Thanatos

Océane Martin Aguilera

Je ne suis pas parfaite. Certains disent que je suis un ange. Peut-être. Mais dans ce cas, je suis un ange plein de démons.

Ils reviennent, me hantent et me tourmentent, jouent avec mes nerfs et mes sentiments, me font tourner la tête et le coeur, me poussent et me tirent, me relèvent et me font trébucher, m'emmènent hors du chemin pour mieux m'y remettre...
Mais ces aléas ont un prix.

Prix de mon esprit, de mon sang, de ma vie, de ma folie.

Thanatos me parle tout bas, litanie incessante qui m'attire vers ma fin. Facilité, égoïsme. Je deviens aussi froide que cette lame de rasoir. Aussi électrique que cette prise. Aussi rêche que cette corde. Aussi dur que ce sol, trois étages plus bas... Aussi pâle et morne qu'un cadavre.
L'appétit m'abandonne, mon sourire et mes rires volent aussi haut que l'hypocrisie et les mensonges dont ils sont fait.

Je suis seule, dans cette chambre familière et mienne, et pourtant, je m'y sens comme dans un lieu inconnu, étrangère à ce monde qui est celui de cette lumière qui m'a abandonnée.
Thanatos revient à la charge. Je l'écoute, bois ses paroles comme un ivrogne sa gnôle dans la brume froide et obscure de la nuit. Pourquoi pas ?

Mais non. Je dois tenir. Les ailes noires et les suppliques morbides de mes envies et de ce dieu des Enfers ne gagneront pas. Mes démons ne me tueront pas.

Si je dois mourir, ce sera en ange déchu par les épreuves de la vie. Non pas en victime de ses souffrances.


"Comment allons-nous sortir de ce labyrinthe de souffrance ? Vite, et d'un coup". John Green.

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