T'écrire...
janteloven-stephane-joye
Car tu pensais qu'écrire
Soulagerait les maux
Effacerait « maudire »
Ou « t'aimer » du dico
Servirait d'exutoire
A ce cœur étouffé
Que tu dis en retard
Si petite cruauté
Car tu pensais ces lignes
Si miraculeuses
Pour chasser de ta vigne
Mes suppliques pleureuses
Et nettoyer le peu
Qu'il te restait de moi
Tous les mots même les pieux
Sur ton mur, sous tes pas
Car tu pensais chaque verbe
Capable d'un oubli
D'un rendez vous acerbe
A l'ailleurs de tes nuits
D'un recours alambique
Aux alcools quotidiens
D'une ardoise magique
Qui gommerait les miens
Car tu pensais ces vers
Moribonds et chétifs
Exercés aux revers
Et aux mornes récifs
Pouvant guérir déprime
Dépression et sanglots
Comme ces potions de nyhm
Que l'on croit placebo
Car tu pensais qu'inscrire
La douleur aux ressacs
Apaiserait désir
Comme une fleur de Bach
Et coucherait sur feuille
Les pleurs les plus amers
Les épines aux recueils
Qu'on voudrait délétères
Mais tu pensais à tort
Car écrire n'est en rien
Un remède ou un sort
Qui saurait faire le bien
C'est au mieux à son encre
Une pudeur étranglée
Et le cœur qu'on échancre
Fort des larmes versées.