Tes mots seuls sont restés
redstars
On ne s'est jamais véritablement parlées. Non. Tout comme on ne pouvait pas dire qu'on était amies. Non, on a pas eu le temps pour ça. Ça prend du temps, une amitié. Notre relation, c'était une pluie de météores, d'étoiles folles et filantes.
Mais il nous arrivait cependant de discuter. D'écriture, surtout, de poésies. Tu disais que tu aimais mes mots à la folie, cette façon d'écrire, et moi je te répétais que tu écrivais bien, que tu n'avais pas à cacher tes écrits, car je sentais que tu n'avais pas la confiance en soi qu'il faut, car je sentais une faille. Tu écrivais, mais sans en être sûre, tu écrivais à tâtons, en marchant sur des œufs, tu écrivais presque coupable.
Il pouvait se passer du temps avant qu'on ne discute. Tu me lisais depuis mon premier blog - il y a plus de dix ans. En silence, en secret, sans te manifester, tu lisais mes maux, tu as vu leur évolution, et puis un matin ou un soir, tu m'as contactée :
"Amoureuse de votre prose, je me suis permis de vous rechercher pour avoir de vos nouvelles...
Excusez-moi si cela vous ennuie, je disparaitrais bien entendu."
Pas question que tu disparaisses. Je te l'ai écrit :
"Ne disparaissez pas..."
Je t'ai alors accueillie, heureuse de toute nouvelle relation. De là nous nous sommes mises à parler. A nous confier. A se poser les mêmes questions.
Tu me contais ta souffrance semblable à la même, on se comprenait mais sans jamais avoir de solution à offrir à l'autre. Tes mots, ou tes maux, qui sont restés dans la messagerie :
"Je m'enfonce chaque jour dans ma détresse. L'Âme à l'hécatombe, mes sanglots sont enivrés de Vodka. Je ne sais plus où aller, mes pas sont brumeux, perdus parmi la foule. Je n'aime pas ça, trop de bruit, trop de tempêtes. Alors je me cache sous mes couettes, bien plus tranquille. Je ne fais rien de ma vie, à par la détruire à coup de lame, d'ivresse, et de voracité. Je crie en silence, à la fleur de mes nuits réduites. J'ai écrit un court livre, mais personne n'en voudra."
Je t'ai proposé de le lire, si tu me l'autorisais. Je n'en aurai, au final, jamais eu l'occasion.
Nos mots sont devenus rares. Et je m'en veux, de n'avoir rien vu, de n'avoir rien détecté. Reste ton dernier message dans ma messagerie.
"J'avais demandé à ma maman de me donner la mort, elle avait accepté car je souffrais trop, mais j'ai trouvé ça trop horrible de lui faire ça.
Alors j'attends, patiemment..."
J'ai pas su deviner l'avertissement. Ce soir-là, je devais sortir, je n'ai pas pu te répondre dans l'instant.
Je relis tes mots avec nostalgie et culpabilité. Si j'avais discuté avec toi ce soir-là... peut-être que. Mais on peut faire toute une vie avec des "si", comme on dit. Ce ne sont que quelques jours plus tard que, sur les réseaux sociaux, j'ai appris ton suicide.
Bouche bée.
Je me suis sentie inutile, impuissante, désolée.
Tu écrivais ici, je t'avais donné le lien du site alors tu t'étais inscrite, timide, pour partager tes écrits. Tu étais très critique envers toi :
"Mais mes mots sont nauséeux, je ne sais pas écrire. C'est du crachat, du malheur. "
Et si je pianote ces quelques mots aujourd'hui, c'est pour que tes mots continuent de vivre.
Tu es partie, oui, mais tes mots sont restés ici :
http://welovewords.com/lirynn
J'espère que là où tu es, tu n'as plus mal. Peut-être un jour vais-je te rejoindre, j'en sais rien, mais c'est une possibilité. Quoi qu'il en soit, prend soin de toi, où que tu sois. Et pardonne-moi. De n'avoir pas pu rester ce soir-là.
M.
Magnifique... L'écriture est un exutoire dont il ne faut pas se priver:
· Il y a plus de 8 ans ·Écrire pour vivre,
Vivre pour écrire,
Écrire et juste vivre,
Oui, vivre avant tout.
Bien à toi
Nicolas Pellion
Très belle hommage à ton amie Lyrinn qui d'ailleurs écrivait fort bien à la manière d'un Baudelaire si j'peux me le permettre. Et toi tu as le même talent pour raconter les histoires, même si toutefois, elles sont tristes et émouvantes. Puis surtout, stp VIS petite colombe..
· Il y a plus de 8 ans ·Yitou