THE BOUNTY HUNTER AND THE “SUMMER OF LOVE” Volet-1
suemai
Vingt-sept bougies. Assez canon. J'bosse en solo pour le FBI depuis bientôt cinq ans. Recrutée d'une prison de Dallas, à sécurité moyenne, pour divers délits, dont un meurtre par légitime défense, on me proposa le boulot. J'ai accepté. Je m'en porte bien. J'adore mon job. J'me nomme Yana… Yana Yanovish, chasseuse de primes.
***
J'roule toujours sur ma Barigo. Destination Monterey. Halte à Obispo. Ce coup-ci, qu'une tête à 2500 $ et qu'un non : Josh Tellnam. Un type dans la soixantaine, qui donnerait dans l'radio pirate. Une diffusion par jour. L'mec raconte sa vie : Le «Flower-Power», le «Summer of love», «les Hippies», pis la «la contre-culture» que m'débite Smiss, avec l'air de pas vouloir trop en dire. Du chinois d'putain d'philosophie, que j'connais pas. Semble qu'on l'apprécie pas trop en haut lieu. Verdict : «Élimination.»
Pourquoi Monterey…? Ça il faux que j'trouve. Pas terrible comme piste. Me v'la enquêtrice. Pas trop mon rayon. Une petite nuit à Opispo, même hôtel et demain, Monterey. J'sais pas si l'Barry fait encore dans l'service aux chambres. S'rait cool de l'revoir; pour tout pleins d'raisons. Les fraises et le champagne, plutôt sympa. Obispo.
— Tu m'la cajoles. Pas une égratignure, Vu!
— Oui mademoiselle, je fais le nécessaire. Votre moto sera traitée avec le plus grand soin. Veuillez me croire.
J'attrape mon sac et je lui file un billet de 20$ comme toujours. Pas vrai, v'la cul-sec…
— Mlle Yanovich, c'est un plaisir de vous revoir. Vous comptez passer quelques jours parmi nous,
— Hey Grouch, j'ai la tête d'la fille à «vacances» ?
— Bien sûre que non, veuillez pardonner ma méprise,
Il parle comme un animateur de télé, il m'les gonfle là… bon… pas les nibards tout de même. Encore des expressions d'gars. Ok, y m'saoule le mec. Pas mal, hein!
— Même chambre, un triple scotch sec et vous portez, vous-mêmes, vos bagages.
— T'as appris ta leçon. Et tu m'lorgnes pas le cul, clair!
Il baisse la tête, J'pensais qu'il allait pleurer. Il m'fait la promesse.
— Ok…ok… tu peux t'rincer l'œil, mais tu sifflotes pas en te tirant.
— Madame est trop gentille. C'est qu'à vrai dire, vous possédez une fort jolie silhouette et qu'en temps que…
— Ca va, ça va les discours. L'Barry… bosse toujours ici ?
— Malheureusement non, Mlle Yanovich, nous avons dû nous en départir.
— Mais t'es malade l'Grouch. Tu m'le ramènes et tu fais dans l'rapide. J'le veux aux max dans une heure, ou j'me casse illico!
— Ce sera fait immédiatement. Je…
— Scotch dans deux minutes, Grouch et top chrono…
Le voilà qui déguerpit. J'me r'tiens pour pas éclater. Au final, c'est pratique un beau cul.
On frappe. J'prends mon flingue. J'pointe. J'ouvre. Le type pisse dans son froc. Juste l'temps d'attraper mon verre, avant qu'il se taille. Le con, me dis-je. Pas de glaçons du moins, toujours ça d'pris. La douche. Me r'voilà en peignoir. J'me regarde le cul dans la glace. Ouen, pas mal, faut faire gaffe, rapport au poids. Merde, ça m'chatouille entre les cuisses… pas d'manuel, ça m'dit pas. J'décide d'attendre le Barry. J'contacte le service aux chambres.
— Fraises et champagne. J'raccroche
On cogne. Pas l'goût d'voir encore un mec s'pisser d'ssus.
— Ok tu laisses d'vant la porte, que j'lui cris, attrape.
J'lui glisse un 20$ et j'entends l'ascenseur. J'ouvre. Je ramasse tout et j'dépose sur la table. Je prépare le festin. Mais qu'est-ce qui fout! J'ai envi d'crier. Ma troisième douche. Allez, la savonnette. Visage sous l'pommeau. Humm c'est bon! La porte s'ouvre. Merde désarmée. J'empoigne le type et j'm'apprête à le faire valser lorsque j'entends,
— C'est moi Yana, Barry. Là, tu me fais mal.
Je lui saute littéralement dessus. Bon sang, y'était temps. On se rue au lit et c'est reparti. «Bing-bang-boom et fraises et champagne X 3.» On est en sueur. Sous l'eau, on s'amuse un moment. Je m'rends compte que l'Barry, ben il m'attire pas mal... pas mal trop. Fait chier, bordel. Me v'la dans ses bras, la tête collée sur son épaule, avec comme un p'tit quelque chose qui gargouille. Il me caresse le dos. C'est foutument bon. À un moment, j'me retrouve à l'embrasser. Pis du sérieux. Là j'en perds les pédales.
—Hey, l'Barry, tu peux m'dire c'est quoi là ?
—Yana, heu, j'crois… qu'on s'aime… bien.
J'garde silence un moment.
— T'as pensé à moi, depuis l'temps ?
— Je peux te dire la vérité, sans que tu m'assassines…
— Tu dis n'importe quoi là. C'est pour de vrai ?
— Beaucoup Yana, je dirais même chaque jour.
— Tu m'aimes ?
— Oui.
J'cours à la salle de bain et j'en pleure un max. Y'a Barry qui tente d'entrer. J'veux pas qu'il me voit les yeux tout bouffis. J'm'empare de ma trousse de maquillage. Ça c'est d'la faute à Schlack, qui m'a contaminée. Me v'la au mascara. Pas croyable. Je joue à la poupée, ça camoufle les larmes. J'ouvre la porte. Barry demeure la bouche ouverte et se momifie. Là j'ai peur. Y m'fait possible une cardiaque. Il s'remet à bouger. Ouf…sinon j'appelais l'hôpital.
— Tu m'refais pu jamais un truc comme ça, l'Barry, compris!
— Je suis désolé Yana. Ce n'était pas mon intention, c'est simplement que…
— Que…! Que…!! Que...!!!
— Que tu es tout simplement magnifique.
Là, j'attrape mon air. Ça m'gèle total. Même que j'cours passer l'peignoir, par pudeur. J'me sens toute bizarre. Merde de chiotte, je l'aime pour vrai. C'est pas possible… J'retourne près d'lui. J'm'assoie sur le coin du lit. Il me r'garde. J'deviens toute rouge. Il sourit l'imbécile. J'lui tombe dessus. J'ai l'goût d'lui faire la peau. Il ne bronche pas. Il m'attrape et m'câline une nouvelle fois. Ça en finit pu. J'en d'mande toujours plus. Là on fait l'amour. C'est doux. Il me caresse. Je l'embrasse sans arrêt. Il me prend… je jouis, mais pas comme d'habitude. C'est chaud, pis plein d'douceur. Ça m'fait mal en dedans. J'me r'mets à sangloter. Là, l'mascara me bousille le visage. J'cours m'réfugier d'nouveau. J'pleure encore comme une dingue. J'comprends pu rien. C'est toute mêlé la d'dans. Il me talonne. J'avais pas bouclé. Il entre et il m'attrape par le bras. Il me nettoie avec précaution. Il me tend le boitier. Pour lui, j'me refais l'mascara. On se recouche. Le temps passe. J'pense que j'ai dormi. J'l'aperçois qui m'regarde. Cette fois je tiens bon et j'le fixe. J'veux parler, mais il m'empêche.
— Yana, je suis follement amoureux de toi. Il faut que tu le saches. Toute cette derrière année, je t'ai rêvé mais, je ne savais pas où te trouver. Quand j'ai entendu cul-sec qui me demandait à l'hôtel, j'ai tout compris, que ma jolie, tendre et magnifique Yana Yanovich était de retour.
— Dis pas ça mec, tu sais pas qui j'suis. Une personne pas recommandable. J'bosse pour le FBI. J'suis agente, mais… une bounty hunter, une tueuse. Tu comprends. Pis là j'ai un problème grave, parce que j't'aime aussi, pis que j'peux pas… ils vont t'liquider.
— Je sais qui tu es Yana. Sans toi j'meurs, avec toi J'meurs, qu'est-ce que ça change…
À un moment il se lève. Bon sang, il a aussi un fichu d'beau cul. J'rigole. Mais c'est un genre de sourire que j'connais pas. Il est tout chaud et j'le sens partout dans mon corps. C'est ça qu'on entend toujours dire, que l'amour ça fait mal. Moi j'veux pu souffrir, j'ai assez donné de ce coté là. Il commande d'la bouffe. Il revient. J'me sens encore plus bizarre. J'ai la trouille. J'l'aime. Faut que j'parle ou j'chiale.
— T'as quel âge Barry ?
— 24 ans, pourquoi ?
— Non, comme ça, j'en fais 27
— C'est plutôt rapproché, se risque-t-il
— Si on veut. Tu bosses dans l'hôtellerie. T'as pas songé à aut'chose ?
— Mais si Yana. Je termine tout juste une maîtrise en anthropologie.
— C'est quoi ça ?
— Bien, c'est simple et compliqué. Disons que j'étudie les civilisations et leurs mœurs.
— Si tu m'expliquais ça avec d'vrais mots…
— Bien, supposons un peuple ou une époque précise de l'histoire. Alors j'analyse tout en détails pour accumuler et ordonner toute l'information qui s'y rattache.
— C'est pas les historiens qui font ces trucs-là.
— Oui et un tas d'autres scientifiques, mais c'est un peu l'anthropologie qui chapeaute tout. On travaille beaucoup en collaboration avec d'autres spécialistes d'autres domaines, comme les historiens justement, les sociologues, les ethnologues, etc.
— Ok j'comprends. L'«Flower-Power» ou des choses du genre, ça t'dit quelque chose ?
— Curieux que tu me demandes ça, c'est le sujet de mon mémoire de maitrise. J'ai grandi près de Monterey, là où tout a commencé.
— Vraiment… pas croyable! T'as des engagements dans les prochains jours…? J'aurais b'soin d'tes services.
— J'allais te le proposer. On aura peut-être à se faufiler sur le sable, la roche et les galets en bord de mer, la moto ce sera l'idéal.
On bouffe comme des porcs. C'est r'parti pour la fraise-champagne. On reste raisonnable que deux fois. Au dodo. Il ronfle pas. J'avais le sparadrap en main. J'me réveille. Il me regarde dormir. Il a vraiment d'beaux yeux. Comme une sorte de l'vé d'soleil de poche. On s'embrasse comme des mômes. C'est lui qui doit m'ret'nir, j'y passais la journée. J'enfile le peignoir. On s'fait le p'tit-déj. On s'relance, puis douche et fringues.
Faut que j'contacte Schlack. J'le sens pas trop l'job. Pas assez d'données et Barry à couvrir. Les balles, ça transperce tout le monde, les anthropologues comme les autres. Mon téléphone sonne. 1 fois, 2 fois… 8 fois.
— Schlack…!
— Hey salut, c'est Yana, ça va comme tu veux ?
— Minute Yanovich, j'te reviens.
Ça joue dur de l'autre coté. Dans quoi elle s'est encore foutue les pieds… J'attends. Y'en a un qui expire pour sûr, un deuxième et un troisième qui s'prennent une solide dérouillée.
— Oui Yana, désolée, trois braqueurs. J'pouvais pas te répondre. Tu rencontres un problème là ? Encore de la vermine à cramer, rigole-t-elle.
— Schlack, tu peux m'cesser tes p'tits jeux, t'as bu ou quoi ?
— Non, pourquoi, juste un pétard ya pas longtemps.
— Ben, dis donc, t'as comme… émancipé rapide…
— Ok Yana… j'peux quelque chose pour toi ?
— Ça t'dit d'bosser, un truc particulier, deux, trois jours, c'est faisable ?
— Pas de soucis ma belle. T'as besoin de munitions ?
— Ben ce s'serait pas d'refus. T'as une moto ?
— Non, pas sous la main, mais c'est pas un problème. Alors l'adresse ?
— Barry! T'as une adresse à Monterry ?
— Plumes Coffee House Vieux Monterey au 400 Alvarado Street.
Je fournis l'adresse à Schlack.
— C'est parti ma jolie, j'te recontacte en cours de route.
Elle coupe. Barry s'informe, J'lui dis que c'est une agente d'la criminelle et qu'elle va boulotter avec nous, sur le coup, Barry m'regarde un peu découragé.
— Elle semble plutôt extravagante ta copine…
— Oui, j'crois aussi. Ça m'donne l'impression qu'elle carbure au diesel.
Décidément, me dis-je, Schlack assure et pas qu'un peu.
— Ok, Barry, on va t'habiller pour les circonstances.
— J'ai tout à la maison et il faut que je prenne des cartes, de la documentation et mon portable.
On se rend chez Barry. Pas mal la déco. Petit mais bien rangé. Barry passe d'autres frusques. On ramasse la doc, le portable et on s'tire.
— Tiens Barry, enfile cet étui et t'insères ça.
Mon Sig Saùr, mon pistolet d'appoint. Il fait ce que j'dis. On fonce. Direction Monterey. Encore deux heures de route. J'reçois un appel de Schlack, elle me confirme qu'elle y serait dans les mêmes temps. J'accélère. J'sens les mains de Barry autour d'ma taille. J'ai l'cœur en morceaux. J'sais pu quoi faire. Bloquée.
***
Plumes Coffee House, centre-ville de Monterey. Présentations rapides, y'a du boulot. Schlack transporte une valise bourrée d'armes de toutes sortes. Elle conduit un 4x4. Sa moto à bord. Une Barigo identique à la mienne. Ça m'fait sourire. Tout l'matériel est solidement cadenassé. De c'coté, ça va aller. On s'engouffre dans le café…
À suivre - Volet 2
TEXTE DÉPOSÉ