Tante Jane
Vladimir Tchernine
A tante Jane, ma grand-tante à la mode bretonne, elle est partie le 25 avril à l’âge de 102 ans.
Après avoir passé l’arme à gauche à l’heure due et décidée par le politburo suprême (j’ignore le nom du Secrétaire Général), nous nous transformons en hologrammes qui flottent plus au moins paisiblement dans l’au-delà. Leur existence est fade sauf quand ceux qui sont resté en bas se rappellent d’eux. Si nous en pensons du bien, les hologrammes éprouvent une espèce d’orgasme, brillent plus fort tandis que leurs contours deviennent plus nets. Alors ils remontent dans le tableau des grades et peuvent même influencer le cours des événements d’ici-bas. Dans le cas contraire (quand on ne s’en souvient pas ou pire, quand on s’en souvient en mal, les hologrammes restent tout palots. Bien sûr, je ne parle pas des bienfaiteurs de l’humanité qui ont laissé des traces indélébiles dans la conscience collective et dont les livres, les tableaux, la musique, les inventions et les bonnes œuvres nous font constamment penser à eux. Je parle des proches, des parents, des amis, de ceux qui nous ont fait du bien. Ton hologramme, tante Jane, va briller de mille feux.