SORTIR DES IMAGES
d-rudsek
Une porte d'entrée en couleur pour un palais somptueux ?
A suivre ce chemin, on dirait qu'on avance
Qu'on se prépare enfin
Vers un avenir certain
Rejoindre l'autre rive, dépasser son âge ?
D'image en image, on croit qu'on y arrive,
On se rend vers l'inconnu, l'inconnaissable
Les enfants en couleur offraient au monde
Une vision
Leur dialogue enfantin
Leurs mimiques comiques
Tout portait au sourire
Et pourtant l'expérience leur manquait
Et pourtant ils ne connaissaient pas grand'chose
Mais ils étaient l'avenir
A moins qu'ils ne soient le passé ?
Une trilogie, trois êtres jeunes
Semblant nés il y a peu
En réalité des années les séparent
Ce ne sont que les photos surannées d'époques distinctes
Pourtant ils n'étaient pas si différents
Entraient tous chacun de leur côté dans le monde
Etaient présentés aux yeux de tous
Comme nouveaux
On mangeait sous l'ombre d'un platane
Qui n'apaisait pas la chaleur écrasante
Quelque chose nous soûlait
Ou quelqu'un
Pourtant, il pourrait nous faire rire cet étrange animal
Avec son chapeau melon et sa mine de clown
Mais il s'en est allé sans qu'on le remarque trop
La multitude derrière lui, lui tournant le dos
On dirait que cette fois le trouble-fête est parti
Ce monstre froid c'est l'ironie
Un peu de jungle
Un peu d'Afrique
Des animaux féroces
Ces souffrances qui nous assaillent et nous poursuivent
La nature se déployant dans l'image
Le jaune soleil engageant la photosynthèse
La vie finalement n'est que ce puzzle imparfait
Que l'on recommence en vain
On a beau chercher le chemin
On reste globalement plutôt perdu
C'est ainsi qu'on observe le miroir de la galaxie fendue
Hors de l'obscurité de la chambre embuée
Dehors, luit la lumière
Mais, pourtant, de sa cellule
Il est difficile de sortir
On aimerait pouvoir parfois
S'échapper du quotidien éreintant
S'absorber dans la contemplation
Rester là, lézarder, sentir le vent
Mais toujours on court
On court, sans jamais vraiment pouvoir s'arrêter
Pourtant, l'espace d'un instant,
Se poser, définir sa vie
Nous nous sommes peu à peu éloignés de ces images
Façonnées par l'esprit en des temps plus obscurs
Lorsque, ballotés par le vide, la solitude nous étreignait
Faire de ces élans d'alors des souvenirs
Synthétiser en écrit ces colères du passé
Retrouver les mots
Exprimer les soubresauts
De l'âme
Pour embrasser l'univers
Maintenant reposé, repoésier
D. Rudsek 2013