thursday.
redisblacklove
"La destruction amoureuse se déroulait un jeudi."
Peu importe lequel, ce n'était pas la date qui comptait.
N'importe qu'elle personne ne se méfierait pas de ce jour, après tout, jeudi sonnait comme lundi ou mardi, rien d'anormal.
Un pauvre jour de la semaine parmi tant d'autre.
Un évènement se reproduisant pour la seconde fois, on appelle cela couramment une coïncidence.
A partir du moment ou il est répété sans cesse, c'est une obligation de passage.
"Il n'y a pas d'être plus naïf que celui qui aime."
Evana n'était pas amoureuse, elle était tellement plus que ça.
Elle était l'émotion, incarnait les sentiments et les construisaient à partir de chaque petites parcelles du corps de son grand amour.
Elle ne pouvait idolâtrer quelqu'un d'autre que lui.
Ce n'était que la troisième fois en vingt cinq années de vie qu'elle aimait, mais aucune autre de ces histoires n'étaient comparables : elles n'avaient été aussi passionnelles et fortes.
La chaleur qui se dégageait de sa maîtresse était si puissante qu'elle en était devenue totalement accro, cette température singulière sortant de ce corps si banal était presque un miracle pour elle.
Elle ignorait qu'elle puisse un jour être subjuguée par une personne à ce point avant de l'avoir rencontré.
Philae n'était pas descriptible, il fallait la vivre à travers ses mots et ses actes pour la connaître davantage.
"Le plus drôle dans la relation impossible et le plus désirable à la personne amoureuse est et restera l'envie et la rage qu'elle peut ressentir et sortir de son être afin d'obtenir la personne qu'elle aime."
Evana ne se doutait pas le jour où Philae avait demandé à la voir qu'il s'agissait d'un amour impossible.
Jusqu'au bout elle ne voulait y croire.
21:17
Elle avait attendu ce moment depuis des jours et avait passé des nuits blanches à l'imaginer.
Allait elle enfin oser se livrer? Est-ce qu'elle, comme à son habitude, finirait par se dégonfler et laissera encore passer une occasion de dire à son amour les mille raisons de son dévolu? Ou bien est-ce que Philae lui ferrait la surprise d'inverser les rôles et se livrera à la jeune fille?
C'était un soir de fin d'hiver ordinaire, il faisait frais, le vent était présent mais restait discret, le soleil avait déjà commencé à se coucher et leurs deux corps étaient là, assis sur un banc.
Evana ne disait rien, elle avait abandonné encore une fois en l'écoutant parler.
Elle ne faisait que ça, boire ses paroles tout en la dévorant du regard et n'ayant qu'une seule envie : s'emparer de ses lèvres.
Mais elle ne faisait rien d'autre que d'entendre et acquiescer, sans oser bouger d'un centimètre.
Philae s'interrompt.
Le silence était pesant, son regard était tourné ailleurs tentant de chercher une autre chose à observer, en vain.
Elle s'approcha d'Evana qui était restée pétrifiée sur le banc -toujours la bouche fermée de peur d'en sortir un son-, mit sa main sur sa joue et s'empara de ses lèvres avec les siennes pour un baiser des plus langoureux et amoureux qu'on aurait pu donner.
Il n'avait duré qu'une minute, soixante secondes d'extase et d'envole pour Evana, une petite partie de l'éternité qu'elle avait pu dérobé grâce à un baiser volé.
21:21
L'échange était terminé, elle n'eut le temps d'essayer de dire à Philae à quel point elle l'aimait que celle-ci était déjà partie.
Perdue et bouleversé, Evana se rendit compte qu'elle venait de passer la plus belle minute de sa vie et que pour rien au monde elle échangerait cette petite partie de l'éternité qu'elle venait d'obtenir.
Elle la garderait avec elle jusque dans ses souvenirs.
-
Les jours s'étaient envolés avec le temps et Philae avec.
Elle ne comprenait pas l'attitude de la jeune femme et se posa des centaines de questions.
Allait-elle revenir? Aurais-je un signe? Était elle définitivement partie?
La réponse fut oui. Aucunes nouvelles d'elle, ni même aucunes explications. C'était à ce moment là qu'elle avait comprit qu'il s'agissait d'un amour impossible écrit par la plus belle des plumes et à l'encre la plus précieuse.
Evana avait passé il y a seulement quelques mois de ça le moment le plus intense et mystérieux de toute sa vie, moment qu'elle associa à un simple adieu des plus romantiques.
Juste un simple jour parmi tant d'autre, le renouvellement d'un acte pour la troisième et dernière fois.
L'amour se termina là où la haine prit naissance : c'était un jeudi.