Songe Sensuel
rorodator
La chambre serait d'une blancheur étincelante. Murs, sols et meubles, immaculés et opalins, distilleraient une ambiance propice à la béatitude. En cette belle journée de juin, le soleil inonderait chaudement notre écrin, célébrant joyeusement l'enchantement du matin.
Largement ouvertes, les fenêtres inviteraient une douce brise marine, qui viendrait s'échouer sur nos peaux à peine drapées d'un délicat film de sueur, témoin discret de nos ébats passionnés.
Emmêlés, enchevêtrés, tels que les auraient laissés nos échanges gourmands, nos corps sembleraient les deux pièces d'un même puzzle. Nous respirerions du même souffle et nos cœurs à l'unisson battraient le rythme apaisé des amants rassasiés.
Notre tendre étreinte, suspendue, abolirait le temps, pied-de-nez flamboyant aux mornes limites de l'existence. Plus rien n'existerait que le contact de nos chairs jumelles, enlacées et frémissantes, nourrissant nos âmes enfiévrées.
Un chant gai et flûté, gazouillé par quelque oiseau printanier, sonnerait le réveil de nos appétits. Qui réagirait le premier ? Tenterais-je le contact de tes lèvres en un doux baiser pour raviver la braise ? Ou te lancerais-tu dans cette ondulation lascive dont tu aurais le secret pour ranimer ma sève ? Nous reprendrions notre danse où nous l'aurions laissée. Instinctivement, nous saurions les gestes pour surprendre et combler, apaiser ou enflammer. Nos mains seraient taquines, nos langues expertes, nos corps offerts sans inutile pudeur. Au gré de nos caresses, de plus en plus intimes, nos souffles se feraient plus rauques, nos corps affamés se tendraient l'un vers l'autre, arc-boutés, quémandant les promesses du plaisir charnel. Nous arriverions ensemble au moment fatidique, auquel seule l'union de nos êtres étancherait nos désirs assoiffés. Alors, dans un corps à corps animal, nous nous repaîtrions goulûment l'un de l'autre, sans retenue, sauvagement, amoureusement, furieusement, jusqu'à la délivrance extatique atteinte dans un gémissement commun, nous laissant exsangues et repus… jusqu'à la prochaine fois.
Tout cela est si beau en mes rêves éveillés,
Je caresse ta peau dans les bras de Morphée,
Je pleure tous les jours l'affreux manque de toi,
Au loto de l'amour je perds à chaque fois.