Sourire

Habité par l'horreur et la peur, tu n'as nulle famille, ton aînée est déjà partie dans sa maladie, sa croissance n'avait pas de fin tout comme la tienne. Elle osa toucher le ciel du bout de ses doigts, c'était son unique souhait, son unique sourire.

Tombé dans l'oubli étant petit, tu te réfugias dans ton seul bonheur, le parfum des fleurs. Tu te disais connecté à elles, tu te sentais à nouveau aimé et accepté.

Vins le jour où tu perdis la vue. Comment ne pas finir seul et triste sans pouvoir contempler son bonheur par l'iris. Tu étais si géant, tu avais beau avoir la tête au-dessus des nuages tu ne la voyais pas, seulement quelques étoiles puis le néant.

Habité par ce malheur, tu décidais de fermer les yeux jusqu'à ta fin, espérant que ces fleurs, bourgeonnant les nuages, accepteraient ton pardon, faisant voeu de la retrouver un jour.

Assis, tenant dans tes mains deux bourgeons, tu les mis à l'intérieur de tes yeux, ainsi, tu créas ce monde dont tu avais toujours rêvé, celui où les fleurs flottent dans les airs, avec pour pétales des souvenirs dérobés entourés d'une lumière bleutée. De par ta silhouette lumineuse et fine et cette peau couleur saphir, tu éclaires ce monde. Dans tes yeux lumineux s'y logent les pétales de ces lys, dessinés à la place de tes iris.

Maquillé de tes fleurs, le bonheur aux lèvres, tu aperçus enfin au loin cet unique sourire.