The Invisible Show

chevalier-neon

La mort est venue dans ma maison
Elle est venue sans tuer personne.
Elle est venue comme sans raison
Sans faire entendre l'heure qui sonne.

Elle m'a pris doucement par la main
Et la sienne n'était pas glacée.
Elle m'a dit je reviendrai demain,
Que mon destin était tout tracé.

Elle a juste un peu pâli mon visage,
car avec elle elle apporte la crainte
de voir apporter nos pires présages,
mais elle ne m'arracha nulle plainte.

La mort est venue dans ma raison,
de celles qui s'expliquent par le cœur ;
Voulant me libérer de prison,
Elle m'a dit de ne pas avoir peur.

Elle m'a pris tendrement par la taille;
Je sens encore sa chaleur sur ma peau.
Elle m'a dit je sais que tu défailles,
Que tu ne vois qu'un ciel couvert de corbeaux.

Elle a juste laissé un bleu sur mon corps,
À l'endroit où son étreinte s'est un peu trop serrée.
Mais elle n'a rien laissé dans le décor,
Comme s'il lui était dangereux d'être repérée.

La mort pourtant m'a suivi dans la rue,
Comme mon ombre elle était si discrète.
Au milieu de la foule, inaperçue,
Elle était comme une amante secrète.

Elle m'a pris délicatement par la cheville,
J'y ai encore la trace rouge d'une brûlure.
Elle m'a dit il y a quelque chose qui brille
Comme un soleil qui pourrait apaiser tes engelures.

Elle a juste un peu blanchi mes cheveux
Parce que ce jour-là l'angoisse la suivait,
 Mais elle n'a rien terni de mes vœux
Parce qu'elle savait ce pour quoi je vivais.

La mort m'a suivi jusque dans ma baignoire,
Dans l'intimité à mes côtés dans l'eau.
De me voir nu elle semblait s'émouvoir
Car son sourire flottait comme un bateau.

Elle m'a pris tendrement par le cou ;
J'y ai encore cette si jolie tache mauve.
Elle m'a dit ils préparent un coup,
À partir de maintenant il faut que tu te sauves.

Elle a juste un peu amaigri mes traits
Car l'amour fait disparaître l'appétit.
Mais elle m'a tant attendri c'est vrai
Car elle m'aime moi être si petit.

La mort m'a trouvé jusque dans mes draps ;
Je puisais alors ma sérénité dans un profond sommeil.
Elle m'a pris gentiment dans ses bras
Et y gravé son identité par mon rouge vermeil.

Et personne ne l'avait pourtant vue venir,
Et personne ne l'avait vue rester.
Et personne ne m'a entendu prévenir
De ce mal dont elle m'a délesté.





(écrit le 1er janvier 2016)

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