THE BOUNTY HUNTER AND THE “QUEEN”

suemai

ÉPISODE 2 - TEXTE DÉPOSÉ

Vingt-six bougies. Assez canon. J'bosse en solo pour le FBI depuis bientôt cinq ans. Je m'en porte bien. J'adore mon job. J'me nomme Yana... Yana Yanovish, chasseuse de primes.

***

Je roule vers San Francisco, toujours sur ma Barigo. La Reine : Élimination. Un tripot composite. On y trouve de tout, d'la Coco pure à d'la pute vierge. Une mafia toutes nationalités confondues. Des spécialistes de la gâchette, des maitres du Kung Fu, des psychopathes du crime, des sadomasos, des arnaqueurs, une brochette plutôt impressionnante de bouffeurs de magouille. Sur ce coup-là, j'ai droit à cinq têtes, que j'ai négociées à 500 balles pièce. Ça va m'payer l'scotch pour un moment. J'me ferais ben une ligne, mais pas sur le boulot. Faux que j'assure. Ce coup-ci, j'me paye l'hôtel, c'est dans l'contrat. Arrêt Obispo.


— Laisse bonhomme. J'porte moi-même. Tu m'fais monter un triple scotch et la carte d'la bouffe. Pas pour dans dix ans, on s'entend.
— Oui Madame, je transmets votre demande au service aux chambres.
— Pas mal, gringo, attrape !

J'lui laisse un billet de 20. Il m'reluque le cul du temps que j'me rende aux ascenseurs. J'me r'tourne et le v'la qui disparait en sifflotant. Pas croyable. Il a jamais vu des fesses de tueuse, pour sure.

J'sors d'la douche. On frappe. J'passe le peignoir. J'braque mon 45. J'ouvre.

—Service aux chambres madame.

J'sens l'type un peu nerveux.

—T'énerves pas mec, sécurité. Merde... j'voulais pas d'glaçons. Ma faute c'coup-ci.


Tonton service aux chambres, tout blanc, veut s'faire la malle avec mon scotch. J'le stoppe. J'prends l'verre, je retire les gelons du bout de mes doigts. J'lance tout sur la moquette. Plutôt cool le tonton, il a même envie d'rigoler. J'lui pique un p'tit sourire. J'entrouvre le peignoir, histoire qui s'rince l'œil. Ça l'calme drôlement. J'attrape le menu. Je scotch le mec. J'commande illico.

— Ta salade de crevettes, c'est pas mal ?
— À date, personne ne s'est plaint. Vous désirez autre chose ?
— T'ajoutes l'assiette de fromage, une bouteille de rouge, un australien, et des chips : des riffles BBQ,
— C'est que...
— Tu te démerdes. Tiens prends... un autre 20 qui s'envole.
— C'est quoi ton nom ?
— Barry, madame.
— Tu dis au cul sec que c'est toi que j'veux pour tous les services.
— Cul sec, hahaha, se met-il à rigoler.

J'le r'garde. Il stoppe. J'lui donne un code pour la porte. Il rattrape le menu. Un œil sur les glaçons. Un p'tit rictus et il se casse. Pas mal le Barry, il s'est pas mis à hurler quant j'le pointais avec mon feu. J'm'étale sur le lit, les fesses à l'air. Ben quoi...! Faut ben qu'ça sèche. Mon Smartphone en main, j'consulte le dossier.

La Reine, Rina Bartoutchi, appelée Rina la tatouée. Sicilienne. Doit être vachement colorée la fille. Dix gardes du corps du genre haut-de-gamme : Fred la massue, Joe l'étrangleur, Kennel le givré, Kankul le prince du Kung Fu, Rénaldo le Caballero, Antoine le vicieux, Bert le molosse, Iniki la folle du Tyako. Rostebal le brillant et Badineur le dandy. Tout c'qu'il y a de chouette.

Ok, voyons voir, c'est qui cette Rina la mafieuse ? Toc – toc toc – toc – toc toc – toc. Le code.

— Entre Barry, c'est ouvert. J'pointe mon 45 au cas...

Tout essoufflé, il colle le cabaret sur la petite table.

— Voilà madame, tout y est.
— Pour les chips, pas d'soucis ?
— Non, non, une petite mise au point avec cul-sec... pardonnez-moi, Mr. Grouch. Rien de bien sérieux.
— Avant d'oublier, t'es libre vers, heu...disons les 22h. ?
— Oui. Exactement l'heure à laquelle je termine mon chiffre, Quelque chose qui vous contrarie madame ?
— Non, pas vraiment. Ça t'dit d'me sauter, ça fait un max et t'as une belle tronche ?

Il faut voir la tête du Barry. Ses joues d'viennent aussi rouges que d'la tomate de sacristain et apparait une bonne grosse bosse dans l'pantalon. Donc, pour conclure, J'me me recouche les jambes légèrement ouvertes. Là j'peux pas décrire le oui, tout coincé, que j'entends. Ça m'donne l'impression que sa braguette va exploser. J'la rigole solide. Alors c'est OK ?

— Pour sure madame, pour sure. Vous dites 22h... je pourrai prendre une petite douche ?
— Tout c'que tu veux mon beau. Tu nous rapportes du champagne et des fraises, ça te dit ?
— Avec plaisir madame.
— Bon, tu laisses le madame, c'est Yana, compris !
— Compris Madame Yana euh... Compris Yana.

Il sort aussitôt. J'crois que son pantalon en a pris un sale coup. J'la rie encore. Bonne chose de faite. Retournons à la Rina. Blablabla. Blablabla, bon v'la. Environ 26 ans, réputée pour son sadisme et ses maléfices. Elle semble diriger tout l'clan. Le bar Fingers sur Cringston avenue. Gardes à l'entrée. D'accord, pas plus d'infos. Va falloir improviser. Chic alors.

Je bouffe le tout. La salade géniale, avec le fromage et les chips, en arrosé de rouge. La bouteille, clong. J'm'écrase devant la télé. Foutue merde. Je m'fais une petite sieste. Toujours la main sur mon 45. Il se passe moins de deux heures et Toc – toc toc – toc – toc toc – toc. J'ouvre un œil, puis le second.

— Tu t'amènes, criais-je à Barry, présent à l'heure pile.

Il entre. Il se tire dans la douche. J'ouvre le champagne. Je répartis les fraises dans un plateau. Il apparait et c'est parti. Bing-bang-boom et fraises et champagne et Bing-Bang-Boom et fraises et champagne et Bing... (X 3). Au dodo. Mon 45 à porter d'main. Il ronfle le Barry. J'lui colle un sparadrap.

Éveil en sursaut. Il bosse à 9h. Le réveil indique les 9h24. Grouille lui dis-je. Il se rhabille. Impossible de retrouver son nœud papillon. J'découpe un tissu noir et je lui confectionne un truc pas très joli. Il descend aussitôt, le visage tout boursoufflé, comme si on l'avait tabassé toute la nuit. Douche. Ben le v'la l'papillon, coincé entre le savon et le shampoing. J'me fringue. J'ramasse. J'fourgue tout dans mon sac à dos, J'passe mon Calvein Klein et je m'engouffre dans l'ascenseur. Au rez-de-chaussée, je me dirige vers Barry. Il rougit. Je lui rends sa cravate et je mets la main à ma poche. Bordel, me dis-je, combien ça vaut un pute pour une nuit. J'glisse 50 balles dans son veston. J'lui file un gros câlin. Tout le personnel regarde. J'lui fais une grosse bise en supplément et j'sors.

***

Je roule toujours en direction de San Francisco. J'fais l'plein. J'paie. J'repars. Sur place, j'dois repérer les lieux. J'planque la moto et j'me rapproche du Fingers. J'me faufile par derrière. Toutes les issues sont bouclées. Tout en promenant mes yeux au travers de mes jumelles. J'aperçois quelqu'un d'camoufler derrière un bloc de béton. Ami ou ennemi ? J'me rapproche et je lui pointe un tronqué sur la tempe.


— T'es qui toi ?
— Une agente de la criminelle. Je traque ces mafiosos.
— C'est quoi ton nom ?
— Schlack, agente Bernie Schlack.
— T'es vraiment d'la criminelle, c'est ça ?
— Ben oui M'dame et vous ?
— Pas d'importance Schlack. T'as repéré un point d'entrée ?
— Oui quand ils changent la garde, ils s'éloignent toujours pour fumer une cigarette.
— C'est un pétard, la jouvencelle, pas une cigarette. D'la drogue.
— Bon sang... vous croyez ?

Voyant cette agente, pour le moins ingénue, j'décide d'nous rapprocher et d'longer le mur. Le changement d'la garde se fait. Je me lance à l'attaque et je zigouille les quatre mecs, sous les regards horrifiés de la p'tite nouvelle à la criminelle.

— Ok là tu m'suis. Tu t'colles à mes baskets, enfin mes bottes. T'as quoi comme arme ?
— Bien mademoiselle, notre pistolet de service et j'ai cru bon prendre ceci à l'armurerie.

L'agente s'empare de deux mini-Uzis, des armes légères à répétitions et un tas de chargeurs.

— Et ben là, dis donc, t'as de la cervelle au final. Tu fais comme j'te dis. Tu m'laisses un Uzi avec des chargeurs et tu utilises ça.

Je lui mets un tronqué dans les mains et j'lui explique le fonctionnement. Je décide d'un plan d'attaque.

— Toujours dos à dos, on tue tout c'qui bouge et on avance. On fait parler un mec pour connaitre où s'planque la Rina et on fonce.

Schlak, morte de peur, ne répond rien. C'est parti. Pour d'la vermine, on était servi. Il y'en avait des masses. Feu d'un coté, feu d'l'autre, on s'retrouve derrière une colonne.

— Dis, demanda Schlack, t'aurais pas du mascara, j'ai laissé le mien dans la baignoire ?
— Mais t'es vraiment givrée ou tu débloques à temps partiel ?
— Non... non, madame, c'est juste que je ne veux pas mourir démaquillée, je suis horrible sans mascara...

C'est là, que j'ai compris l'existence du FBI et des autres organisations.

— Écoute ma jolie, pas d'mascara. Tu t'colles à moi et j'te promets que tu sors vivante d'ici. Ça t'va !

Schlak reprend confiance et il était tant. Du gros gibier s'dirige vers nous.

— Feu Schlack ! Feu !

Un tronqué d'une main et le Uzi de l'autre, la racaille s'écrase mortibus. On progresse. J'en fais parler un. Au troisième à droite, me dit-il... j'lui troue l'estomac. On s'rend sur les lieux, sans trop de difficulté. J'explique à l'agente Schlack ce qu'elle doit faire et, surtout, de qui pas s'approcher.

J'défonce la porte, comme à mon habitude et j'laisse les chargeurs se vider, Schlack et moi retranchées de chaque coté. J'lui fais signe. On entre et on ouvre le feu. Deux chargeurs pour abattre les molosses. Puis s'pointent les autres. Pendant que Schlack recharge, je mets à terre Joe l'étrangleur, Kennel le givré et Rénaldo le cabalero. Antoine le vicieux, Rostebal le brillant et Badineur le dandy s'cassent, laissant la Rina pratiquement sans défense. Par contre, mauvaise nouvelle, plus de chargeurs, même chose du coté des tronqués. Une bagarre à mains nues débute. J'me jette sur Kankul le prince du Kung Fo. L'agente Schlack se retrouve aux prises avec Iniki la folle du Tyako : un genre de danse envoutante, suivie d'une virulente attaque. J'en ai plein les bras avec le Kanku et j'peux pas aider Schlack. Pendant que j'massacre mon bonhomme, j'aperçois l'agente s'attaquer à Iniki avec une souplesse incroyable. Elle danse avec elle et à des moments précis, elle lui décoche ses jabs. Iniki obéit à des rythmes très précis avant de frapper. L'agente Schlack, ayant compris cette donnée rapidement, applique ses ripostes au bon moment. Kanku et Iniki s'étalent. Ne demeure que « The Queen.» J'me lance sur Rina, mais elle me bombarde de serpents et autres bestioles dégelasses. Je me débats, mais l'ennemi me submerge. À ce moment, l'agente Schlack retire une lame de sa botte. Elle la balance et atteint Rina en plein front. Les bestioles disparaissent du coup.

— Ben dis donc Schlack, pas mal pour une nouvelle de la criminelle. Joli coup d'couteau. Je t'en dois une.

Je récupère le sang d'la reine et de quatre autres sbires, dans des éprouvettes. Schlack me demande pourquoi. Je décide de tout lui raconter. Elle me fait un petit sourire et m'aide à terminer. Puis, piétinant la trainée de cadavres, nous sortons. On entend le sifflement des sirènes de police au loin.

— Ben là, pas rapide l'écurie...

Schlack se tait. J'n'insiste pas.

— T'as une bagnole ?
— Non, j'fais mes trucs en joggant, rigole-t-elle.
— Allez, monte, j'te ramène.

Couvertes de sang, nous n'étions pas jolies à r'garder. Nous nous rendons donc chez Schlack. Douche, changement de vêtements et... mascara bien entendu. Ça d'venait, comme qui dirait, nécessaire. Pas vilaine la Schlack, me dis-je, tout en nous douchant. Plutôt grande, toute mignonne, des cheveux blonds aux épaules, des seins d'une belle grosseur comme les miens, longues gambettes, un cul tout rond, pis pas mal joli, même plutôt. Ok, ok, mon sac. Mes frusques. J'enfile tout. Elle m'observe. J'rougis. Ok, les choses sérieuses. Elle cause la première.  

— Maintenant Yana, qu'est-ce que je raconte, que j'ai démantelé l'organisation à moi seule. Personne ne va gober ça !

— Ok, t'as un appareil photo. Tu m'prends sur ma moto et tu dis qu'une mystérieuse agente t'a prêté main forte dans cette rixe. Tu enrobes un peu et tu s'ras l'héroïne de l'année, j'te dois ben ça. Tiens... mon téléphone au FBI et mon code d'accès, si jamais t'as besoin.

Après quelques dangereux bisous, j'retourne au central. Les éprouvettes bien au chaud dans mon sac à dos.

***

Vingt-six bougies. Assez canon. J'bosse en solo pour le FBI depuis bientôt cinq ans. Je m'en porte bien. J'adore mon job. J'me nomme Yana... Yana Yanovish, chasseuse de primes.

À suivre


TEXTE DÉPOSÉ

Signaler ce texte