Tata Nicole

Christophe Prevost

Tata Nicole

 

 

Midi. Autoroute A8, en allant sur Nice.

Il s’est endormi sur l’aire du «Grand calme». 

Faute d’un problème de jauge, il croyait pouvoir rouler encore quelques bornes, son 

tableau de bord ayant clignoté plusieurs fois et pour éviter un coup de la panne 

inopportun (il fait beau mais il est seul dans sa voiture, un comble) il lui a semblé raisonnable de faire une pause à la première aire venue. Il fait le plein, «parke» sa voiture et s’assoupit en laissant ouvertes les fenêtres. Avant d’émerger il «ressent» une présence irréelle qu’il ne définit pas si ce n’est qu’une certaine chaleur s’en dégage. 

Il s’étire et pose machinalement la main sur le siège passager. L’agréable chaleur s’est transformée en... poil... ?... Lorsqu’il tourne la tête et ouvre les yeux, il pousse un 

hurlement terrifiant. Il s’éjecte de la voiture comme s’il avait vu un monstre devant lui. 

Il reprend son courage à deux mains et se penche dans l’habitacle. Ce qu’il voit le 

sidère. Un singe capucin fouille tranquillement dans son sac à dos et grignote ce qu’il 

y trouve.

«Qu’est-ce que c’est que ça ?!...»

Il regarde autour de lui et constate que le Cirque «Zavanni» stationne sur cette aire. 

Cinq énormes camions transportent les animaux et un bus, les employés. 

Le singe dépiaute délicatement le repas de Gérard, enveloppé dans de l’aluminium.

«Mon sac... Donne le sac à Papa...»

Il se jette sur l’animal qui parvient à s’enfuir avec le sandwich.

«Mon sandwich !...»

Il poursuit le singe, slalome entre les camions et perd sa trace.

Un rugissement dans son dos le fait trembler. Un tigre en colère a buté contre les

barreaux de sa cage.

«Vous quelque chose chercher ?!...»

Un homme large comme un baobab s’adresse à Gérard en touchant le ciel avec 

ses  branches. Gérard regarde la cime et se dit qu’il est vraiment très grand.

«Un de vos macaques m’a piqué ma bouffe...»

L’homme éructe ce qui s’apparente à des mots et une femme vient vers eux.

«Vous avez retrouvé «Kostya» ?...» demande la femme. 

La femme porte une tenue appropriée pour la présentation d’un spectacle de cirque 

qui la rend vulgaire et un rouge à lèvres grossièrement appliqué sur le dessus des 

lèvres qui donne un aspect bizarre à son visage. 

On dirait une majorette !...   

«... un singe petit comme ça ?...»

« Oui c’est ça... Il est entré dans ma voiture... Je dormais et il m’a pris mon sandwich... Faut le retrouver...»

La femme traduit ses mots.

«Vous êtes d’où ?...»

«Nous sommes moldaves... Moi dresser lions, tigres étsètra... Elle noumèro singes... 

Ici dans cirque 80 person, 30 nationalitè...»

Et autant d’animaux ?...

«Pourquoi il était pas dans une cage ?...»

«Il est pas dans une cage, il est attaché... Kostya est singe domestique... Je m’occupe 

de lui... Je suis Maman...» conclut-elle en riant.

«Il a de la chance d’avoir une maman comme vous !...» 

Le viril dresseur éclate d’un rire démesuré.

Un groupe se lance à la recherche du petit Kostya et chacun y va de son cri. 

Gérard se plante face à ce magnifique tigre de Sibérie qui lui fait «la» gueule. 

Fasciné, il se replonge dans son enfance, époque où il allait au cirque avec Tata Nicole, la soeur cadette de sa mère, dont le signe distinctif était de ricaner pour un rien. 

Enfant, ça l’amusait mais à la puberté il prit cela pour le genre de tic qui fait fuir 

les copines et qui fait honte à la famille et aux enfants. Aujourd’hui si Tata Nicole était là, elle s’esclafferait de voir les fauves, les lamas et les acrobates chinois, il la promènerait volontiers sur cette aire à la recherche des clowns du cirque «Zavanni», ces êtres venus d’ailleurs capables de la faire rire avec du papier journal, tout un programme. 

Sûr qu’elle aurait aimer danser avec les otaries, manger une glace avec les jongleurs péruviens, il l’aurait rendue heureuse, elle pour qui sa vie affective était un échec. 

Tata Nicole était pourtant une Directrice de crèche brillante, qui adorait les animaux 

et les enfants mais avait un mal fou avec tous les pères qu’elle aimait secrètement 

d’un amour platonique. 

Le temps passe si vite qu’elle est déjà morte il y a dix ans. Il lève la tête avec une 

pensée émue pour sa Tatie et aperçoit le singe qui passe d’un toit de camion à un 

autre et atterrit au dessus du tigre.

«Il est là...» s’écrit Gérard «... Ze singe is zere...» . 

Le singe est moins effrayé par le tigre que par le brouhaha des hommes. Encore moins par l’anglais rudimentaire de Gérard qui pourrait déplaire aux linguistes franco-français les plus redoutables (ceux qui combattent l’anglais à travers le monde !),  pourtant parfait pour le groupe ethnique que représente un cirque international. Il croise de nouveau le regard de Gérard et grimace. Gérard ne le prend pas comme un affront et parlemente.

«Donne le sandwich à Papa...»

Le singe en avale le contenu et balance le pain dans la tête de Gérard.

«C’est bien... Merci Kostya...»

La femme se jette dans les bras de Gérard et l’étreint. Gérard n’en demande pas tant. 

«Merci...» dit-elle comme si elle présentait un numéro de lapdance «Kostya...  

Vino aici copilul meu !... Viens ici bébé à moi... Nu va fie teama... N’aie pas peur...»

Le singe descend lentement et se blottit dans les bras de sa «mère».

«Il est pas méchant... Calm Kostya, calm... Vous avez faim ?!...»

«Un peu oui...»

« Vous connaissez cuisine moldave ?...»

«Non pas beaucoup...»

«Venez... Moi c’est Valeria et mon mari Rustam...»

«Enchanté... Gérard...»

«Enchantée...»

Gérard suit Valeria jusqu’au car. Elle monte, attache Kostya à son siège et peu de temps après revient avec un plateau sur lequel il y a un tuperware, un verre et une 

bouteille de vodka.

«Vous allez goûter ‘Sarmale’... Il faut micro onde... Allez vers table là bas... Je viens...»

Gérard s’installe avec un peu d’appréhension.

Les employés de la Compagnie du Cirque s’affairent autour d’un camion tandis que 

Valeria revient et lui présente son plateau.

«Voilà... Ca c’est spécialité Moldavie, c’est... ‘Sarmale’... Il y a riz, cochon, oignons, 

tomates... Sel, ètsètéra...» 

Enumérer la recette est long (d’autant qu’il faut deux heures pour cuire le choux !) 

mais le plaisir de la dégustation est grand pour Gérard.  

«Vous mangez pas ?...»

«Pas tout de suite... Ils ont problème avec camion, on doit attendre... Vous aimez 

Sarmale ?...»

«C’est très bon, je connaissais pas...»

Un puissant échange verbal a lieu entre Valeria et Rustam. 

Gérard continue de se régaler et en conclut que le «parler fort» est une des coutumes de Moldavie. Valeria grommelle quelque chose en roumain et s’assied.

«Nous rester ici, ils ont problème avec roue...»

Ce contrôle d’essence était une aubaine. Rien ne valait ce déjeuner gratuit parmi les gens du Cirque. 

Rustam revint chargé comme un boeuf. Lui qui avait eu l’air si charmant de prime abord affichait une mine démontée comme un policier de la Securitate «Code Penal». 

«Bon apetite, Madame !...» gueula-t-il avec l’accent roumain.   

Il jeta la glacière aux pieds de Valeria et balança une assiette et des couverts. 

Il eut un geste d’humeur envers sa femme et rejoignit les autres. 

«C’est drôle...»

«Rustam ?... Lui deux mètres six, cent soixante kilos... Mais lui rien, tête dinosaure...» 

Valeria entama son repas et s’étrangla en évoquant son homme.

«Il veut moi je sers lui, fais ça, fais ça, lalala... Lui merde !...» 

«Ah non, je parle pour moi... La vie tout ça... J’ai bien connu les cirques... Pendant 

longtemps je suis allé au cirque avec ma Tante... Entre quatre et seize ans... Ma Tante aimait beaucoup cet univers... Après chaque spectacle on allait voir les artistes, on 

faisait connaissance, on échangeait...  Au bout de quelques années, certains étaient 

devenus des amis, on buvait un coup avec eux, ma tante surtout... C’était toujours plein de surprises...»

«Et vous allez au cirque encore ?...»

«Non, ça fait trente ans...»

«Ecoutez... Demain nous sommes toute la semaine à Nice... Vous voulez...»

«Oh oui... Je pense que ça me plairait...»

«Alors je vais prendre une place pour vous, d’accord ?...»

«Ca vous embête pas ?...»

«Nous avons trois places par personne et vous avez retrouvé Kostya, 

c’est important !...»

«Merci beaucoup Valeria... Au fait, vous avez un contorsionniste dans votre cirque ?... 

Des gens qui...»

«Oui il y a un numéro comme ça, deux chinois, un couple, très spécial... 

Vous aimez ?...»

«J’adore...» 

*** 

Il avait treize ans quand Tata et lui assistèrent pour la quatrième fois à une 

représentation du «Cirque de Moscou» à Marne-la-vallée. Il avait accepté l’invitation pour se changer les idées, parce que dans l’après-midi, il avait été trop brusque avec Lucie, sa camarade du collège et s’était pris une bonne claque pour avoir osé louer 

à tue-tête dans la cour qu’il ne pouvait pas passer à côté d’une si belle paire de seins 

et de mettre sa pensée en application. Un jeu dangereux, s’il en était. Depuis la rentrée, Il était hanté nuit et jour par les rondeurs de l’adolescente et ça le rendait malade rien qu’à l’idée d’avoir à lui adresser la parole normalement pour ça. Il ne s’était agi que d’un vulgaire tripotage et non d’une préparation à une éventuelle union «libre». 

La jeune fille était jolie mais trop surveillée par ses parents. Lui était boutonneux et 

laissé à lui même en matière de séduction et ne pouvait compter en rien sur son père muet comme une carpe, d’une autre génération, d’un autre terroir, d’une autre planète, marié à la mer et à sa mère depuis cinquante ans. 

Gérard n’était guidé pour cela que par son unique périscope portatif, si peu utilisé, 

et naviguait à vue... 

Ce jour là, après la représentation, Nicole et lui se rendirent dans la caravane de  

Monsieur Sergueï Ourtamov, le célèbre contorsionniste. 

«Salut Nicole, comment vas-tu ?...»

«Très bien je te remercie...»

Gérard eut pitié de l’accolade de Nicole, un peu trop appuyée à son goût.

«Sergueï, tu te souviens de Gérard, mon unique neveu...»

«Mais bien sûr... Jeune homme...»

«Bonjour Monsieur...»

Le neveu fut le prétexte de Nicole pour s’imposer physiquement dans sa luxueuse 

caravane avec l’ambition suprême d’y finir ses jours. 

«Asseyez-vous... Il était là, la dernière fois que l’on s’est vu ?...»

«Oui, mais il était allé voir les ours...»

«Non Tata, les acrobates...»

«Ah oui c’est vrai... La belle Irina, n’est-ce pas ?!... Donnez-moi vos manteaux... 

Qu’est-ce que je vous sers ?... Nicole ?...»

«Un thé s’il te plaît... Merci...»

«Gérard, veux-tu un thé ou un café au lait ?... J’ai un sirop de fruits rouges que je 

fabrique moi-même... Tu veux goûter ?...»

«Oui je veux bien...»

«Tu vois cette photo... C’est ma maison à Petrozavodsk... Elle est près du Lac Onega... 

Elle n’est entourée que d’une haie de fruits rouges !...»  

Monsieur Ourtamov parlait tellement bien le français que Gérard en était stupéfait. 

L’homme était moche mais très sympathique et sut accueillir le couple avec chaleur. Récemment divorcé, sans enfant, Sergueï prit un soin particulier pour lui faire découvrir l’âme russe en peu de temps. Cela commença par une dégustation rapide de «Pirojkis» aux pommes et d’une part de«Yablotchnaïa Babka» (Charlotte aux pommes en sauce aux abricots) puis par un repas copieux préparé spécialement à leur attention. 

Mais par qui ? 

 

Un mystère qui le restera toute sa vie.

A la fin du repas, l’alcool aidant, Tata se décrispa un peu. Elle  s’enferma dans les 

toilettes pour se refaire une «beauté» , libéra ses pieds qui étouffaient dans ses vieux escarpins et ôta ce chandail mité, tricoté à la va-vite. Sergueï lui, se changea 

derrière le frigo de la cuisine, mit un peignoir usé en satin noir et s’attaqua enfin aux restes, tout en se passionnant pour une interminable partie d’échecs avec Gérard.

«Il est doué ton neveu adoré...!...» dit-il pour la flatter.

«Sergio, tu veux pas t’arrêter... Tu vas avoir une indigestion avec cette partie !...»

«Aucun risque ma Chérie, mon corps est prêt à tout... Gérard, tu as gagné !...»

Sergueï mit un pion dans sa bouche, l’avala tout net et lâcha un énorme rot de 

satisfaction sous les yeux d’un Gérard qui n’en revenait pas.

«Qu’il est bête !...» pouffa Nicole, dans un état second.

Monsieur Ourtamov aurait pu être avaleur de sabre tant il engloutissait sans arrêt tout 

et n’importe quoi.  C’était la rumeur qui disait cela et outre son talent inné pour tordre à foison les moindres parties de son corps (les mauvaises langues du Milieu disaient qu’il pouvait aussi faire des noeuds avec son sexe!), il entretenait cette réputation comme pour compléter un curriculum déjà bien rempli. 

Cet homme chauve, filiforme et imberbe était une sorte de «contraire» de sa Tante. 

Nicole comblait un vide avec du laid, qui potentiellement pouvait la rassurer sur sa 

féminité. C’était étrange pour Gérard, mais c’est ainsi qu’il interpréta plus tard l’attitude de sa tante. Nicole était follement amoureuse au point d’être déjà allongée sur la 

banquette.  Gérard n’y vit d’abord qu’une grosse fatigue mais la pose lascive de sa Tante lui suggéra autre chose. Il détourna la tête et prit la petite guitare accrochée au mur comme pour se changer les idées. Il gratta quelques notes sur de mauvais 

accords. 

«Mais c’est nul ton histoire...»  s’emporta Ourtamov  «... C’est pas comme ça qu’on joue de la balalaïka !... Je vais te montrer...»

Sergueï entonna une vieille chanson russe, en guignant nerveusement sur le corps 

de Nicole qui ronflait à s’en démettre le nez.  

«Au fait... Veux-tu voir Irina ?...» demanda-t-il en bâclant sa chanson «... Attends, 

je vais te la chercher...» 

Irina, pour quoi faire ?... Pour faire quoi ?... 

Sergueï sortit précipitamment et s’entretint avec l’ «Etoile des acrobates».

Le coeur de Gérard se mit à battre la chamade. 

«Irina, je t’en prie...»

«Bonjour Gérard...»

«Bonjour Madame...»

«Viens mon garçon, je vais te montrer des choses... De belles choses...»

«Mais, ma Tante...»

«Ne t’inquiète pas Gérard, je vais m’en occuper...»

La douce Irina enveloppa Gérard de son bras comme un boa enveloppe sa proie et guida son jeune ami vers l’espace réservé aux fauves. Gérard aimait Irina pour ses acrobaties physiques et mentales.  

«Il y a trois semaines, un nouveau tigre est né chez nous, tu veux le voir ?...»

Sergueï ferma la porte à clef et se tourna vers Nicole.

«Nicole !...»

Sergueï effeuilla sa Nicole occasionnelle avec la délicatesse d’un gentleman, 

jusqu’à ses sous-vêtements et déplia une couverture.  

«Viens ici mon Sergio... A côté de moi...»

«Oh ma Nicole...»

Nicole borborygmait de plaisir.

«Fais moi du bien...»

«Tu veux ?...»

***

La soirée fut agréable pour tous.

Gérard passa la nuit en compagnie des dresseurs à jouer avec le nouveau-né de quatre kilos qu’on aurait pu prendre pour une peluche et dormit sur un lit de camp dans la caravane d’Irina.  

Fait d’exception, Irina autorisa Gérard à dormir avec.

Au petit matin, Nicole était allongée nue sur la banquette en pleine extase.

«J’ai passé une nuit merveilleuse...»

Elle contemplait son «homme» , vêtu à l’identique,  en train de s’exercer à tourner la tête à deux cents degrés. 

«Comment fais-tu ça ?!...»

Sergueï «vissa» sa tête dans l’autre sens.

«Pour toi, je ferai tout ce que tu désires...»

«J’ai faim... J’ai très faim...»

Et le petit déjeuner dura quatre heures.

Deux ans plus tard, Nicole et Sergueï se marièrent, sur le pouce. Ils embarquèrent 

aussitôt  pour un voyage de noces inoubliable en Thaïlande où ils effectuèrent un périple de trois semaines avec des excursions à «couper le souffle !»  comme le vantait le prospectus.  Parmi toutes les balades proposées, l’une d’elles consistait à assister au banquet des singes à Lop Buri. Sous leurs yeux écarquillés, plus de six cents individus se goinfraient de fruits et de légumes, une véritable orgie savamment orchestrée par le gouvernement thaï. Durant leur bref séjour, Sergueï ne put s’empêcher de faire son «intéressant» et exécuta quelques pirouettes avec son corps longiligne, ce qui eut l’air de plaire aux diverses populations qu’ils croisèrent et qui n’avaient jamais vu d’homme élastique. 

La veille de leur retour sur Paris, ils eurent droit à un somptueux repas d’adieu 

concocté par la Direction de l’hôtel et inclus dans les tarifs. L’Agence spécialisée 

dans «les couples nouvellement mariés» avait fait un travail remarquable tant sur le plan du confort, que sur le choix du circuit touristique. Ce repas devait donc rester gravé pour l’Eternité comme le témoignage de l’excellence de l’accueil à la Thaïlandaise. 

Mais c’était sans compter sur la malchance car ce soir là Sergueï, pourtant coutumier 

du fait, avala de travers une boulette de riz au thon et mourut étouffé dans d’atroces souffrances. L’autopsie ne révéla rien d’anormal sinon, peut-être, un trop plein de 

minuscules objets hétéroclites dans l’estomac de Sergueï, où l’on retrouva entre 

autres une paire de clefs, un rouge à lèvres, un pion et un stylo de la marque 

«Montblanc». La Police scientifique Thaï s’interrogea de savoir si Sergueï était un «transporteur» ou s’il faisait partie d’un réseau d’individus «illuminés», une sorte de secte.  Pour la grande tristesse de Nicole, leurs épousailles n’avaient duré que trois 

semaines, les plus «belles de sa vie» et elle ne s’en remit jamais.

***

Gérard remercia son monde et reprit la route de bon coeur. Il n’avait pas prévu d’aller 

à Nice mais grâce à Valeria qui lui avait promis une place pour le spectacle, il devait absolument faire un détour par la grande ville. Le Cirque Zavanni était un des plus somptueux cirques d’Europe et il était inconcevable qu’il n’y aille pas, ne serait-ce 

que pour sa Tatie Chérie. 

Il roula dix bonnes minutes lorsqu’il entendit un bruit incongru provenant d’un des sacs du coffre. 

Il jeta un oeil à son rétroviseur.

«Kostya ?...» 

Le singe semblait lui adresser la parole.

«Mais qu’est-ce que tu fais là ?!... Allez, viens t’asseoir à côté de moi...»

Kostya crapahuta comme il le put pour atteindre le siège passager.

Demain c’est sûr, il emmènera son filleul au cirque...

S.A.C.D. n°252343

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