Sur un clocher jauni

arthur-kinski

Toutes les nuits sont calmes pour le berger amoureux. La nature sied à plier l’échine devant l’évidence : le berger aime sa bergère. Son cœur s’embrasse et se remémore la promesse que lui fit la lune, qu’elle et lui se croiseront deux fois avant le retour de l’être aimé. Les deux cycles ont passé, il a cueilli des fleurs et il l’attend près d’un clocher. Il guette le petit point de lumière plein de promesse, la lanterne qu’elle tient pour éclairer sa route. Le berger sourit et le clocher résonne. Le berger entrevoit alors une voiture le long de la pente et disparaître ensuite. Le clocher sonne une deuxième fois et c’est une bouteille de soda qui s’écrase à ses pieds. Le clocher conclu une troisième et le berger sait maintenant qu’il y aura des ordinateurs, des murs et des lois, des publicités et des névroses ; et que, pire encore, l’homme arrivera à s’y faire. La bergère, enfin arrivée, s’approche alors de son berger en larmes. Ce pauvre homme la saisit dans ses bras et lui demande de l’aimer maintenant car demain cela sera plus dur.

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