Surdouée.

chachalou

Quand le Paradoxe est de naissance.


Répondre à cette question-là, qu'est-ce que cela fait d'être surdouée ? C'est plutôt un calvaire qu'une facilité, à dire vrai. Car dans le fond des choses, d'aussi loin que je me le rappelle, je l'ai toujours été. J'ai toujours eu des tas de questions sur le coin de mes lèvres, constamment été reprise pour mes bavardages incessants, en cours comme ailleurs, toujours blâmée pour mes idées décalées, sans cesse haït pour mes anticipations diverses et variées, toujours perçue comme différente, mature, en avance et en retard parfois. 

Répondre à cette question en quelques mots, ce serait infaisable, parce qu'être surdouée, c'est un ensemble de facteurs à vivre au quotidien. Des tâches que l'on ne fait pas comme les autres. Un raisonnement divers et multiples. Une façon de percevoir le Monde quelque peu biaisée ou dite anormale. Des analyses multiples, sur tout et n'importe quoi. Au final, être surdouée, m'occupe toute l'année et depuis ma naissance. Se défaire de soi-même pour être accepter, même si cela me paraît encore impensable, je l'ai voulu et je l'ai tenté. 

Sans succès. La curiosité. La parole. Le véritable Moi reprend constamment le dessus et l'on note aisément ma différence, dès lors que la passion prend le pas sur mes envies et que mon discours témoigne de mon raisonnement poussé. Mais être surdouée, n'est pas seulement question de réflexions, de différence ou de cerveau en ébullition permanente. 

C'est aussi bien des déboires lorsqu'il faut se concentrer pleinement à une tâche inintéressante. Lorsqu'il faut écouter quelqu'un de stupide parler et ne rien laisser transparaître. Lorsqu'il faut mettre son ego de côté en ayant crainte d'être jugée. Lorsqu'il faut rendre accessible des données qui pour d'autres, ne le seraient pas. Lorsqu'il faut nouer des relations sociales, qui ne tourneraient pas autour d'un domaine particulier, mais juste, d'attraits communs et de sentiments éprouvés. 

Car l'intelligence relationnelle est une chose bien complexe pour une surdouée. Ressentir les choses. Ressentir les gens. Les comprendre ne suffit pas forcément à leur montrer notre intérêt. Il n'en va pas de soi pour tout le monde, qu'une femme emplie de compassion puisse l'être, si elle ne le montre pas, si elle ne parle pas, si elle ne témoigne pas de son affection ou de son amour pour la personne. Ajoutez à cela parfois, un passé affectif laborieux ou fracturé par tout côté, vous avez un handicap supplémentaire dans le domaine relationnel. 

Etre surdouée implique également de ne pas faire confiance aux autres, pouvant sûrement et constamment se satisfaire seule et par soi-même. Etre surdouée implique aussi de ne pas savoir forcément partager, voulant et se sachant capable de réaliser le Tout, seule. Etre surdouée, c'est aussi rejeter les autres en permanence et sans même s'en apercevoir, parce que l'on ne pense pas possible le fait qu'autrui puisse faire mieux que nous, aussi bien que nos désirs. 

Ainsi, être surdouée pour moi est une bataille constante, entre ce que je veux, ce que je vais faire et ce que je ne peux pas faire puisque je dépends parfois de quelqu'un pour mener à terme mon projet. Dépendre de quelqu'un. Attendre d'une personne. Travailler en équipe ou en binôme n'est pas naturel pour moi, même si je sais faire illusion, le temps de quelques mois ou plutôt, quelques instants accumulés et mis bout à bout pour donner une somme de quelques mois. 

Alors, dans ma vie, être surdouée ressemble plutôt à des embrouilles incessantes, des incompréhensions multiples de la part de mes proches, qui pour beaucoup, ne le sont pas. Le tout ressemble à un Abandon, à une Solitude sans noms avec l'envie pourtant présente et bien réelle, de nouer des contacts et des relations. Etre surdouée, c'est aussi chercher quelqu'un qui soit aussi doué que nous pour nous comprendre, ou du moins, sans parler de talents ou de compétences, quelqu'un qui pense comme nous et ait de naissance, le même type de fonctionnement. 

On dit que les surdoués représentent une maigre partie de la population et qu'il est devenu une mode, de l'être. Que les gens se battraient peut-être presque pour ce statut. Mais à quoi bon ? Veulent-t-ils vivre l'Enfer ? Ne sont-ils pas heureux dans leur vie ? Parce qu'en étant surdouée, sachez que je ne le suis pas plus qu'eux. Non, je ne suis pas heureuse, ni malheureuse. Dans la maîtrise quasi permanente entre le chaud et le froid, le j'aime et le je n'aime pas, je danse dans la neutralité en m'oubliant parfois. Juste pour satisfaire les autres.

Car à mes yeux, ce Monde n'est qu'un vulgaire Caprice.  

Les gens sont capricieux dans l'idée d'être entendus. Les gens sont capricieux dans la volonté d'avoir des tâches et de l'importance. Les gens vivent dans le challenge et pourtant, jamais ils y pensent. Ils ne pensent pas le moins du monde que si parfois, on les laisse faire, c'est parce que l'on est las ou lasse. Que si parfois, ils trouvent de l'intérêt, c'est parce que certains ou certaines ont mit leur poings dans leur poche. Jamais, ils ne comprennent que souvent, les plus intelligents s'effacent au profit de ceux qui veulent prouver leur capacités à la Terre entière. 

Moi, ça m'énerve parfois mais je n'ose rien dire tant je comprends leur combat nécessaire, vital même. C'est Vital pour certains de prendre de l'importance. C'est ça, ou la Mort et ce sentiment prégnant d'inutilité. Car c'est aussi la vérité, surdouée ou pas, dans ce Monde, chacun se sent futile, inutile et sans intérêts. On a beau répéter aux gens qu'ils ne le sont pas, ils vivent et ressentent les choses de cette manière. Mais pas moi. 

Moi, je fais ma vie à l'écart et laisse la place à ceux qui réclament de l'importance. Moi, je vis de ma passion, de mon art et je travaille parfois. Moi, j'ai un très fort caractère et si c'est seule que je dois tracer ma route, je le ferais comme ça. Je sais que mes mots sont froids, durs peut-être et qu'ainsi, à tenir de tels propos, je ne me ferais pas que des amis. 

Mais à dire vrai, c'est mon lot que de froisser les gens par mes avis trop divergents. J'ai don d'unir ou de séparer. De rétablir ou de déformer. D'aimer et de me faire détester. Et c'est avec Force, qu'au final, j'ai finis par l'accepter. 

  • La galère, en effet, d' être surdoué(e) et pourtant, j'aurais aimé l'être, ma vie aurait été, j'en suis certaine, bien différente à tous points de vue !
    Bravo pour ce texte chachalou !

    · Il y a presque 6 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Bonjour, merci pour ce commentaire. J'assure pourtant que le Talent ou les compétences ne sont que de maigres compensation par rapport à tout ce que l'on endure au quotidien, solitude, incompréhension , etc... C'est dure de l'être et de le rester, parce que dans les faits, on installe une forme de challenge stupide avec soi-même. On sait qu'on le restera mais allez savoir pourquoi, ce besoin de se dépasser et de faire mieux met la pression. Et moi, parfois, c'est ce qui me fait craquer ou même pleurer ! Je ne supporte pas l'échec. Ou le moyen... La médiocrité me tue !

      · Il y a presque 6 ans ·
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      chachalou

    • Oui, j'ai toujours entendu parler des difficultés, misères, des surdoués. Je pense qu'à présent, cependant, vous êtes un peu mieux compris. De toute façon surdoués ou pas, dès que l'on se distingue un peu des autres, on est rejetés. Bon courage à vous !

      · Il y a presque 6 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • ...je comprends cette souffrance d'être différent, de s'ennuyer avec certains qui ne sont pas, qui ne ressentent pas les choses comme vous.

      · Il y a presque 6 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • Oui, il faut bien s'adapter à dire vrai, on a pas véritablement le choix

      · Il y a presque 6 ans ·
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      chachalou

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