Tache d’encre.
redisblacklove
Nous passons l'entièreté de notre existence à écrire notre propre histoire.
On la partage sans cesse en se livrant aux personnes qui nous entourent.
Nous sommes déçus, heureux, parfois en colère, mais cette histoire s'achève sur une indifférence des plus intenses.
Je n'ai jamais apprécié le jeu du chat et de la souris, j'aime depuis mon plus lointain souvenir pouvoir contrôler et prévoir la moindre des petites futilités de mon quotidien, mais s'il y a bien une chose qui ne peut pas se gérer, c'est les sentiments.
Loin de moi l'envie de dire que je n'ai pas aimé apprécier certaines personnes, néanmoins j'aurais souhaité que celles-ci ne changent pas.
On se fait parfois une idée sur une personne, qui au départ était vraie et pure, mais les obstacles que nous pouvons rencontrer peuvent faire illusion dans tout ça.
Il y a eu ces mois très difficiles à affronter, des jours et des jours où je me posais énormément de questions, où j'ai douté de mes décisions, pourtant persuader qu'un retour en arrière ne serait pas possible, le mal m'envahissait tout de même.
Je n'avais plus goût à rien, me mettais à pleurer lorsque j'étais seule, au volant de ma voiture, à cause d'une musique qui me rappelait des moments du passé, en entendant une mélodie mélancolique, d'un prénom ou même d'un mot qui me ramenait à elle.
Je m'isolais petit à petit, refusait d'accorder une chance à ceux qui souhaitaient entrer dans ma routine, parlais sans vraiment approfondir parce que cela ne semblait plus pour moi.
La déception avait été telle qu'en aucun cas je pensais me sortir de ce tourbillon d'idées négatives et d'émotions disparues.
La première étape de cette guérison avait été de renouer avec le contact humain, d'essayer de m'ouvrir un minimum à la nouveauté.
Cela avait plutôt bien fonctionné avec une fille, elle avait même réussi à me faire sortir de sous mon plaid.
Nous nous parlions assez régulièrement, nous étions vu à deux reprises, avions trinqué ensemble, tout semblait aller vers la fin de cette mauvaise passe.
Seulement et je l'ignore encore à ce jour, d'un instant à l'autre, c'était à nouveau le calme profond.
Le canapé et la télévision m'accueillir à nouveau et les paquets de mouchoirs défilèrent.
Mes larmes n'ont jamais été pour cette personne, seulement pour l'abandon qui était renouvelé.
La seconde étape, après beaucoup de mal à m'y décider, avait été d'oublier la première et de réessayer, encore.
Plus détachée encore qu'auparavant, j'essaye d'entretenir un lien social avec les gens.
Pour ce qui est de la troisième et dernière, je devais faire face au deuil.
Après tout ce temps qui avait passé, la colère et la déception avaient fini par s'évaporer.
J'étais à nouveau dans un processus de tristesse mais cette fois-ci, c'était de la bonne.
Bien évidemment cela faisait tout aussi mal que le chagrin que j'avais ressenti au départ, si ce n'était davantage.
Mais je sentais que la fin était proche.
J'avais eu la chance d'obtenir une date définitive.
J'appréhendais ce jour qui approchait, j'étais partagée entre la tristesse de tout ce que je venais de vivre et l'espoir d'être enfin libérée.
Parfois, d'une simple tache d'encre, nous arrivons à tourner la page et à passer à une nouvelle vie, très loin des illusions qui brouillent notre quotidien.
C'est à cet instant précis, en sortant de tout ce qui me tiraillait, que j'ai pu fermer ce livre pour en commencer un nouveau.
Un nouveau souffle m'avait été offert tandis que les regrets que j'avais pu avoir s'étaient évaporés.
À cet instant précis, j'avais compris qu'entre deux Hommes, il n'y avait jamais qu'un seul coupable et que ce n'était pas que le devoir d'une seule personne d'essayer de rattraper la dernière feuille de l'histoire avant qu'elle ne soit emportée par le vent.
Plus heureuse, plus sereine, plus épanouie, c'est là où ma nouvelle vie commence finalement.