Sur le mal universel

peterpanpan

Il y a des jours comme aujourd'hui, où le mal reprend des forces qu'on ne lui soupçonnait plus. On languit, on languit ! Le corps est comme un torchon sale, si sale qu'on ose pas y toucher, et l'idée de le nettoyer ne fait monter en nous qu'une grande exaspération ! Alors on le prend du bout des doigts. On se déplace du bout des pieds, les bras ballottant comme de vieux paquets sur des bouts de ficelles. Et puis l'esprit ! Il est mangé. Oui, mangé, on sent littéralement un creux, comme une empreinte de morsure dans cette tête qui fuite comme un pneu crevé. Et on sent l'air qui passe, qui se dégonfle ! Ça énerve ! On est énervé.  Avec cette fuite, vous pensez. Tout ce qui nous rentre par la tête, bruits, odeurs, surtout bruits, irrite. 

Ce mal, celui pour qui on a, à la fois, le plus de complaisance et le moins de compassion, c'est la solitude. C'est un grand feu. Combien de génies y doivent leur flamme ? Il faut y goûter assez longtemps, avec assez de désespoir, avec un sentiment d'inexorable pour comprendre ses raffinements. C'est un beau diable ! Habillé d'orgueil et de délices. Ses ivresses ne sont pas d'ici. N'importe quel homme replié sur son art, tenant d'une même main son eau-de-vie et son génie, vous le dira. Oui la solitude est féconde. D'illusions, de beaux rivages brûlants au loin dans son désert ! Ses plus beaux dons sont un chemin de croix et une vue. 

N'y entrez, ou n'en sortez jamais.

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