Souffle de vie

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Akylena, l'artiste peintre est en train de mourir

Akylena se nourrit de chaque instant qui passe. Elle souffre toute une nuit puis sourit au matin d'une aube qui submerge sa chambre et son corps frêle.

Je lui lis Eluard et ses yeux gris s'éclairent de nuances du temps qu'elle a si bien vécu et de bribes de jours qui peaufinent son œuvre.

Tous ces vers de vie, de mort et puis d'amour qui lui parlent d'elle et caressent son âme intacte dans sa chair diaphane. 

Il y a de la vie dans son visage pâle qui camoufle à peine la peur qui la tourmente.

Il y a de la vie dans ses pupilles sombres qui se noient dans les miennes.

Il y a de la vie dans cette main humide qui accroche toutes les mains qu'on veut bien lui prêter.

Il y a de la vie dans cette voix si faible qui murmure j'ai mal et encore je t'aime.  

Il y a de la vie dans ce souffle infime qui s'engouffre et s'expire de sa gorge bruyante.

La mourante donne le temps de saisir l'essentiel, le message de sa vie qu'elle offre à la terre.

Elle endure son sursis et offre jusqu'au bout d'authentiques mercis et des mots de soleil.

Un tout petit vent tiède la rattache apaisée à la mort qui s'apprête.  

Et elle m'aide à l'aider lorsque qu'au bout de ses forces.

Elle effleure ma main de ses longs doigts  exsangues et je lui lis émue cette poésie ininterrompue.

Pour que ses mains posent leur paume
Sur chaque tête qui s'éveille
Pour que les lignes de ses mains
Se continuent dans d'autres mains

Elle est partie, bercée des mots de son poète.

Adieu Akylena, celle qui trouvait si bien les teintes de nos êtres. 

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