Surimpression d'Italie (Pour Guy Debord)
Thierry Noyelle
Finalement, dans son édition du 10 et 11 décembre diffusée en province, le service Sports de Libération aura rendu un bel hommage à Guy Debord. Un lapsus informatique a montré qu’une photo portait en elle son propre désordre intérieur. Venant nous rappeler que la violence est inscrite dans les entrailles du sport et de la photographie. Donc, une photographie du corps d’Aldo Moro dans le coffre d’une 4L s’est superposée à celle d’Alberto Tomba, la bombe des neiges. Ce collage a fait ressurgir l’irréductible réalité : la leçon d’anatomie a été transformée en autopsie. Nul recul pour tempérer le choc qu’offrait cette nouvelle image : chacun a pu voir ce que Tomba avait dans le coffre, qu’un coffre était la tombe d’Aldo Moro.
Non deux images, juste une image. Qui dirait la part maudite de la nouvelle société italienne, berlusconienne et repentie. Sous ses fards.
(Paru dans Libération le 10/01/95)