Sorcière noire

louise_kalfon

illustration : Gabriel

Ça ira je fais ma vie, je n'ai plus envie de t'écrire. Alors j'écoute ce qui me correspond, le souffle, ce qui m'appelle. C'est invisible. J'aimerais parler avec toi. Parler avec toi de toi. Ne surtout pas me fâcher. Je suis très près de me fâcher. Il ne faut pas que j'y aille. C'est trop risqué. C'est glacial, défait, à refaire. Un questionnement lointain. Une beauté. Une forme de beauté. Je ne veux pas me mettre en colère. Je vais tenir, résister. Je vais écrire, pour noyer ma peine, ma violence. Je vais hurler sur du papier, mélanger mes sueurs froides aux blanc. Écrire, tremper mon stylo. Expliquer ce que j'ai lu, les trajets de personnages hantés, la fin suicidaire, l'abandon, les langages des amants. Des morceaux de textes à croquer qui comblent mon besoin de rester éveillée, de vivre. Je réunis mes forces, j'essaye de sortir de mon enfermement. De ce lieu où tu as bien voulu me mettre, et où je ne suis pas. Je ne suis pas. Je ne suis pas. Ne me forcez pas. Ou c'est tout qui s'arrête. Ou je dis une bêtise. Ou je dis non. Et la vie, se fait. Dire non et la vie se fait. C'est mon ombre. La mort vivante qui existe en moi. C'est une partie de moi que je dois aimer. Et je dois suivre, aussi mon ombre.

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