* Alcool *
Alice Liddell (Falling Cards)
Délire.
Ses yeux de serpent me hantent, son visage est là, sera là, même là, sans toi.
Démence.
Ses images vides et sobres, visage pixelisé, papier glacé, volupté.
Ces passions porteuses de signes de tempêtes rongent avec douceur les cœurs. Je la vois, passionnée, et reçois ses caresses – mon amie -, ma compagne bien aimée, nommée mélancolie. Serai-je longtemps encore une énième victime de sa flamme perverse? Je caresse le long corps froid de l'amante, et en soude le goulot à les lèvres tremblantes. Je ne suis qu'une parole dans l'attente d'une oreille.
Jouissant de sa splendide absence, écrasé de son silence je ressens que j'existe. J'embrasse avec tendresse la rose des Vénus – m'embrase.
La déesse verte me susurre que la voie de la jouissance, se trouve sur le chemin de l'ivresse. Son odeur apaisante chasse les nuages et la tempête, remplaçant le sombre ciel par ses voiles brumeux envoutants. Mais alors ses caresses se font morsures. Elle cache ces images et ses visages de papier morts en troublant mes yeux – funeste mascarade dont je ne suis que jouet et pantin – Mon corps se courbe et se cambre et je relance à même le sol le poison de ma compagne absinthe. Sur ce sol souillé, git la pureté de mon enfance, ce regard d'insouciance et d'innocence où luit la comédie et sa magie.
Son merveilleux est mort.
C'était donc ma peur. Mes fantasmes massacrés et voués à disparaître sous mes désirs aveuglés, je n'étais pas le maître. Une simple poupée passionnée agitée, manipulée qui se meurt dans sa tristesse. Gisant dans ses relents anisés, le regard ardent et alcoolisé. Elle seule ne tentait ses promesses.
La nuit, mon âme, amour. Prends moi, enchaîne mon corps et mon âme pervertie de tes caresses suaves, des doigts de velours. Et soyons à jamais amants. Délivre-moi par ton emprisonnement.