Taguer le Temps (II)
Pierre Scanzano
ce que je cherche est dans les gens qui m'ont précedé et ceux qui me suivront...
ce que je cherche me traverse de part en part comme une lame lumineuse et divine...
ce que je cherche m'est suggéré tagué sur le bout des lèvres par ceux que j'aime et qui ne peuvent plus m'aimer...
ce que je cherche je veux l'éradiquer de mon ADN lui fausser compagnie mon extraire différent indécelable...
ce que je cherche n'a pas de prix m'est interdit nié refusé en quoi suis-je différent de mon ombre et de vos ombres ?
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la rigidité cadavérique me dit tout
l'oeil fermé me le crie
ai-je besoin de ce langage pour me dissocier
me dissoudre convenablement
dans l'acide du temps ?
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parfois je me répète trop et je redis tout ce qui a éte déjà dit avant moi mais je dois dire encore et encore tout ce dont j'ai besoin de dire encore presque comme personne avant moi ne vous l'avait jamais dit auparavant... je me dois de sentir maintenant ce que j'ai vraiment à vous dire d'important surtout avant que je ne puisse plus jamais vous le dire de mon vivant...
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une de mes nuits insomniaques comme jamais insomniaques je me réveille en sursaut et dans la pénombre un miroir d'images saccadées et troublantes défilent je vois avec effroi le visage hostile entaillé d'ombres de mon père qui se greffe sur le mien depuis j'ai peur des miroirs j'ai peur de me réveiller conscient j'ai peur de ne pas dormir assez j'ai peur me sachant vivant j'ai peur de ma voix de vos voix de vos sons inaudibles de la voix des morts je ne veux pas l'admettre mais j'ai peur du rôdeur inconnu qui filtre et filtre de son volte-face charnel ma pénombre mon tas de nuits de ses doigts qui injectent le sérum du deuil le venin de l'amour brutal sur la chair humaine il faut trembler je sais je vais finir ainsi en flammes dans tout le feu de ce froid immense...
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il est merveilleusement ordinaire de se dire à demain...
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je n'ai aucune racine l'amie... aucune exploitable éradique-moi de toi...
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à moi de décider si je veux grandir dans ton jardin...
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on rentre
on sort
on traverse
on trébuche
et personne
ne connaît personne
on se manifeste que par signes
sans la tête qui va avec...
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un poète mourra sa légende descend sur terre nous nous nourissons de la chair qu'il laisse dans une ligne un mot un livre... nous irons poser nos lourdes chaises alignées sur la même fosse que sa bouche nous permet d'autres poètes nous liront un jour ou l'autre sans doute par mégarde et qui sait par amour indéfectible... après on mourra et notre légende redescedra sur terre mais pas la même l'autre...