Television

jeff-slalom

                                                         Television

 Bien sur, il reste quelques images fanées du rock à la télévision…Des pom-poms girls sépias qui s’agitent dans une cave poussiéreuse. Le Top 50 et son salut les p’tits clous qui résonne dans le salon. Robin des bois, prince des lovers sur le tube de Bryan Adams. Les émissions du samedi soir, présentées par cet animateur indéboulonnable. Mais je doute qu'il n'ait jamais osé effrayer la ménagère avec des groupes de jeunes voyous.

 Trop jeune pour avoir connu les enfants du rock, je suis déjà trop vieux pour regarder au premier degré, le Rock Press Club de Manoeuvre et ses amis se demander si oui ou non le Rock s’est étouffé dans son vomi en 1973.

 Alors, finalement le Rock à la télé…c’est surtout un gros dinosaure qui vient d’un monde jamais vu encore. Tranquille, il se promène sur Hollywood boulevard avec ses lunettes de soleil sur le nez, incognito…Avec ses potes au look destroy, il fait partie d’un groupe, ils répètent tous ensemble, à la cool. Je ne me rappelle plus si le Dino et ses potes chevelus ont eu la chance de se produire un jour sur scène, mais personne ne peut nier qu’en répet’ ils envoyaient du lourd…Y en a même un qui jouait de la guitare-clavier. De la fiction à la grande muraille de Chine, il n’y a qu’un pas.

 Alors voilà le Rock à la télé, pour tout dire je n’en ai jamais vraiment vu, peut être que le Service Public a-t’il oublié de programmer quelques florilèges de guitares distordues, d’expérimentations piégeuses ou de symphonies pour psychopathes. Peut être que l’Intérêt général aurait pu être comblé…Non, le rock ce n’est pas la télévision mais je l’apprendrai plus tard, Television c’est le Rock.

 Arrêt sur image.

 Saut temporel. 20 ans, Easy-jetsetteur en herbe, direction Londres Stansted, directement depuis Limoges. L'europe, le low cost, les trous dans la couche d'ozone, tout ça.

Un été à Brixton. Tu t'en souviens, London calling, la ligne de basse qui tue de Paul Simonon?

Sous l'oeil bienveillant de CCTV, emporté par un flot de plusieurs générations d'immigrés, je suis vomi par la foule, sur les trottoirs d’Atlantic Road. Je viens de quitter le tube, ce métro privatisé, policé, surveillé. Fierté du Royaume.

 Premiers pas sur ce qui fut la ligne de front des émeutes de 1981, Cold Harbour lane. Pas la moindre trace d'activité maritime mais violence quotidienne et  criminalité à la petite semaine.

 Immeubles gris de crasses, flaques d'eau croupies dans lesquelles même le dernier des junkies ne voudrait pas tremper sa seringue, papiers gras de Fish and Chips qui flottent au vent, lads et rastas se côtoyant, casquettes, survets Umbro et pitbull pour les uns, Nike à 100 livres, chaînes en or et pétards pour les autres. C'est là que j'emménage, dans un HLM poisseux gardé par un brésilien nerveux, amateur de Viet Vo Dao. Grimaces et os qui craquent. Assurances de loyers jamais en retard.

 A quelques stations de métro, le froid lisse du marbre de Buckingham Palace, l'ombre triste de Big Ben sur la tamise, spéculation la semaine et courses de lévriers le week-end, pique-nique, nappes brodées et couverts en argents à St James Park, l'ourlet délicat du pantalon relevé pour la partie de cricket familiale.

Ici, culs sur le capot de la merco, sound systems improvisés, bootie shakes et regards en coin, brochettes de poisson et petits dealers. Des mecs louches qui tiennent le mur du taxiphone, sachets de weed qui passent de mains en mains, la canette de jus de coco sur le mur de briques en guise de mot de passe, braquages à main armée et avis de recherche épinglés derrière les étals du pakistanais du coin.

 La situation a t’elle vraiment changé depuis 1979 ? « Born under the brixton sun, his game is called survivin » comme dirait l’autre.

Ce quartier est tatoué à vif du souvenir des années d'austérité thatchérienne, lorsque l'inflation rampante et le chaos syndical s'immisçaient dans tous les pores de la société. Une apocalypse sociale dont le hurlement émanait d'amplis brinqueballant, avec au bout du fil les hérauts d’une jeunesse désenchantée : Clash, Sex pistols et autres groupes à scandales

 Brixton reste un laboratoire de métissage unique. Coiffeurs indiens, épiciers jamaïcains et les joyaux de la couronne, les producteurs de sons électroniques originaires d'un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais. Les expérimentations sonores les plus folles ont lieu ici, au cœur de cette zone sud oubliée des élites. Devant les vitrines taguées aux couleurs des héros locaux, grouille une foule de djs ravers, locks fluos sous la capuche, la rébellion à fleur de peau; un souvenir de ces glorieuses années qui ne meurent finalement jamais.

 Cet été là, c'est la révolution dubstep qui est en marche.

 L'alliance des racines afro-jamaïcaines du quartier, dub, ska et des influences urbaines britonnes qu'un continental ne pourra jamais vraiment comprendre, garage ou grime. Bon... c'est vrai, je n'y connais rien mais je fouille parmi les dubplates fraîchement pressées qui seront jouées le soir, devant un public en transe. Ça sent l'acétone et le carton frais. Je finis par comprendre que les fondations du dubstep ce sont des rythmes ralentis, des cliquetis électroniques qui tombent du ciel, la mélodie des grises fins d'après midi, la bande son des pauvres errances du mec en manque, qui tue l'ennui en traînant les pieds sur les boulevards déserts d'une ville pourtant insomniaque.

 Pour le novice, cette musique c'est avant tout une cathédrale d'infrabasses. Des vibrations qui prennent au corps et qui font trembler les intestins. Des basses qui font claquer les dents du clubber en pleine descente. Un bébé drogué qui attend la prochaine teuf, baignant dans son liquide amniotique.

Difficile de ne pas être impressionné. Les boites que je fréquente jouent encore du Sacha Distel. En 2002. Facile de mesurer le gouffre culturel.

 Absinthe en sous sol pour oublier. Les beats électroniques s’emparent de moi et je vois le futur, je danse sur les cendres de ce que sera Londres dans quelques années.

Je ne le sais pas encore, mais plus tard, Londres ça sera pour moi la Drum'n bass et les drogues chimiques bon marché. Les odeurs de curry et les riddims ébouriffants. Les virées nocturnes sur un bon son enregistré en home studio de banlieue moisie. Mais ce n'est pas cette fois ci que j'effectuerai la tournée des clubs mythiques, que je pousserai les portes de la Fabric, nom porteur d'histoire, pour m'extasier sur l'hédonisme apparent d'une foule sous mdma manipulée par un dj sûr de lui.

Plus tard j’apprendrai que, dans ce genre d'endroits, la vodka-bull se boit sans glaçon et que les autochtones à la cuisse blanchâtre se font plaquer dans les coins. Pour une poignée de livres s’offrent à vous, la crème des DJs, les sirènes tonitruantes, les stroboscopes épileptiques, la silhouette des potes qui se découpe dans l'épaisse fumée phosphorescente et les amplis collés  au plafond qui font s'abattre sur le public un tonnerre de beat.

 Mais bon…En 2002, le rock est encore excitant, ou plutôt il l'est redevenu.

 2002, c'est l'année du retour des guitares vintages et des pédales d'effets rétros. Les White Stripes explosent, Doherty sort du caniveau pour enregistrer les premiers singles des Libertines. Des groupes en Une un jour, disparus le lendemain. Ca sent bon le cuir, la bière et la sueur. Même en Corrèze. C'est dire l'amplitude de l'onde de choc.

 Le rock est dans les magasines de mode, les filles dansent et les garçons pleurent. C'est beau. J’avais cru entendre que les skins étaient redevenus fréquentables, alors j’avais boutonné le col de mon polo, retroussé mon pantalon vintage et dégotté une place pour un Newcastle-Leeds des familles.

J’avais marché dans la mode et comme l’affirme la sagesse populaire, ça porte malheur.

A peine arrivé, déjà dépassé. Alors, je me rue à Camden town.

 Camden, il paraît que ce n'est plus ce que c'était. La folie libertaire semble bien impuissante face à l’avidité des entrepreneurs immobiliers en ce début de siècle.

Le marché couvert tient encore debout. Oh oui ce n'est plus qu'une version édulcorée pour touristes de ce qu'il fut, pipes à eaux et T-shirts adolescents. Il y a bien quelques freaks sur échasses qui croient que la techno est encore à la mode, deux trois tatoueurs bizarres et un vendeur de frisbees. Pour le cliché, quoi.

Finalement, je dégotte une paire de Converse. D’occaz. Bleues évidemment, celles de James Dean, de Kurt Cobain ou des basketteurs oldschool. Et un T-shirt kaki, le même que celui de Thom Yorke, qui tombe parfaitement sur mon jean délavé. Non, pas encore slim. A l'époque on parle encore de moule bite de toute façon. La tenue adéquate pour un futur festivalier au goût affirmé.

 En ce mois d’Août 2002, the Strokes sont sur le toit du monde: Une du NME avant même le premier single, le scandale gentillet de NY City Cops (They ain't too smart), retiré de la version américaine après l'effondrement des deux tours, les tournées intercontinentales, les mecs qui se croient de retour en 73, la coke dans le jet privé et les groupies dans les suites quatre étoiles.

 Autant dire que je serai prêt à tout pour les voir sur scène. Traverser l'Angleterre, me rouler dans la boue, dormir sur le carrelage mouillé de la gare d'une ville industrielle du Nord, manger un genre de tartiflette des hauts plateaux au sommet d'une colline humide à l'herbe grasse. Tout je vous dis !

 idi à Leeds. Les rouquins rockers se pressent déjà contre les grilles. Des files plus ordonnées se forment à l'arrière. Le Carling festival ouvre ses portes.

Traditionnels stands de hot dogs trop chers, bière locale en guise de sponsor, badges punks, vinyles rayés et glissade sous acide dans la boue. Ouais, ça ressemble à ça.

 Ce jour là, les Strokes sont les rois, ils sont au sommet. Ils jouent la Champions League alors que les groupes qui les précèdent évoluent en deuxième division, perdus dans les profondeurs du classement.

 Tous derrière et eux devant, les New Yorkais clôturent la journée. L'orage s'abat sur la campagne du Yorkshire lorsqu'ils débarquent. Parfait. J'ai toujours eu l'air d'un punk avec une capuche de K-way rose sur la gueule.

 Première surprise mais aussi première confirmation : la vie de rock star se paye cash. Jambe brisée pour le chanteur, séquelle de la veille, soirée un peu trop chimique sûrement. Engagement contractuel alambiqué et impossibilité d'annuler évidemment. Assis sur son trône, Casablancas assure. Pas d'autre possibilité de toute façon.  Tout y passe, de « NY City Cops » à « Take it or leave it ». Des éclairs dans le ciel, la foudre sur scène.

 « Mec, on l'a fait on pourra dire qu'on l'a fait! Mec! Les Strokes de Is This It! Ceux qui ont rallumé la flamme, ceux qui ont relancé la machine quoi! Pas une de ces reformations de légende pour l'oseille. Non on parle pas des Stooges en 2004 ou de RATM en 2008, mon pote. Ah ouais et je vois bien venir le coup, à Paris dans 3-4 ans, les mecs ils seront comme des dingues, les lycéens de St Germain qui croient avoir tout vu, en cuir et en mèche j’te dis et leurs copines, qui iront faire les groupies, avec leur frange et leurs ray-bans, aux abords de République…J’le sens mon pote, j’le sens, j’suis sur qu’y a de la maille à se faire dans la converse, allez, vas y, on importe un conteneur, direct du Pérou ! »

our à Londres, retard de train, cernes violettes et notification de renvoi : la période d'essai ne sera pas prolongée, ma dextérité à presser les oranges se heurte à la flexibilité du marché du travail britannique.

Tant pis.  

 Mais cela me laisse du temps libre pour découvrir une ville qui ne ressemble plus vraiment aux images d’archive proposées par l’INA en troisième partie de soirée. Une bande de punks me paye des coups sur Leicester square, je salue les bobbies et me moque de la relève de la garde.  Un touriste parmi d’autres quoi.

 En bordure de tamise, les meutes de japonais, scrutant les monuments à travers leurs objectifs m'empêchent de goûter pleinement à la quiétude d'une sieste sur gazon frais. J'erre donc pendant quelques jours entre zone 1 et zone 2. Bols de nouilles chinoises avalés sans prendre le temps de s'asseoir. Devantures délabrées de sex shops glauques dans Soho. Bouteilles vides, barquettes grises, sales, abandonnées, mouchoirs, caisses en carton, mégots et divers vestiges du carnaval jamaïcain. Sushis sur tapis roulants. Et le 5 à 7 local : accent cockney, pinte de Guiness et fléchettes.

 Au cours de ces promenades sans véritable but précis, casque stéréo vissé sur les oreilles, mon mini disc, outil encore à la pointe de la technologie, devient mon meilleur compagnon.

Quoi de meilleur que de se caler dans le siège éventré d'un bus à double étage, de se laisser porter par le son et d'attendre que le miracle se produise, que la musique et le paysage qui défile entrent en osmose?

 Par quel heureux hasard la chanson « Horses » de Patti Smith s'est elle retrouvée là ? Sûrement le reste d'une compilation confectionnée avec la rigueur d'un artisan consciencieux par un compère. Mais c'est par ces cinq minutes de grâce que le miracle survint.

Je ne suis qu'un jeune ignorant et pensant Patti londonienne, je me dis qu'elle arrive parfaitement à retranscrire la sensation d'une course effrénée entre briques rouges et décors victoriens. Cette chanson me scotche, il me faut acquérir illico-presto l'album.

Retour à Camden town, Petites boutiques vétustes à l'écart de l'artère principale, disquaire indépendant, odeurs de café et montagnes de vinyles échoués.

Pour quelques livres, j'acquiers toute une série de disques promotionnels abandonnés dans des bacs à soldes. Le plaisir instantané de l’achat compulsif.

L'album de Patti Smith fait évidemment partie du lot, celui avec la pochette mythique, en noir et blanc. Toisant l’auditeur, la jeune poétesse, silhouette androgyne, chemise blanche et bretelles noires.

 Comme souvent, la lecture des notes de pochette, en plus de m’offrir des cours de langue bon marchés, m'ouvrira les portes d'une nouvelle dimension.

« Break it up » Lyrics and Song by Tom Verlaine. Chanson folle, bien trop mystérieuse pour que je ne m’y attarde pas. C’est qui ce mec, un poète loupé qui s’est mis à la guitare? Les premières photos que j’entrevois, ne sont guère rassurantes. « Attends, le rock, c’est pas avant tout une histoire de look ? Putain, Tom, t’as déconné sur la pochette là ! »

 De fils en aiguilles, le maigre vendeur tatoué, le genre de mec, qu'aime bien décrire Nick Hornby, me met sur la piste de Télévision. Ouais mec, tu vois les Strokes c’est le Velvet, c’est New York en 1977 ! Ouais c’est ça, putain, les Strokes c’est Television !

 Marquee Moon, premier album de Television, entre dans ma vie quelques jours plus tard, au détour d'une ballade à la recherche de Hugh Grant dans les faubourgs de Nothing Hill et de Portobello. C'est ce jour là que j'arrête le punk, au cœur de cette ville où il est facile de dire que tout a commencé, un quart de siècle auparavant.

 C’est vrai, et c'est sûrement un de mes conditionnements juridiques qui m'y a poussé, j'ai lu des livres, des revues sur l'histoire de la musique et j'ai cru qu'ils m'offraient la vérité. « Mais ouais mec, 1977, l'année Punk, le coup de pied dans la fourmilière, la gifle aux dinosaures du rock, la résurrection de l'énergie des pionniers »; Hum Hum…attends, j’écoute un peu pour voir…riffs graisseux, rythmique de bourrin, nouvelle hiérarchie percée et puis ce look, poncif redondant au possible, et puis la grande, la sainte légitimité du Punk : l'absence de solos. Bordel, mais tu rigoles ou quoi ?! Le solo, c'est un complot, un coup monté par ces salauds de Led Zep et Pink Floyd, gavés de fric, de poudre et de groupies ! Nous, on est purs et droits !

 Patti Smith puis Tom Verlaine font exploser cette conception. Television invente la ligne claire sonore. Un moment de pureté électrique exhumé. M’attendant patiemment depuis 1977. Je croyais avoir entendu qu’il s’agissait de l'année des punks.

 J'apprends les liens entre les deux, amants en 1975, New York, Bowery Avenue, le CBGB. Des lieux mythiques où je me rendrai plus tard, en pèlerinage. Les Ramones, Blondie, l’arbre généalogique et les cousins américains. Toute une histoire qui se dévoile et m’éblouit.

 Magie de l’imagination, je perçois une odeur urbaine, contemporaine et aiguisée, à la fois vivace et traîtresse, qui se dégage des enceintes. Comme une pluie acide grignotant les buildings, comme le doux grésillement parcourant l'édifice lorsque l'enfant vient de planter ses doigts dans la prise, comme la tentacule urbaine qui surgit des tréfonds, Marquee Moon s’empare de moi de façon dérangeante et inexorable.

Je ferme les yeux, et j’écoute la pluie frapper le bitume humide du Brooklyn Bridge, sur lequel se reflètent les lumières blafardes des feux de signalisation. Je les rouvre et voilà que déboule, d’un étroit couloir gris d’un immeuble insalubre d’Alphabet city, toute une meute de beatniks, punks, prêcheurs errants et vendeurs ambulants. Nouveau battement de paupière et Manhattan s’offre à moi : comatant dans les toxines de la nuit New-Yorkaise, mes yeux télescopiques observent cette lune qui ne craint pas l’éclipse.

Ce disque me fait tomber dans la folie. Ne sachant plus très bien de quel coté de l’océan je me trouve, je me laisse guider aléatoirement par les mélodies de Televison. Londres n’existe plus, la ville est  aspirée par la musique, je suis constamment sur le fil, vent dans les cheveux, grisé par le vertige, prêt à me jeter dans la vide pour saisir quelques notes de plus.

 Chaque soir, harassé par une telle expérience, regagnant mon petit apart’ miteux, je m’endors dans les bras de la Venus de Milo. C’est alors que je ressens, au cours de rêves étranges et pénétrants, que Television me montre la lumière : non, le Rock ne peut pas mourir, il est toujours là, tapi dans l’ombre, attendant son heure, t’observant à travers les fissures de la cloison. Un psychopathe prêt à te tomber dessus. A n’importe quel moment.

 Un matin, me réveillant transpirant, je comprends qu’il est temps de rentrer chez moi, de me mettre au vert. Verlaine et sa guitare pourraient avoir raison de ma santé physique et mentale. Quitter la grande ville, au plus vite, par n’importe quel moyen, quitte à creuser un tunnel sous la Manche.

Depuis je ne sors Marquee Moon qu’à de rares et précieuses occasions, conscient du trésor que le boitier renferme. Dans les ténèbres de la nuit électronique, ce disque est l’ultime repère, la bouée qui permet de se sauver d’un raz de marée de beats et de grésillement.

Comme quoi le sort est souvent ironique. Television. La cruauté de l’abrutissement cathodique ou la volupté de la révélation sonique instantanée. L’espoir d’intermittences audiovisuelles enjouées ou  la convulsion démente de solos maléfiques.

 Putain de Rock’n roll.

Signaler ce texte