SOUFFRANCE

louise_kalfon

J'ai 35 ans dans quelques heures, je ne remercierai jamais assez ma mère, mon père, vivre pour eux parce qu'ils vivent pour moi. Ne jamais vivre pour soi, parce qu'ils ne vivent pas pour eux. Je n'aurais jamais d'enfant, parce que c'est quelque chose d'horrible, la souffrance qu'on endure à en être un, mieux vaut laisser la nature à la nature, les animaux se comporter comme des animaux, les hommes qui se comportent comme des animaux se reproduire, que le monde entier reste animal, humain. La perversité a empli ma vie. Je pense connaître tous les cordages de la manipulation et du pouvoir sur l'autre. Il n'y a pas de regard qui me trouble, mais certaines personnes me font pleurer, je les remercie, je les cherche, j'espère rencontrer suffisamment de personnes qui me feront pleurer pour épurer du temps qui passe en moi. Je ne chercherai pas à être bien comprise, les mots sont des sons pour moi. Les lettres doivent s'associer ensemble. Plus tard, peut-être, j'écrirai des chansons. 

 

Je voudrais vous parler de la douleur, des nuits étranges à faire des cauchemars qui semblent la réalité au point qu'on se réveille et qu'on se rassure, ce n'est vrai, ce n'est pas la réalité, en fait je suis toujours moi, rien n'a tellement changé. Mais la charge est là, le poids de la vie, les marques du corps qui change, le trop plein accumulé. 

 

La vie se vit seul, alors je terminerai avec un chien d'en un petit appartement me dit-il. Nous avons tous peur de finir en EHPAD, pourtant ce n'est pas si terrible, il est là l'amour de nos ancêtres qui résistent. Ils n'ont plus grand-chose que nous. Notre seul fait d'exister les rend heureux, alors que nos ami.e.s nous demandent l'impossible, être toujours plus impressionnant. Je t'attire, je te séduis, je veux que tu me parles, je veux que tu me touches, je veux que tu sois toi-même. Je suis en colère contre l'attente des êtres humains, contre ma propre attente. Je suis en colère contre mes peurs. Je suis en colère contre l'amour. Je suis en colère parce que j'aime la colère. Je suis triste parce que je me sens seule.

 

Je voudrais expliquer la sensation de porter, transformer, attendre. Nous n'en faisons jamais assez, il n'y a pas de limites, il n'y a que des peurs. Le chemin est difficile et quand tu es sur le bon chemin c'est difficile. Encore ce matin on m'a fait mal, la personne est jalouse, la personne fait une remarque déplacée, le mot te blesse. Tu n'arrives pas à faire de l'humour, tu aimerais bien. J'adore l'humour, j'ai un humour génial.  

Signaler ce texte