SOMMEIL DE CENDRES
franek
SOMMEIL DE CENDRES
Je dors tranquille
Dans mes oreillers
Les autres peuvent gueuler:
Je suis inutile
Dans un monde qui tombe
De son socle, mais chut!
Je fais la bombe
Dans des boites en rut.
Le neuneu nucléaire
Me pompe l'air
Mais je verrai clair
Dans un dernier éclair
De sombre lucidité;
En traînant mon ombre
Sur des magazines
Aussi glacé que leur papier,
Recette de cuisine
De mal bouffe.
Me perds dans l'esbroufe
Dans ce mur d'indifférence
Droit devant, en avant toute
Dans les méandres de la route
De mon inconscience
Et je tague au béton
Du lendemain
Un peu de ma raison
Et lave mes mains
Un mal de crâne salutaire
Dont je suis solidaire,
Les feuilles écrites en automne
Ont l'encre un peu morne,
Le stylo est un peu trop gris
Comme un cœur aigri.
Elles tombent dans la corbeille
Avec leurs couleurs vermeilles
Dans bruit le moral froissé
En écho aux premières gelées.
L'âme s'accroche aux branches dénudées
Et l'espoir va se rhabiller
Dans les draps de monotonie
Sur l'oreiller de nostalgie.
L'hiver pointe son nez
Se réchauffer dans la cheminée
Des souvenirs en lambeaux
Le chagrin n'a plu de peau.
La pluie mouille la terre
De larmes incendiaires
Ruisselantes de désir
Dans les rides labourées
Sur la face des collines ravinées.
Les violons de l'automne
Ouvrent l'esse monotone,
Les cages du futur
Dans la pauvre masure
Pour les garder au secret
Avec la clef du regret.
Écrit un jour sans soleil, en un lieu oublié,