TA DOULEUR N’EST PAS LA MIENNE, BB …

lollapalooza

Levé avant l’aube, sans raison ni but, ma conscience vagabonda lentement vers toi. Fuir fut vain, mon esprit refusant de céder. Vint alors Chiara pour le torturer davantage : «Tu dois t’immiscer dans une existence qui n’est plus tienne ! Tu dois savoir ce qu’il la tourmente encore ! Tu dois comprendre son œuvre pour espérer concevoir sa vie !» Lâche que je suis, je ne pus que courber l’échine, ne contestant pas le moins du monde ces pensées assassines.

Monumentale erreur. Mon écœurement fût vif et immanent, prenant conscience du poids de cette faute inavouable. Spectateur nocturne de ta déchirure, je fus dégoûté de moi-même, souhaitant en finir à l’instant … Incapable de supporter davantage tes mots, incapable de supporter davantage ta peine.

Shame t’a fait témoin de ce gouffre qui m’habite. Dark Paradise en a vivifié la géhenne. Ton tragique récit me ramena 8 ans en arrière, face à ma propre horreur, après que l’Éternel m’eut appris que tout don accordé peut être repris. Sans aucune pitié, ni compassion. Je crûs perdre un être cher, je fus loin de concevoir ce qu’il en était en réalité. A quelques années près, nos enfants auraient pu devenir amis …

Aucune étreinte sans lendemain ne te satisfera. Aucune dose blanche ne te suffira. Aucune bouteille ne t’apaisera. Aucun mot ne te fera oublier. Aucun cri ne te fera réagir. Aucun réconfort ne te sera possible. Aucune supplication ne sera entendue. Aucune prière ne te sera exaucée. Nulle souffrance égalera cette saignée béante et sans nom, vive et purulente, qui t’habite, te ferme et te tue chaque jour venu.

Je ne pourrai jamais te comprendre, ni te réconforter … Encore moins réussir à concevoir l’effroi qui continue à te ronger. Malgré cela, mon cœur t’accompagne dans ton deuil, tandis que mon âme prie un Dieu inconnu pour le repos de ta sublime vie disparue.

Dans un autre temps, une autre existence, tu aurais pu être la plus belle des mères, douce et forte à la fois. Telle ta grand-mère. Il n’en n’est rien aujourd’hui … Saches pourtant que tu n’as rien à expier, rien à racheter. Cette peine a fait de toi, malgré toi, un ange magnifique dont les ailes brûlées ne voleront jamais plus …