Solveig

Thomas Morisset

Le silence sous la pluie

c’est le plus facile à écrire

mais il neige sur les bois comme on feuillette des pages – c’est le même

dégout, la même blancheur – la même légèreté…

Lecteur ! alors que je suis assis sur cette stèle à tracer

des murmures à la cendre sur les dos et les robes des jeunes filles

j’imagine

Solveig aux yeux de brume, aux joues roses de dormeuse

(ainsi furent les déesses)

écarter les bras dans la neige

et former l’ombre

d’un ange

qui fera surface

pour la coudre à ses pieds.

*

« Je ne sais plus qui est parti – en fait non,

personne n’est parti,

l’un d’entre nous est juste entré en fraude,

j’étais assise en équilibre sur le soleil et quand j’ai dénoué mes cheveux,

plus qu’un souffle – les barrettes de saule

ne sauront jamais retenir l’autre versant du monde »

De ces mots

ne restera qu’un fil de laine – la dissolution des mains dans l’air – elle voulait jouer avec un ruban

mais ses gestes étaient trop ivres

(la vie toute entière tient

dans la douzième bouteille d’alcool :

un souvenir vague entre deux points clairs)

Signaler ce texte