Souffrances

Archange Flippé

Je suis flou, sans objectifs. Corrigez-moi, mais attention !

sans mise aux poings.

Je suis flou, surexposé dans la profondeur de champs indéfinis,

l'horizon perdu de vue. Je suis flou, même le miroir ne me réflexe plus.

Je pose la tête dans l'obturateur-guillotine.

Ne souriez pas ! Déclenchez! Le rideau tombe…

Encore un mauvais cliché...

Un cliché de foutu.

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A l'impossible nul n'est détenu,

à moins de s'enchaîner trop réel

dans les mondes si virtuels.

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Le Temps se décompte, seule l'intensité compte.

Mieux vaut vivre éphémère danseur qu'immortel sans ailes.

Le Temps pis, c'est celui perdu à vomir laids des mots blancs,

à les cailler de ses peurs, de ses froideurs, ou à les vider de sens.

Tant qu'il s'écoule, ce temps-là, il lasse ici-bas, à trépasser prématuré.

Laisser le Temps filer, à seulement le regarder passer,

c'est ruminer sa médiocrité, se défiler, se démettre de son humanité.

Aimer, c'est la vivifier.

C'est p'tit. Y'a des barreaux,

un lit, un lavabo,

un trou avec de l'eau.

Vous avez deviné,

j'suis en taule.

Par terre du lino,

une cuisine avec un frigo,

un vide-ordures, une sale biture.

J'suis plus en taule,

j'vis dans une piaule.

J'ai trouvé du boulot,

raclure dans un bistrot.

C'est pas une sinécure.

Et v'là que ç'loquedu

m'envoie au chômedu.

Ras l'bol, j'retourne en taule.

C'est p'tit, quat'planches et puis des clous.

La taule, j'm'en fous,

j'ai choisi d'vivre dans l'trou.

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