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Souvenir
Maxime Arlot
Le petit pont de bois qui menait au verger
Tremblait quand nous passions, espiègle troupelet ;
Ses planches vermoulues, fatiguées par le temps,
A nos babils criards mêlaient leurs grincements.
Ce détroit surveillé, à l’accès difficile,
-Nos mères fustigeaient ces enfants indociles-
Ouvrait des univers pleins de jeux et de ris :
Le bonheur festonnait nos insouciantes vies.
La rivière endormie sous le soleil ardent
Etoilait nos regards de ses scintillements ;
Nous étions impatients et les fruits défendus
Avaient le goût divin du Paradis Perdu !
Le printemps est passé, l’automne se profile,
Les années ont creusé leur trace indélébile
Mais mon cœur attendri n’a jamais oublié
Le petit pont de bois qui menait au verger.