Strike the pose !
magadit
« Non attends mon Roudoudou, déconne pas je suis pas prête ! »
Pas prête. Le pauvre « Roudoudou », je le vois dans la rue il tremble devant sa Choupinette en sucre. Il ne tremble pas de peur, non, non, il tétanise le bras en l’air depuis une heure, un appareil photo de 15 tonnes au bout du bras. Il n’a pas de chance le pauvre Roudoudou, le vent a décoiffé sa Choupinette, ensuite c’est le soleil qui l’a aveuglée. Méchant soleil. Bouhou vilain pas beau soleil. C’est pas non plus de la faute de sa Choupinette si son rouge à lèvres est parti, si son cou plisse, si ses joues sont trop rondes, et si ses yeux sont trop serrés.
Et pas question pour la Choupinette d’amour en sucre qu’il adore, de ressembler à une carpe, à une dinde, ou à une grosse vache. Alors elle pose, elle cherche la pose naturelle mais pas trop, « nude » mais sophistiquée quand même, sexy mais pas vulgaire. Elle a vu ça dans Elle sur une grande bringue aux genoux plus gros que ses cuisses. Alors Choupinette jolie a souri en montrant les dents, mais ça fait vache qui rit. Alors maintenant elle planque les dents, mais ça lui donne un air de hamster. Donc logiquement depuis qu’elle sourit plus, elle creuse les joues et agrandit ses yeux. Mais merde, voilà que maintenant on dirait un panda sous amphets’ ou une rescapée Dukan. Elle fait la gueule du coup. Elle boude, elle boudine.
Son image elle la gère, parce qu’elle le vaut bien patin couffin ! Choupinette à la crème repart en arrière et lui fait donc son regard mystère. Son regard de chienne, celui dit « oh oui Raoul prend moi comme une bête à quatre pattes sur la moquette ». Mais curieusement Roudoudou transit de froid a depuis longtemps débandé du bras. Sa libido est à moins mille. Il rêve d’une bonne bière loin de sa furie. Il rêve d’avoir fermé sa gueule, de pouvoir ravaler son « ma chérie tu serais si jolie dans ce coucher de soleil ». Il y croyait lui, à la petite photo bucolique qu’il aurait collée dans son album doré avec sa collection de scènes de bondages avec son ex de l’an dernier. Enfin une photo qu’il aurait pu montrer à sa mère… c’est vrai qu’elle avait fait un peu la tête sa mère lors de sa dernière visite. C’est super prude une mère se dit Roudoudou tout mou.
Bref, plus d’une heure que ça dure… Le pauvre pigeon (je parle du piaf bien sur, pas du Roudoudou à sa Choupette) sensé servir de faire valoir s’est depuis longtemps jeté sous les roues d’une voiture. Il venait déjà de se rater 2 fois avec la corde dans la bibliothèque et le revolver dans la cuisine. C’est pas doué un pigeon. Son pote l’écureuil entame son 2ème tournoi de poker. Il s’en fou lui il est hors champ. Il glousse. C’est un peu pute un écureuil.
Les gens qui s’étaient aimablement écartés pour la laisser prendre la pause, s’agglutinent sur le trottoir. Les paris fusent : Va-t-il lui balancé l’autofocus dans la figure ? Les regards des autres males se font solidaires. Ils vérifient l’air de rien qu’ils ont bien oublié leur appareil avant de lancer tour à tour « Regarde ma tourterelle comme c’est touchant. Moi aussi j’aurai aimé te prendre ici, tu es si jolie ». C’est faux cul un mec solidaire.
Ça y est !!!! Enfin on y est. Notre Naomi poubelle est satisfaite de son rictus un tiers hautain un tiers catin un tiers innocent deux tiers in love. L’homme croit enfin au destin, à sa mère satisfaite à son épouse immortalisée, à sa future petite gâterie dans le canapé… Il y croit enfin le Roudoudou à sa mémère quand soudain son tympan explose. « Nan mais t’es dingue ? Nan mais regarde là, à coté de mon oreille, à 2 cm en dessous du trou, nan mais c’est quoi ce pli ??? Ca va pas être possible, on recommence ! ».
Roudoudou est bourré de tics. Il lâche l’affaire, il range son matos avec hargne, il conchie le coucher de soleil, il finit le pigeon idiot avec son talon, il fait un doigt aux passants, il calcule rapidos le cout d’un divorce, il transpire il en peut pu. Roudoudou sent monter en lui un besoin irrépressible de coprolalie.
Qu’est-ce que c’est vulgaire un Roudoudou devenu fou…