T'es beau comme une comète, ch. 1

Adoko Palie

Titre inspiré de la chanson Kané de Fauve

   Demain, tu fais ta rentrée à l'Ecole Supérieure des Arts de Paris pour rejoindre ta colocation. Tu étais censée te coucher tôt mais l'impatience te retiens éveillée. Tu ne l'avoues peut être pas Hortense, mais cela te fait aussi peur. Tu sais qu'il va te falloir beaucoup de courage. A la fois pour affronter cette nouvelle année et ses enjeux mais aussi pour te retrouver. Depuis ton accident, tu crains de devoir abandonner ton rêve le plus cher : être une danseuse étoile de l'Opéra de Paris. Les médecins n'y croient pas vraiment, ta famille te protège un peu trop mais ce qu'ils ne comprennent pas c'est que tu ne lâcheras rien. Ils te voient surtout comme une petite fille, comme une brebis fragile et égarée. Pourtant, tu es plus forte que ce qu'ils imaginent. Ne remarquent-ils pas cette lueur qui brille dans le fond de tes yeux ?

   Tout le monde dort. Tes trois frères, tes parents. La grande maison est bien silencieuse. Tu ignores depuis quand tu es perchée sur le rebord de ta fenêtre. Le temps semble être suspendu mais une chose est sûre, la nuit est belle et bien tombée. Tu regardes le tout Paris. La Tour Eiffel à portée de vue, ses mille et une lumières jaillissent de son corps de fer. Tu te souviens encore, quand le soleil s'accrochait aux nuages pour espérer rester un peu plus longtemps afin de rencontrer son amie la lune. Le spectacle était éblouissant ! Un effort vain. La lune et le soleil ne peuvent pas être amenés à se croiser ; ainsi va leur destin. C'est ce que ta mère te chanter le soir pour t'endormir. Ce rendez-vous impossible entre l'astre jour et l'astre nuit.

   Si la nuit est tombée, que son voile enveloppe tout et que le noir t'effraie, la musique est là pour te rassurer. Grâce à Debussy - le soigneur de tes maux - les recoins de ta chambre te font moins peur. Tu relèves ton visage. Les étoiles décoratives suspendues à ton plafond imitent ces mers célestes de diamants incandescents que tu aimes tant contempler les étés, lorsque vous quittez la capitale pour votre résidence du sud. Les étoiles aussi t'apaisent et quand tu te perds dans ce ciel constellé, tu ne penses à rien d'autre que sa grandeur. Qu'existe t-il là-haut ? Quel est le secret de cette immensité ? Si l'univers angoisse certains, il te fascine. Toute cette lumière est le phare qui te protège des terreurs nocturnes.

   Finalement, le sommeil t'assaille et tu te résous à dormir sous les yeux grands ouverts de ton poisson rouge prénommé Igor, ton compagnon marin. L'être familier qui te soutiendra tout au long de ta nouvelle année à l'ESA.

Signaler ce texte