Tête en l'air

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Hommage au rien

Je n'étais qu'une petite graine. Un rien. Même pas une idée, je sais que tu n'en as jamais voulu. Toujours tu disais que j'étais la pire chose qui pouvait arriver. Et, ainsi, me voilà.
Aussitôt arrivée, aussitôt rejetée.

Même pas une idée, encore moins que ça j'étais.
J'ai pas la conscience -pas la chance d'en avoir développé une- pour ressentir la haine, la crainte, l'écart que j'ai creusé entre vous deux. Ça aurait pu donner quelque chose, tu ne crois pas ?
Non, bien sûr que non.

J'aurais eu un an. D'ici à mois, et qu'aurais-je été alors ? Toujours un rien, toujours la cause de ces envies de mort, de mordre fort l'oreiller imbibé de tes larmes.

Imagine. Une seconde, seulement. Et si j'étais resté ?
Quel nom, quelles couleurs, quelle âme ?
Et vous deux, alors ! Toute l'histoire aurait été bien différente.
L'un finirait vieux et avachi sur le canapé, l'haleine grise et poussiéreuse. L'autre aurait fuit.

C'était la pire chose au monde qui pouvait t'arriver. Et c'est arrivé.
Tu as fait ce qu'il fallait. J'espère que tu m'entends, lorsque je te souffle ces mots. Je te guide vers l'avenir, sans moi, sans lui, sans tous ces soucis. Il était beaucoup trop tôt pour s'embarquer dans cette aventure, n'est-ce pas ? 
Je regrette d'avoir pointé le bout de mon nez.

Et si j'étais resté ?
Un an. Tu te serais condamnée à vie.
Tel est le cas aujourd'hui. À perpétuité, le corps sale, la peur décuplée, le dégoût, le rejet. Mais sans cette ombre qui menace.

Plus jamais je ne serai, pas même juste une idée.
Maintenant je flotte au-dessus de toi. Je te suis. À jamais.
Tu oubliera certainement, un jour, cette sensation qui dérange, qui démange, ce malaise.
Tu te rappellera vaguement qu'un jeudi de janvier 2017, tu as failli faire la plus belle connerie possible.
Un endroit chaud et confortable, qui restera vide... Ce n'est pas triste, non, ne pleure pas !
Tout va bien. Tu vas bien.

Petit à petit je quitte ton esprit. Jamais totalement.
Tu regrettes suffisamment cette erreur. 
Pas ton choix. Le fait que ce soit arriver.

C'est si commun. Voici probablement le plus terrible, dans tout cela. Tu en entends parler constamment, et pourtant tes mots ne sortent pas. Un secret bien gardé, dans ton jardin secret.

Les échos de mon rire silencieux et impossible résonnent. 
Continue d'exister.
Je ne peux le faire pour toi.
Fais-le pour nous.
Pour toutes ces fois où la vie te présente ces plus grosses montagnes, ces volcans qui grondent et noircissent tout autour deux. Réduisent en cendres ton monde.

Tout renaît. L'Amour et l'espoir aussi.

Je reste là.

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