Sur la route

Aloysius Isidore Dambert D'eaucloret

Ma garce de vie s'est mise à danser devant mes yeux, et j'ai compris que quoi que je fasse, au fond, je perds son temps, alors autant choisir la folie.
Ma garce de vie s'est mise à danser devant mes yeux, et j'ai compris que quoi que je fasse, au fond, je perds son temps, alors autant choisir la folie. Et parce que les seuls gens qui m'intéressent sont les fous furieux, les furieux de la vie, les furieux du verbe, qui veulent tout à la fois. Je fais le choix de cette folie ...
(Sur la route de Jack Kerouac)

Dans la brise de l'aube primale, pieds nus, manteau flottant
Je suis parti au hasard tel un enfant ingénu et espiègle
Comme s'il faisait noir et soir malgré la lumière éblouissante
Le souffle court, les gestes incertains, l'envie au foie et l'ironie aux lèvres
Ton sourire s'est éteint, bien-sur, hélas, las comme un feu qui s'étouffe
J'ai perdu cette foi, la foi qui fait chanter la route aux semelles de vent
Je plante au cœur le mal de ton esprit frémissant et si palpitant
Le doute me gagne, et j'use mes talons sur le caillou sanglant
Et ce ciel ténébreux se reflète dans tes yeux innocents, la route est là
J'ai renié l'orgueil, la souffrance, j'ai fait front bas, pour mieux te laisser fuir
Mon cœur si peu dur a dû s'assoupir au fumier de ton indifférence
Mes rêves engraissés pèsent sur mon esprit famélique, alors je chausse mes spartiates
Les fentes ensanglantées de mon âme noble s'effilochent, j'en suis navré
J'attends avec délectation le jour de l'épuisement marathonien pour que mon cœur se referme vidé
Matrone trop fardée au seuil d'une vie que tu refuses de partager
Ton âme si épanouie, si sereine, en apparence, n'accueille plus le pèlerin
Je ne suis ni dévot, ni pariât authentique, juste un marcheur éperdu
Je m'écroule le front plein de cendre et d'ocre, adorant tout de toi, terrible hydre
Tu me rassures en rien malgré tes étaux puissants sur mon crâne capon
Tu me regardes grouiller dans le vivier de mes vices obscurs et lâches
Vipère d'or adorée, tu me rabaisses à mes pêchers capitaux sans indulgence
Pourtant, des jours, des longues nuits, je songe à la fatalité
Quelles sont les écrouelles subies, et les écueils que je traverse bon gré mal gré
Le désir unilatéral me reprend, me rattrape au penchant de l'abime
Tu m'éclaires malgré toi, je te vois, les bras largement ouverts
Dans tes iris magnanimes, tout grands dilatés, je sens ta raison, ton pardon
Je sais, je vais me préparer à la longue route, aux graviers acérés, ils ne me feront pas peur, ni si peu souffrir, tu seras là

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