Survivance
barbe
Souvenir arrogant refusant l'anonymat de l'oubli.
Réminiscence inattendue. Théoriquement enterrée.
Ombre de mon ombre, tu étais dans chacun de mes pas, dans chacune de mes phrases.
Accompagnant mes gestes comme une projection décalée, tu étais le vide entre mes doigts.
Impalpable.
Insoupçonné.
Il ne t'aura fallu qu'un instant - Un silence - Une respiration - pour me rattraper : Une nuit moins agitée, exempte de cauchemars... et au réveil tu étais là. Insolent.
Narguant ma prétendue maturité.
J'ai d'abord, vainement, cherché à te nier. Tu amplifiais au rythme de mes pulsations. Progression constante, envahissante, dévorante.
Petites bulles sensitives éclatant à la surface de ma conscience (Ton sourire, tes mots, ton odeur...) Alors tu achèves ta fulgurante résurrection.
Complet - Entier.
Tableau vivant hérité de mon passé, empoisonnant mon présent, anéantissant mes espoirs à venir...
Une nuit,
Une seule Nuit,
Et une putain de vie pour oublier.
Pour en arriver là :
Moi, assise sur mon canapé autour duquel ma vie s'organise, et ton absence partout autour de moi.
Moi et mon souvenir de toi :
Chiens de faïence.
Je t'aime et je te hais pour avoir été si (/trop) charmant.
Et je me méprise pour n’être pas capable de te conjurer.
Déjà je commence à décoller - Méticuleusement - mes plaies.
Masochisme.
Je pense à elle : L'Autre.
Je pense à celle que je ne suis pas.
Celle dont la seule existence avorta mon bonheur.
Celle qui ne sait même pas ce que son quotidien m'a coûté.
Enfin... C'est ce que tu prétendais du moins :
"Si... alors... Mais..."
Peut-être même y avait-il un "malheureusement" pathétiquement concédé quelque part dans ta phrase.
Un baume sur une jambe gangrenée : Inutile... et Cruel.
J'ai mal chaque fois que je l'imagine - Elle - Celle qui est lorsque je fus - ne retenant pas son souffle lorsqu'elle pousse la porte derrière laquelle elle te sait.
Car elle sait,
Où te trouver, comment tu la recevras.
Je me damnerais pour cette sensation délicieuse. Connaître cette certitude/ cette sérénité.
Que le fantasme délétère se mue en présence matérielle, réelle, physique.
Physique...
... Ta peau ...
Je connais la suite.
Encore l'angoisse.
Savoir encore que tous autant qu'ils sont, ils ne seront jamais toi.
Encore l'impuissance.
Noircir encore des pages que tu ne liras pas.
Encore la haine.
Te maudire encore, en toute mauvaise foi, pour être l'objet de mon manque.
Et puis renaître. Encore…
Me persuader que rien ne peut m'entraver.
A part moi.
En tout cas pas toi.
Certainement pas toi.
Jusqu'à la prochaine rechute.
La prochaine respiration.
Élise écrivait : "Je voudrais te haïr, mon amour."
Moi je ne demande qu'à t'oublier.
Et bien voilà encore une jolie surprise !
· Il y a presque 11 ans ·Je ne sais jamais détailler pourquoi j'aime un texte, Juste, s'il dépasse les mots pour devenir sensations et couleurs, je suis déjà à moitié séduite, si en plus elles font partie de celles que je " reconnais ", alors j'ai l'impression d'un lien invisible...
Bref !
J'aime.
Vraiment.
clo-dit-ha
Triste et beau.
· Il y a presque 11 ans ·Marion B
Merci beaucoup Marion. Ton intérêt et ta démarche de laisser une trace de ton passage ici me touche beaucoup. Et plus encore quand je lis tes mots.
· Il y a presque 11 ans ·barbe