Statue, statue.
Blurp De L'espace
Nos rues sont jonchées de statues de petites envergures à têtes baissées, tendant leurs mains toujours suppliantes, à l'affût d'une pièce ou d'un espoir inespérable. D'autres statues à mobilité d'esprit réduite passent devant ces buissons d'apparence humaine et leur « état de statue » se discerne dans leurs regards, qui figés se détournent de ces mains qui peu à peu s'effacent à leur vue. Le comportement de ces statues n'est pas à blâmer. Le seul reproche qu'on peut leur faire est celui de n'avoir pas remarqué leur mutation en être de pierre. Et encore… La misère n'a pas d'odeur, le désespoir non plus. Elles n'ont rien senti arriver.
A présent, leur nez fait office de décoration, incapable même de sentir une vapeur de compassion. Alors elles se parent de liquides olfactifs créés par d'autres, des créateurs d'odeurs puisque d'odeur il n'existe plus. Et ces odeurs sont chères car nécessaires. Car il y a dans cette société, une nécessité à ne plus se sentir, à ne plus sentir que l'on ne sent plus rien.