisait.

C'est déjà bien, je ne sais pas si mon père me parlerait de ça non plus. Là je l'entends raconter à ma mère, mais je le vois mal me parler de ses bénéfices ou de ses contrats. Il ne me parle pas non plus de ce qu'il fait quand il est seul avec maman.

T'es bête ! Ce n'est pas pareil ! C'est ta mère. Moi je veux juste savoir comment elle est, son travail, ce qu'elle a dit d'intéressant, tu vois quoi. Il se fâcherait presque tu sais !

J'imagine. Enfant il me faisait drôlement peur quand il se fâchait !

Ouais, on n'en menait pas large !

Ton père n'a pas soigné sa blessure. Il n'a pas cherché à le faire. Le temps fait son œuvre, mais s'il ne souhaite pas tourner la page pour de bon, la blessure restera.

C'est ce que tu lui as dit tout à l'heure.

Oui, il a bien compris. Mais il parle de réveil, peut-être est-il sur la bonne voie. Ne le braque pas trop, c'est fragile ce genre de réveil.

Je vais essayer. En tout cas, avec la BM, il a fait très fort. Je ne pensais jamais avoir le droit d'aller quelque-part seule en voiture.

Il avance ! En même temps, avec toi, c'est difficile de stagner.

C'est à dire ?

C'est à dire que quand tu veux tirer les gens, tu les tires... tu es tellement entêtée parfois.

Oh ! Tu es gonflé !

S'en suivit une joute verbale puis des lancers de coquillages avant qu'ils ne décident à rentrer au salon. Théodore resta un moment, ils regardèrent les premières photos qu'Isaline reçu de certains des invités. Puis il fut temps de se quitter. Il la serra fort contre lui et lui promis davantage de nouvelles.

Elle ressentit un gros vide lorsqu'elle retourna au salon. Tout avait été rangé et nettoyé. Il ne restait plus de trace de l'ambiance Bollywood, si ce n'étaient les fleurs qui avaient survécu, que l'on avait laissé sur la table. Elle avait reçu tant durant ce week-end, qu'elle se sentait mal d'être seule en cette fin de journée. Elle se demanda ou se trouvait son père. Elle avait soudain envie de tester sa nouvelle voiture. Elle partit à sa recherche et le trouva dans son bureau, devant son ordinateur de travail, deux exemplaires de journaux étalés sur le bureau noir.

Tu travailles aujourd'hui ? s'étonna-t-elle

Non Princesse, j'envoyais juste un mail.

Un dimanche ?

Oui.

Un problème ?

Non.

Dis moi alors !

Non.

Oooooh ! Tu es pénible, j'en conclus que c'est une femme !

Cela ne te regarde pas, répondit-il un peu sèchement.

Se rappelant de sa conversation avec Théodore, elle n'insista pas et changea de sujet.

J'étais venue voir si tu voulais venir avec moi essayer cette merveilleuse voiture qui dort dans le garage. Avant qu'il ne fasse plus sombre, pour une première fois je préfère.

Avec plaisir ! Je me demande si je ne te l'emprunterais pas un de ces jours.

Ah, cher papa, si tu me l'empruntes pour draguer, il faudra m'en dire plus sur la passagère !

Isaline, tu es incorrigible.

Je suis à la bonne école.

Avance, effrontée, avant que je ne fasse enfermer au cachot !

Le père et la fille prirent donc le chemin du grand garage qui abritait les voitures personnelles et professionnelles, ainsi que les motos de Luca et Johnny. La Série2 attendait sagement sa propriétaire et ils prirent place tranquillement. Luca tendit les papiers d'assurance et la carte grise établis à son nom, à sa fille et la laissa faire ses réglages avant qu'elle ne démarre. Le bruit du moteur envahit les lieux et elle sortit précautionneusement, se familiarisant avec le jeu des pédales. Elle arriva devant la grille qui s'ouvrit, elle se demanda un instant si c'était Johnny qui était au PC, puis se concentra sur sa conduite. Elle s'engagea sur la grande route, prenant la direction de La Ciotat, puis accéléra progressivement. C'était un vrai plaisir de conduire cette voiture ! Elle sourit et conduisit silencieusement un certain temps. Luca était détendu, il appréciait la conduite de sa fille qu'il savait prudente. Elle s'arrêta en bord de mer, et ils descendirent pour faire quelques pas. Isaline fit le tour du véhicule pour l'admirer, ouvrit le coffre, et revint vers son père.

Encore merci papa, dit-elle, elle est géniale !

Je suis heureux qu'elle te plaise.

Tu plaisantes ? J'aurais été comblée avec moins que ça.

Je sais... mais la couleur ?

Elle est magnifique, j'adore.

Va bene !

Au fait, tu as appelé Francesco ?

Oui. Il semblerait qu'il avait un flou sur ta date précise d'anniversaire, il voulait te souhaiter tes vingt ans. Par conséquent il rappellera mercredi. Mais je ne suis pas persuadé que ça ne soit que ça.

Pourquoi ?

Je ne me souviens pas qu'il ait appelé pour quelques anniversaire que ce soit te concernant. Des cartes, des e-mails, mais des appels, non. Je trouve ça étrange.

Le chiffre 20 peut-être ?

Peut-être, répondit Luca hésitant. Nous verrons. Il est en Italie, donc pour le moment, il n'y a rien à voir.

Si tu le dis. On y va ?


Ils reprirent la route, Isaline prenait un réel plaisir à manier le véhicule et faisait déjà des projets de sortie sans escorte. Luca était pensif. Il n'avait plus de contact avec sa famille, si ce n'est avec son frère, Francesco. Lorsqu'il était arrivé en France pour mettre de la distance entre eux et lui, il n'y a que son frère qui avait cherché à garder le contact. C'était un peu compliqué car il reprenait seul l'entreprise familiale, mais il venait plusieurs fois par an en France et rendait leur rendait visite presque à chaque fois. Luca devait reconnaître que, le temps aidant, il était plus détendu dans leur relation. Son frère n'y était pour rien dans sa brouille avec son père et ils s'entendaient bien lorsqu'il vivait aux Abruzzes. Il l'avait soutenu même, quand il avait choisi les études scientifiques. Le jeune Luca, se sentant dans l'ombre de son aîné avait préféré choisir une voie différente, il n'était venu aux finances qu'une fois en France. Il était reparti de presque rien. Francesco l'avait aidé, il n'y avait pas de raison qu'il ne soit pas sincère aujourd'hui. Mais il ne pouvait s'empêcher de soupçonner une manipulation quelconque de la part de son père. Depuis la découverte des dessous de l'entreprise lors de ce stage, il ne voulait même plus lui accorder le bénéfice du doute. Luca n'était jamais retourné en Italie. Il avait complètement rayé cette partie de sa vie. Et aujourd'hui, il sentait que quelque-chose se tramait, et cela lui déplaisait foncièrement.

Ils arrivèrent à la propriété et Isaline remit sans encombre sa voiture dans le garage.

Tu sais que tu peux la garer devant et laisser la clé sur la console dans le hall, quelqu'un ira la remettre à l'abri.

Ah oui, je vais essayer d'y penser. Mais tu leur demandes de la sortir aussi quand tu prends la tienne ?

Oui, aussi.

Il faut que j'appelle le PC ?

Oui. Ou Johnny.

Mais je n'ai que le numéro du PC.

Ah oui ? C'est vrai, ce n'était pas utile jusque-là de te donner le numéro de Johnny. Mais il vaut mieux que tu vois avec lui à cause des équipes. Je vais te montrer.

Tout en montant au premier étage, Luca pianota sur son téléphone . Il s'installa au salon, suivi de sa fille et lui montra l'écran du smartphone.

Voilà, ça c'est le lien que je viens de t'envoyer, ce sont les plannings de présence en ligne. Tu peux les consulter pour savoir qui est de garde, et qui supervise, je te donnerais aussi celui de Malik et Stéphane qui sont les deux autres à gérer l'équipe si Johnny n'est pas là. Johnny fait parfois des choses lorsqu'il est ici sans être de garde, mais bon, il faut éviter de le déranger pour rien, il a le droit à sa vie privée. Donc tu vois, il travaille encore jusqu'à vendredi. Et après c'est Stéphane. C'est bon ?

Devant l'approbation d'Isaline, il continua :

Voici le numéro de la ligne professionnelle de Johnny, je lui ai fait ouvrir sur son propre téléphone, alors présente toi bien, surtout la première fois, qu'il ne se mélange pas les pinceaux. Je t'envoie ceux de Stéphane et Malik également. Si tu les appelles, explique leur bien au cas où j'aurais oublié. Comme ça si tu as un problème seule, avec la voiture ou autre chose et que tu ne peux pas me joindre, tu pourras au moins avoir l'un d'eux. C'est peut-être plus rapide que le PC par moment.

Ne t'inquiète pas, papa, lui dit Isaline.

Elle tremblait un peu et Luca songea qu'elle devait être fatiguée de s'être couchée tard. Il la laissa rêvasser et consulta ses mails. Il vit que Charlène avait répondu à son mail de l'après-midi. Isaline semblait s'endormir et Luca ouvrit le mail. Il s'était excusé de son silence et lui avait demandé si elle acceptait de lui donner son numéro de téléphone, précisant que ce serait plus agréable que de se parler par messagerie professionnelle. Charlène était un peu sèche, mais elle répondit quelques lignes.

Tu me vois ravie de te savoir en forme. Je suis également très occupée de mon côté, mais si tu en as vraiment envie, tu peux effectivement m'appeler au numéro figurant en bas de page de cet e-mail. N'hésite pas à laisser un message.

Charlène.


Luca sourit, cela ressemblait à une réponse de quelqu'un de fâché. Il avait beaucoup hésité, mais il avait lu son article, elle avait utilisé quelques-unes de ses suggestions et, en finesse, elle avait parlé de belles rencontres faisant des allusions qui lui étaient forcément destinées, et il dû reconnaître qu'elle était assez douée. Il s'était décidé, après le brunch avec les enfants, à l'inviter à dîner ou déjeuner pour voir s'il avait envie de continuer à la voir ou non.



Luca n'avait pas remarqué le trouble d'Isaline lorsqu'il lui proposa le numéro de téléphone de Johnny. A vrai dire, elle n'avait jamais songé à le demander. Johnny était toujours dans les parages, il suffisait d'appeler le PC sécurité ou d'y aller pour qu'il vienne. Avant que son père ne lui laisse cette nouvelle liberté, elle n'avait pas eu besoin de joindre le joindre, lui ou un garde du corps en particulier. Alors, certes, c'était la ligne professionnelle, mais elle avait un moyen de le joindre à présent. Elle n'avait pas davantage songé à lui demandé son numéro personnel, et l'idée lui parut soudainement excellente, pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ?

Elle enregistra consciencieusement les liens et les numéros que son père lui transmit. Elle replaça son téléphone dans sa poche et se cala dans le canapé, rêveuse. Elle était encore fatiguée, et elle avait des cours toute la journée du lendemain, cela serait sûrement un peu difficile. Luca pianotait sur son propre smartphone, il n'y avait aucun bruit, elle se laissa aller à somnoler. Ses pensées dérivèrent rapidement vers la fervente étreinte de la veille. Elle avait été emportée par un tourbillon de désir qu'elle ne se soupçonnait pas pouvoir ressentir. Il reléguait au statut de relation enfantine ses liaisons précédentes, c'était un tourbillon puissant et impérieux, qui ne laissait guère Isaline réfléchir. Elle se rappela le baiser de Johnny, puissant, comme s'il l'avait retenu des jours durant, appuyé, délicieusement enivrant. Elle se rappela les caresses, son visage dans ses mains, c'était tellement sensuel. Elle se rappela la main de Johnny commençant à explorer sa poitrine.

Elle entendit frapper, elle sursauta et ouvrit les yeux, elle se mit à rougir violemment. Johnny était dans l'encadrement de la porte. Il entra dans la pièce et la salua, ainsi que Luca, avant de demander s'il pouvait faire son compte-rendu.

Allez-y Johnny, dit Luca, soyons bref, il y a quelque-chose de particulier ?

Non Monsieur. Rien à signaler, mais il faut songer à changer les codes des portillons, nous pourrons voir ça demain si vous préférez.

Oui, je préfère, merci de me le rappeler. Vous tenez bon après cette nuit de vigilance ? Vous pouvez peut-être commencer plus tard demain ?

Comme vous voulez, Monsieur, mais je devais emmener Mademoiselle Isaline.

Je vais m'en charger pour une fois, elle prendra sa voiture et je la ramènerais.

Ah bien, dit Johnny d'un ton neutre qu'Isaline perçut comme de la déception.

A ce propos, je lui ai donné votre numéro, celui de Stéphane et de Malik pour parer rapidement à un soucis éventuel lors d'une sortie seule. Même si je ne souhaite pas qu'elle en fasse beaucoup, cela peut s'avérer utile.

C'est noté Monsieur, je ferais le nécessaire.

Vous avez le sien ?

Oui Monsieur.

Isaline en resta bouche bée. Et pourtant, c'était évident, il avait forcément le numéro, ne serait-ce qu'en raison du traçage possible. Pourquoi ne s'en servait-il pas ? C'était tellement facile. Et puis elle réfléchit et reconnu pour elle-même que ce n'était pas très galant ni idéal de commencer une relation par des SMS ou des appels secrets. Pour achever ce week-end chargé de surprise et d'émotion, Luca continua :

Et puisque ma fille est une à présent une adulte, nous allons modifier les procédures, et aussi faire qu'un avenant à votre contrat, si vous êtes d'accord, pour qu'elle ait davantage de pouvoir décisionnel sur le service de garde rapprochée. Cela s'est fait naturellement mais je préfère le cadrer juridiquement. Apprêtez-vous à recevoir des ordres d'un joli brin de femme, Cow-boy, acheva-t-il, moqueur.

Johnny eu un de ses sourires « à damner les bonne sœurs du monde entier » comme avait dit Annabelle, et Isaline en fut bonne pour tenter de maîtriser son trouble grandissant.

Mais avec un immense plaisir, Monsieur.

Vous pouvez disposez, Johnny, 10H00 demain, ça vous suffira ?

Ce sera très bien. Bonne soirée Mademoiselle, Monsieur.

Johnny s'inclina légèrement en guise de salut et sortit sans plus attendre. Isaline contempla son père. Ce pourrait-il qu'il soit vraiment en train de changer, de se libérer ?

Papa ?

Oui Princesse ?

Pouvoir décisionnel ?

J'ai bien réfléchi, pour le moment ils sont attachés à ta sécurité et à la mienne, mais seulement à mes ordres. Légalement, on n'est pas couvert si tu les appelles et les fait sortir ou s'ils se blessent pour une demande émanant de toi. Et puis ça leur permet de se situer par rapport à toi, tu n'est plus une enfant. La seule chose, c'est que je dois prioriser nos ordres. Je passe avant toi pour certains, notamment si on est tous les deux, pour Omega, pour les déplacements dans un lieu chargé de monde....Je vais y réfléchir.

D'accord. Et par exemple si je demande à sortir seule et qu'ils ne savent pas ou que tu n'es pas d'accord ?

Bon exemple. Voyons, si c'est non, c'est non ; si je ne sais pas, ils ne peuvent pas te dire non du coup.... mais ils me préviennent !

Ah ! Je me disais aussi.

Isaline, c'est important, s'il y a quelque-chose et que je ne suis pas au courant !!

Par contre toi, tu peux disparaître toute la nuit, je n'ai pas besoin de savoir où tu te trouves.

Mais tu es en sécurité ici, dit lentement Luca, sentant le terrain glissant.

Ah oui, mais toi ? Genre tu es dans les bras d'une jolie fille ou tu t'es fait enlever ? Parce que c'est ça, ton raisonnement.

Isaline n'était pas en colère, mais elle voulait que son père comprenne combien elle pouvait être ; par moment, écrasée par tant de précautions. Elle vit Luca réfléchir pendant un moment assez long.

Isaline, je vois où tu veux en venir, mais si j'étais victime d'un enlèvement, le PC en serait averti car je me déplace souvent avec un chauffeur. Quand je suis seul, je suis trackable par mon téléphone, et en général, j'envoie un message, ce n'est pas tout à fait pareil pour toi, tu n'es pas sensée découcher.

Et bien peut-être que cela pourrait arriver un jour. Et là, je fais quoi ? Je t'appelle, papa je vais dormir avec mon petit ami, je peux ? Dit -elle avec une mine attristée

Luca écarquilla les yeux comme si jamais cette éventualité ne lui était venue à l'esprit.

Isaline, point trop n'en faut pour le moment. Je vais essayer de penser à tout ça. Si cela te rassure, je m'engage à te prévenir que je ne rentre pas un soir, d'accord. De ton côté, tu me préviens des changements de programme, comme d'habitude.

Il marqua un temps d'arrêt, hésita puis rajouta.

Tu as un petit ami qui t'as proposé de rester dormir ?

Isaline rit, à la fois amusée et terriblement gênée.

Non, pas du tout, c'était un exemple.

Tu as un petit ami ? Insista Luca

Isaline se mordit les lèvres, elle était prise à son propre jeu. Elle choisi d'imiter le ton de son père quand elle lui posait la même question.

Cela ne te regarde pas, papa, je n'aime pas parler de ça.

Isaline !!! Il faut au moins faire une enquête, tenta de lancer Luca.

Cette fois elle rit de bon cœur. Il ne changeait pas de beaucoup.

Papa, je te raconterais quand ça en vaudra la peine.

Luca laissa tomber le sujet à regret, mais Isaline vit qu'elle avait allumé une étincelle dans son esprit, et elle ne sut dire si c'était une bonne chose.


Johnny Cooper était rentré chez lui. Il avait tellement envie de voir Isaline qu'il était venu faire son rapport de vive voix, alors qu'il aurait pu téléphoner. Elle avait les yeux fermés sur ce canapé, l'air paisible, elle était si désirable. Il sourit en la revoyant sursauter. Il avait observé la moindre réaction devant le discours de son père, Isaline était mal à l'aise vis à vis de la situation dans laquelle ils se trouvaient. La seule chose positive, c'est qu'ils pouvaient à présent communiquer par téléphone sans que ça paraisse suspect. Positive... ou non. Johnny se demandait si c'était prudent pour leur secret. Il se souvint du regard de Malik la veille et secoua la tête. Il ne faudra sans doute pas longtemps avant que tout le monde ne remarque qu'il était amoureux de la fille de son patron. Car Johnny venait de se l'avouer en ces termes, il n'était pas juste séduit, il était totalement amoureux d 'Isaline.

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la suite: http://welovewords.com/documents/solitaires-ch9

  • toujours aussi bien écrit,,, et romantique bien sur ;-)

    · Il y a presque 9 ans ·
    Img

    Patrick Gonzalez

    • ;) bien sûr. Je prends ça comme un complment :D
      Milles mercis. La suite va être bien moins centrée sur les petits jeunes ;)

      · Il y a presque 9 ans ·
      F%c3%a9e 1

      rainette

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