Surprise.

Juliette a dit qu'elle devait me bander les yeux, sauf que je ne sais pas pourquoi et ça m'énerve. Je l'ai entendu vaguement parler d'une surprise ou je ne sais quoi.

Je hais les surprises.

J'ai le droit, par la même occasion, d'avoir de la musique à fond dans les oreilles. Géniale, je suis aveugle, et bientôt, sourde.

A mon avis, elle a réuni tous les invités dans la salon pour qu'ils me crient un "Joyeux anniversaire !" tous en cœur. Ce n'est pas grand chose, mais je trouve cela adorable. Et je suis sûre que ce sera un truc dans ce style.

Après quelques minutes qui me semblent durer des heures, une petite diversion de Juliette qui est venu crier dans la chambre pour me faire peur et des tonnes de supplications vaines à Clara qui me surveille pour m'enlever le bandeau et la musique, j'ai enfin le droit de me rendre dans le salon. Quelqu'un me retire les écouteurs, Juliette m'attrape par les épaules et j'entends Clara sortir de la chambre. Elle me pousse hors de la pièce, sauf qu'aveuglée comme je le suis, cela me stresse de dingue. Je rigole d'ailleurs bêtement, et m'exclame même que ma chaussette se barre de mon pied.

Même si j'ai une petite idée de ce qui m'attends, je suis stressée et commence à avoir un doute.

Je sens Juliette me positionner dans le salon et commencer à essayer de défaire le nœud de l'écharpe qui m'aveugle.

- Faut que je défasse ce nœud-là...s'exclame-t-elle en s'énervant car elle n'y arrive pas.

- Mais c'est quoi ce bordel...

Enfin, le bandeau tombe de devant mes yeux.

Je le savais, ils se sont tous réunis dans le salon. Je leur fait un grand sourire un poussant un "Aaaah" ravi. C'est alors que j'aperçois un homme au fond de la pièce, une caméra à la main.

Je ne sais pas qui il est, je ne l'ai même pas invité. Mais je continue de sourire tout en réfléchissant.

Son visage m'apparaît alors comme familier, mais d'où ?

Et puis, c'est l'étincelle qui illumine mon esprit. Cet homme, au fond du salon, qui tient une caméra, c'est le père d'Elise. Ce qui est totalement impossible. Elise ne peut pas être là. Il y a trois semaines, elle m'a annoncé qu'elle ne pourrait pas être là pour mon anniversaire, qu'elle avait un baptême chez ses grands-parents, à plus de trois heures de route d'ici. Encore tout à l'heure au téléphone, Elise m'a assuré qu'elle était sur la route pour Clermont-Ferrand, pas pour Figeac.

Sauf que s'il est ici, c'est qu'elle est là, obligé.

Je baisse les yeux, et là, je la vois. Elle est tout sourire, juste devant moi, je ne sais pas même pas comment j'ai fait pour ne pas la voir en premier. Je me sens alors me décomposer. Littéralement. Mon sourire s'évanouit en une fraction de seconde et je sens les larmes me monter aux yeux. Je ne peux que ouvrir la bouche et porter les mains à mon visage pour empêcher les larmes de couler.

Elise est là, là pour mes dix-huit ans, là après six mois d'absence, là, juste devant moi. Je n'ai qu'à tendre les bras pour la toucher, mais je ne veux pas, par peur que ce ne soit qu'un rêve et qu'elle ne soit pas vraiment là.

C'est elle qui finit par se déplacer jusqu'à moi, et me prendre dans ses bras. Elle est réelle, elle est vraiment là.

Je suis tellement choquée que je ne peux même pas lui rendre son câlin ou lui parler.

Elise est là. Oh mon dieu. Ma meilleure amie est là pour mes dix-huit ans, malgré trois heures de route et les cours de la journée.

Je ne peux que pleurer pour exprimer ma joie.

- Eh, Vanessa, au fait... Surprise !