Tel que tu es

Simba Lioness

Je te voulais toi. Je t'ai choisi. Parmi toutes ces rencontres où il semblait toujours manquer quelque chose, celles qui ne m'ont pas laissé rêveuse et perdue dans mes pensées, n'ont pas accéléré les battements de mon cœur de manière incontrôlable à leur simple portée, m'ont juste procuré une légère sensation de vide, si significative que l'alchimie ne viendrait pas ; et aussi, après quelques amours achevées, qui ont rayonné pleinement le temps qu'elles devaient, suffisamment fort pour m'apporter la patience de se laisser encore surprendre par des sentiments inexplicables et bouleversants, plutôt que de multiplier des intervalles confus et sans substance dont la fin est courue d'avance ; et ça, malgré les doutes, les appréhensions, les réticences, les envies, les rêves, les projets… qui sont immanquablement apparus tout au long du chemin.

On ne sait jamais quand l'amour nous tombera dessus. On ne sait même pas si ça existe vraiment, si c'est la même chose pour tout le monde, si on peut l'analyser rationnellement. Quelques instants m'ont suffi à te prendre pour cible. Simplement pour avoir autant apprécié ce court moment passé avec quelqu'un d'inconnu jusque là et de m'être sentie si bien en sa présence ; assez pour souhaiter que cela se reproduise un jour, même plusieurs jours. Quelque chose ou plein de choses me plaisaient chez toi. Agréable, exactement comme il fallait, alors qu'il y avait aussi de quoi nous distancer. Quelques heures dans le même périmètre, quelques paroles et quelques regards échangés ont semé ces détails qui t'ont fait revenir à mon esprit, encore et encore, pour ne pas juste miser sur des probabilités et des suppositions. Je ne te laisserai pas passer sans savoir si nous avons quelque chose d'unique à partager.

Si je te choisis, je te prends comme tu es. J'accepte tout ton passé, tous tes choix, tout ce que tu as déjà fait. Même ce qui me choque, même ce que je désapprouve, même ce qui me dépasse. Je t'ai laissé exposer ton parcours, sans le juger, en essayant de te comprendre et en étant parfaitement sincère en retour, telle que je suis vraiment. Une belle histoire ne peut commencer qu'en présence d'une totale sincérité – même si on doute parfois qu'à elle seule elle ne fasse suffisamment d'effet. Pas la peine d'en faire des tonnes, le temps écrit les grands moments. Ce sont les premières pages d'un livre qui permettent de dire si on en poursuivra la lecture, si les bases sont prometteuses et les approches attachantes, si on le savourera en espérant ne jamais voir arriver la dernière phrase, ou si on le jettera au rebut parce qu'il ne déchainera aucune passion.  

Chamboulée sans pouvoir l'expliquer, les papillons dans le bas du ventre mêlés à l'envie si profonde de se rapprocher par tous les moyens, je te veux comme tu es, avec tout ce qui fait ton existence jusqu'à maintenant. En oubliant tous les pseudo critères qu'on pense avoir, les résidus des relations précédentes qui pourraient encore nous hanter, les a priori sociaux auxquels nous sommes sans arrêt confrontés, toutes nos erreurs respectives qui nous ont autant freinés que fait avancer, pour ouvrir une nouvelle page blanche et donner le meilleur de soi-même. Juste croire en cette étincelle qui a pris entre nous et que je vois aussi dans tes yeux. Te connaître autant que possible, apprendre de nos différences, se mélanger l'un l'autre. Ecouter tes paroles comme tes silences, lire dans tes regards et deviner le sens de tes gestes. Quelle que soit la distance qui a séparé nos chemins, ils se sont croisés. Il n'y a pas de hasard que des rendez-vous. Puisque la vie est réelle, laisse la telle quelle. Elle n'a pas besoin d'artifices, d'être arrangée, maquillée, déguisée. En grattant, la version originale refait toujours surface. L'engrais de l'amour se trouve dans la confiance. Presque entière, que nous inspire celui dont l'âme épouse parfaitement la nôtre ; la complète, l'apaise, la révèle. A s'ouvrir totalement, de n'avoir jamais ressenti une si grande affection jusque là, si naturelle et évidente, semble-t-il, infinie et réciproque… Tels que nous sommes.

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