Solitude.

Claude Cotard

Solitude, trop lourde à porter pour toi, petite fille.

Une main pour prendre la tienne, tendre, apaisante.

Le silence d'une maison où seul ton parfum virevolte.

Tu voudrais rire, mais avec qui ? Danser, avec qui ?

Des mots tendres, des caresses, des je t'aime chuchotés.

De tout cela tu ne connais que le néant, l'inexistence

Tu rêves, mais de qui ? Seule et ce silence effrayant.

Et ces dimanches, ces jours de fête devant ta glace.

Dans ce lit trop froid où transite, parfois, un inconnu.

Ces repas en tête-à-tête avec tes idées et tes

rêves.

Se réveiller, matin chagrin, aujourd'hui peut-être.

Et puis non rien, soirée tendresse, avec le chat.

Alors, il y en a un, avec ces mots, et ces promesses.

Avec ces serments, que tu attends, que tu espères.

Le premier qui passe, brisant ta noire solitude.

Te jetant à son cou, tu y crois, tu le veux, y tiens.

Tout plutôt que cette solitude, ce silence oppressant.

Tu concèdes, compromissions arrangeantes, offertes.

Mais au matin il est parti, ou il n'est plus le même.

Le silence est revenu, et restent des cicatrices, tristesse.

Ne te jette pas ainsi, petite fille, à la tête du premier.

Par peur de ta solitude, de ce silence, de ce lit froid.

Cette absence d'odeur, de parfum, de bruits familiers.

Prends le temps, il viendra, reste ce que tu es,toi.

Il en est des femmes comme des hommes, qui

par crainte.

Par allergie de ces silences, de ces absences d'ambiances.

Se précipitent sur les premières promesses inassouvies.

Mieux seule que mal accompagnée, mieux que mal aimée.

N'as-tu assez de ces mauvaises blessures ? De ces bleus ?

N'as-tu rien appris sur toi-même, ce que tu es, ce que tu vaux ?

Inversement, n'as-tu assez de ressasser ton passé, tes blessures ?

Quand il viendra, tu le repousseras, alors que c'est lui que tu attends.

Lui qui aurait su t'aimer, te penser, te guérir de ce passé, des autres.

Jusqu'à quand seras-tu partagée par les extrêmes ? Hier, aujourd'hui ?

Peur d'être seule, peur d'être aimée, peur de tout et pourtant arrogante.

Cachant tant de souffrance, de manque de confiance en demain.

C'est l'amour, compliqué, insondable dans son étrange mystère.

Tu as peur de vivre, tu as peur de mourir, peur de souffrir encore.

Peur du bonheur, peur de la vie, peur d'être aimé, d'y arriver enfin !

Un homme est-il l'autre, les femmes toutes identiques ? Le même moule.

La vie, ça se savoure, sans précipitation, mais sans négligence de ta part.

Saisie aujourd'hui le rayon de soleil qui passe dans ta vie, saisis-le !

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