Tête à tête

T'es franchement loin de tout, t'es franchement loin du monde, j'te dis. Ecoute moi pour une fois, je suis là pour t'aider. Même si c'est ta dernière chance. Oui, regarde toi, rejeton de l'enfer comme la vie t'as quitté, comme ton âme est si loin et perdue ! Pantin désarticulé, robot désactivé, tu n'es plus qu'une ombre qui erre dans le sillage des gens. Tu te raccroches à ce que tu peux, mais tu ne peux plus grand-chose… Tout est éteint en toi, l'éphémère lumière qui t'habitais a disparu. Si je pars, tu ne le  supporteras pas. La solitude te tétanise, tu l'aperçois galoper vers toi, l'allure triomphante, et tout ton être te pèse. Respire, ferme les yeux, oublie les tourments qui t'accaparent, oublie les souvenirs écarlates, les cicatrices qui te brûlent et te démangent. Ne t'inquiète pas je ne vais pas m'en faire pour toi, tu n'es plus humain depuis longtemps. Ton cœur s'est mué en escarre, asphyxié par l'être vil que tu es. Je n'ai plus d'espoir, tu l'as détruit.

            Ce feu que tu possèdes, cette énergie qui t'as tant aidé, aujourd'hui te consume, détruisant lentement la raison dont tu as jadis était le pion. Ah oui ! Pour cela tu es la pièce maîtresse de ton être, ton jeu d'échec n'a pas d'égal pourtant ils t'ont eu, malgré tes coups bas joués avec brio. Belle ironie, joyeuse fin pour le roi détrôné. Comment ai-je pu être captivé par toi ? Comment ai-je fais fi de tes défauts pourtant alarmants ? Comment ai-je pu te laisser m'atteindre ? Il faudrait en rire mais il ne me reste que les larmes insipides de la haine.

            Je souris. Tu souris. Encore. Toujours. Esseulé dans ta joie ou dans ta peine ? Je n'en sais rien. Un frisson me parcoure, une torpeur me saisit.

L'heure approche… Il me faut te quitter. Pourtant je n'ai qu'une envie c'est de me battre, de te vaincre, pour mieux exister. Les infirmières approchent, elles viennent pour toi. Elles viennent pour moi. Elles viennent pour nous…

FIN