Sur la frontière birmane, entre deux guerres

indiana

Ce texte, comme tous les formats courts, appartient à la série des nouvelles que j'ai écrites, une par jour, en 1500 caractères, cet été.

 

L’aventurier italien ajuste sa casquette de marine. Les pales du ventilateur plafonnier brassent l’atmosphère.
— C’est un bon transistor japonais, fait le marchand russe.
— C’est un poste Pathé français que je veux.
— Ecoutez ça, l’ami, ça vaut bien les Pathé.
Le Russe tourne le gros bouton.
« …nance de Shanghai : Près du pont Marco-Polo, un détachement de troupes japonaises de Fong-t’ai est parti faire des exercices de nuit… »
— C’est pas du bon matériel, ça ? Un surplus volé sur un train japonais.
« …lorsque des troupes chinoises ont ouvert le feu. »
— Pas bon, ça, murmure l’Italien.
— Ça va, fait le Russe en coupant le transistor. Les Beretta 38, les détonateurs anglais, l’opium, les camions russes et les pistolets de marine allemands, ça nous fait, 59.600 dollars chinois. Demain, des amis musulmans vous emmènent à Fong-tao. Un ami ataman cosaque vous présentera à la comtesse Vesnaïa qui vous achètera les détonateurs. Vous payez, oui ou non ?
L’Italien écarta le voile de la fenêtre et :
— Demain ? Je me demande si je verrai demain.
Le Russe saisit un revolver sur la table et grommèle :
— Ça va. J’ai un général nationaliste qui attend, à côté. Filez d’ici !
L’aventurier sort lentement sous la pluie battante, enfile son manteau de fourrure, en ajuste le col. Son chauffeur amène une guimbarde, qui l’emporte dans les flaques d’eau. Il croise des camions bâchés de l’armée indo-britannique qui remontent vers le Nord. La frontière birmane est mal fréquentée, décidément.





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