Sous contrôle fiscal

Jean Claude Blanc

                                Sous contrôle…fiscal

En ces temps de galère, avouez, n'ai pas de bol

Me rappellent les impôts, faut dire, c'est leur rôle

Décortiquent mon budget et me tannent la peau

Je vais prendre, aussitôt, un billet au loto

 

Choisi à l'improviste, anonyme péquin

Fallait que ça tombe sur moi, c'était sûr et certain

En ces journées de deuil, aux fleurs de la Toussaint

Pour ma pomme, ce contrôle, quel fabuleux destin

 

Tellement j'en ai bavé, ces années de disette

Divorcé, esseulé, j'en ai plein ma musette

Me croyant épargné, à l'aube de ma retraite

Paré pour prendre tranquille, ma poudre d'escampette

L'Etat, ce maquereau, me raquette pour des miettes

 

C'est au mauvais moment que les ennuis arrivent

A ce trop gros défi, mon esprit s'envenime

Mais dur à avaler, me reste que l'esquive

Parfois, serais tenté, rejoindre l'autre rive

Envoyer tout péter, en écrivant des livres

 

Fidèle, et bienveillant, mon généreux Trésor

Ne m'a pas oublié, me tend son coffre-fort

Je devrai cotiser, hélas, jusqu'à ma mort

Tant la France est ruinée, en perdant tout ressort

 

Tout le monde a compris, pâtit la République

Manque de gouvernance et surtout manque de fric

Mais la pompe à finance, elle, en toute logique

Se tourne vers ses adeptes, pour refaire sa boutique

 

Demain suis convoqué, comme un drôle d'oiseau

Par la dame des impôts, qui fait que son boulot

Et sans aucun scrupule, va déballer ma vie

D'avance, soupçonné, de piquer des radis

 

Contribuable soumis, ne trouve rien à redire

On doit participer, pour garnir la tirelire

Mais c'est un puits sans fond, l'argent n'a pas de prix

Mais certains magouilleurs, en truands convertis

Dans des pays vernis, placent leurs économies

 

Salarié, retraité, je suis la vache à lait

Facile de vérifier, à une virgule près

Tout ce que j'ai gagné, je l'ai bien mérité

Pour l'Etat providence, c'est tellement plus aisé

De faire les gros yeux, au petit usager

Par lettre recommandée, on m'a interpellé

C'est signe qu'aux impôts, ça va pas rigoler

Comme avec les gendarmes, faut surtout la fermer

Faire des génuflexions et leur baiser les pieds

Avec un sourire d'ange, présenter ses papiers

 

Trouillard, me direz-vous, je voudrais vous y voir

Je ronge mon angoisse, pas loin le désespoir

Me voyant condamné, comme aux travaux forcés

Repentir ma conscience, payer les intérêts

Mentir pas omission, jouer les écervelés

Mais je suis trop candide, avide de vérité

 

J'aime pas ces formules, quelque peu ampoulées

Qu'on sert aux convives, sur un plateau doré

Derrière chaque mot châtié, comme un rapide baiser

On sent la main de fer, qui enserre le gosier

 

Rien à me reprocher, n'ai ni tué, ni volé

Pourtant de tous les crimes, je me crois affublé

Suffirait d'avouer, que j'ai fait des pendables

Faire semblant de pleurer, pour juste être agréable

Rassurer le rond de cuir, que je suis redevable

 

Pays démocratique, humaniste, laïque

Belle carte de visite, république charitable

L'arrière du décor, est beaucoup moins lyrique

La Nation souveraine, méprise ses contribuables

 

Vous demandez pourquoi, ignorants que vous êtes

Plus cotisent les français, plus le pays s'endette

Les extrêmes se rejoignent, sur la même tempête

Les roturiers d'en bas, ne sont que pique assiette

 

A force d'être taxé, à tort et à travers

TVA, CSG, PV, et parcmètre

On y voit plus très clair, car on en est plus maitre

Aux dindons de la farce, ça tape sur les nerfs

 

Veux bien faire mon devoir, mes manches les retrousser

Lâcher quelques piécettes, afin de restaurer

Les pauvres, les chômeurs, les vieux, handicapés

A condition quand même, que tout le monde paie

 

Hélas, marche pas ainsi, notre sage société

Certains sont plus habiles, savent se les rouler

Actionnaires boursiers, se barrent à l'étranger

Aux îles ensoleillées, où ne sont pas fliqués

 

Si les gens désespèrent et se mettent en colère

C'est la faute à Voltaire, au siècle des lumières

Veulent être considérés, comme clampins ordinaires

Plus qu'on croit solidaires, sans l'art ni la manière

L'imposition, ça sert, selon nos dignitaires

A soigner les misères… assez, mieux vaut me taire…

 

N'ai rien à déclarer, que ma pauvre chemise

Et si c'est pas assez, mes chaussettes trouées

En retour SVP, faites-moi une remise

Trésor soit bon public, admire mes effets

 

Tant va la cruche à l'eau, qu'à la fin elle se casse

De trop payer d'impôts, les parvenus s'effacent

Dans paradis fiscaux, où leur pognon, le placent

En rentes assurées, de lingots, de palaces

 

Comment ne pas râler, quand un simple travailleur

Se trouve suspecter, avec zèle et ardeur

Par un con fonctionnaire, qui lui compte ses heures

Afin de dénoncer, ce vilain malfaiteur

 

En évoquant mon cas, ça m'a fait réfléchir

Je ne suis pas à plaindre, dans l'espoir, je veux vivre

Mais je pense aux copains, aux jeunes sans avenir

Qui se serrent la ceinture, d'un RSA s'enivrent

 

L'impôt, on le serine, et le moyen plus sage

Pour associer le peuple, au sens du partage

Mais malheureusement, y'a des gens plus malins

Qui s'accaparent tout, et donnent jamais rien

 

Je vais, l'esprit serein, sans doute me mettre à poil

Peut-être va m'ausculter, une charmante dame

Un moment difficile, mérite brin de plaisir

En lui déliant ma bourse, j'ai hâte, la conquérir

 

Défilent dans ma tête, ces images de vedettes

Yannick, chanteur raté, Gérard, lard adipeux

Chacun à sa façon, a trouvé sa recette

D'abord quitter la France, ailleurs gagner mieux

Raquetteur, comédien, dans la même charrette

 

Le bosseur résidant, pour lui jamais relâche

Est mis en pénitence, sur le plancher des vaches

Le fric qu'il a acquis, va vite le mettre à l'ombre

Comme le Titanic, le bateau France, sombre

Surplus d'inspiration, merci à mon Trésor

Public évidemment, le mac de l'Etat

Peut-être que pour ce texte, sera taxé plus fort

Pour injures et mépris, et ma mauvaise foi

En versifiant féroce, j'apaise mes angoisses

Je passe un examen, poursuivi par la poisse

A cette institution, galanterie oblige

Lui offre ma galette, salée et sans surprise

Plus rien à déclarer, que mes pauvres oripeaux

Le chantant pas trop haut, cafardent les corbeaux

 

Pendant ce temps, en douce, circulent les valises

Des liasses de billets, aux politiques, promises

Le modeste électeur, rajoute encore sa mise

Pour faire élire les maitres, faut être sous leur emprise

 

Assujettis aux règles de la constitution

Obéit le mouton, sans se poser question

Où passent ses impôts, sa part de pognon

L'Etat à sa façon, pratique la digression

Moitié des revenus, s'envolent en fumée

Un ringard ministre, s'est fendu d'une idée

« Prélever à la source, serait moins douloureux »

Préfère la mort subite, que vivre à petit feu

 

Humaniste convaincu, assoiffé d'équité

Adulte responsable, citoyen avant tout

Je rêve d'une Nation, prospère, fortunée

Où n'y a plus de doute, ni voleur, ni jaloux

 

Ça parait impossible, et pourtant moi, j'y crois

De contrôler les comptes, ça manque de pudeur

On ne peut distinguer, tricherie de bonne foi

Aussi, je déballe tout, j'en ai trop sur le cœur

 

La France est aux abois, la crise passée par là

Partis de droite à gauche, sont mal embarquées

Par mépris ou bonté, ne nous le disent pas

Se contentent de gérer, à coups de préjugés

 

Une remise par ci, une taxette par là

Gestion à la sauvette, pour même résultat

Socialistes au pouvoir, passent de vie à trépas

La droite recommencée, elle n'en veut surtout pas

 

L'Europe va s'en mêler, le désastre annoncé

Nouvelle institution, nouvelle fiscalité

On déshabille Pierre, pour revêtir Paul

Histoire de pas s'avouer, que l'on vit à la colle

 

Ça fait un peu blaireau, et blague de comptoir

Qu'un riche pétrolier, parvenu du Qatar

Déverse à volonté, tas de pétrodollars

Pour graisser des manchots, du ballon rond, les stars

J'ai fait tout ce détour, car j'ai besoin d'humour

Entre moi et les sous, c'est pas le grand amour

Si j'en ai, les dépense, pour combler ma famille

Alors, laissez-moi rire, moi qui suis une bille

Dans l'art de la resquille, je préfère mes guenilles       JC Blanc novembre 2014 (pour le fisc)

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